Partie 17.

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La nuit avançait, et le silence paisible du village de Loboudou contrastait avec l'agitation qui se préparait dans l'ombre. Dans la petite maison de Mère Astou, Fily se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Elle jeta un regard autour d'elle, paniquée, sans comprendre ce qui l'avait réveillée. Sa fille dormait paisiblement à ses côtés.

Fily caressa doucement la petite tête de son bébé, tentant de calmer ses nerfs. Mais son cœur restait lourd. Une peur sourde, presque viscérale, l'envahissait. Elle avait ce sentiment étrange que quelque chose de terrible allait arriver.

Pendant ce temps, à des kilomètres de là, le message envoyé par la sage-femme parvenait à son destinataire. Mor Talla Diop regarda la photo sur son téléphone, un sourire satisfait se dessinant sur son visage. Il montra l'image à Pape et Mère Siré, qui se trouvaient dans la même pièce.

— "Elle est là-bas. Louga, Loboudou. Préparez-vous, nous devons agir rapidement."

Mère Siré détourna le regard, son cœur se serrant. Elle savait ce que signifiait cet empressement : le sort de Fily et de son enfant était scellé. Pourtant, elle n'osait pas protester ouvertement, consciente que Mor Talla ne tolérerait aucune opposition.

— "Tu sais que si cet enfant naît et nous échappe, notre sort sera pire que la mort," déclara Mor Talla, glacial. "C'est une question de survie."

Pape serra les poings, toujours rongé par sa colère envers Fily.

— "Alors allons la chercher. Cette fois, elle ne m'échappera pas."

Dans le village, Fily sentait que quelque chose clochait. Elle se leva discrètement, enveloppant son bébé dans une couverture. Elle marcha lentement jusqu'à la petite fenêtre, observant les environs. Tout semblait calme, mais l'angoisse dans son cœur ne disparaissait pas.

Mère Astou, alertée par le bruit des pas, entra dans la chambre.

— "Ma fille, que fais-tu debout à cette heure ? Tu devrais te reposer, tu viens d'accoucher."

Fily, la gorge nouée, hésita avant de répondre :

— "Je... je ressens quelque chose, Mère Astou. Comme si on venait pour moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai peur."

Mère Astou lui prit les mains, ses yeux remplis de tendresse.

— "Aucun mal ne t'arrivera ici, ma fille. Nous sommes là pour toi."

Fily hocha doucement la tête, mais son instinct lui disait le contraire. Le danger s'approchait, et elle le sentait dans chaque fibre de son être.

La nuit était plus sombre que d'habitude, comme si les étoiles elles-mêmes refusaient d'éclairer ce qui allait se produire. Fily, le bébé contre elle, ne parvenait pas à retrouver le sommeil malgré les paroles rassurantes de Mère Astou. Elle s'assit sur son lit, les yeux rivés sur la porte, une prière muette sur les lèvres.

À des kilomètres de là, Pape et Mor Talla s'étaient préparés pour le voyage. Ils emportaient avec eux une mallette mystérieuse que seul Mor Talla semblait comprendre. Mère Siré, quant à elle, les regarda partir avec une expression indéchiffrable.

— "Si vous échouez, ne revenez pas," leur lança-t-elle avant qu'ils ne franchissent la porte.

Dans le village, la tranquillité habituelle était brisée par une agitation inhabituelle. Des ombres étrangères se faufilaient entre les cases, cherchant la maison de Mère Astou. Parmi elles, un homme au visage masqué portait une étrange sacoche d'où émanait une lumière rougeâtre.

Mère Astou, qui avait l'habitude de se lever tôt pour préparer le lait des vaches, sentit une tension dans l'air. Elle entendit des bruits inhabituels venant de l'extérieur et, méfiante, s'approcha de la fenêtre. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle vit les silhouettes inconnues rôder autour de sa maison.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant