Partie 18.

29 4 0
                                    




Quelques mois s'étaient écoulés depuis l'arrivée de Fily en Casamance. La chaleur du soleil tropical semblait adoucir les douleurs et les tourments qu'elle avait traversés. La petite communauté où elle résidait l'avait accueillie à bras ouverts, lui offrant refuge et paix. Même si la crainte persistait au fond de son cœur, Fily avait trouvé un semblant de sérénité. Elle s'était familiarisée avec la vie simple mais riche de ce village tranquille, où les habitants travaillaient la terre, pêchaient et échangeaient des rires sous l'ombre des grands fromagers.

Elle s'était également liée d'amitié avec Sophie, une jeune femme de son âge, dotée d'une énergie débordante et d'un sourire constant qui réchauffait les cœurs. Sophie, née et élevée en Casamance, semblait incarner toute la sagesse et la joie de cette région éloignée du tumulte du monde moderne. Elle avait pris Fily sous son aile dès leur première rencontre, l'aidant à s'adapter à son nouvel environnement.

Sophie avait souvent parlé à Fily de la vie en Casamance, de ses coutumes et de ses croyances profondes, souvent teintées de mysticisme. Les deux femmes passaient des heures ensemble, souvent à discuter autour du feu ou en préparant les repas, riant de petites anecdotes et se confiant des détails de leur vie. Sophie, sans le savoir, apportait à Fily ce qu'elle n'avait jamais eu : une véritable amie, quelqu'un en qui elle pouvait avoir confiance, quelqu'un qui ne cherchait pas à la juger.

Un soir, alors qu'elles se retrouvaient près du fleuve, les pieds dans l'eau fraîche, Sophie tourna son regard vers Fily, son sourire un peu plus calme.

— "Tu sais, je sens que tu portes un lourd fardeau," dit-elle doucement. "Mais je crois que ce n'est pas seulement ta douleur, c'est aussi celle de ton enfant. Il y a une lumière en toi, Fily. Je la vois quand tu tiens ta fille contre toi, quand tu la regardes comme si elle détenait la clé de ta liberté. Mais je vois aussi que quelque chose te hante, que cette paix n'est que temporaire."

Fily, surprise par la perspicacité de son amie, baissa les yeux. Elle n'avait jamais parlé de sa vie avant la Casamance, de la peur constante qui la suivait, de cette promesse de sacrifice. Mais la sincérité dans les yeux de Sophie la touchait profondément.

— "Tu sais, Sophie," répondit Fily, "Je suis ici parce que je n'avais pas d'autre choix. Mon passé me poursuit, et je sais qu'un jour ou l'autre, il me rattrapera. Mais j'essaie d'y croire, d'espérer qu'ici, je puisse trouver une forme de rédemption."

Sophie lui sourit tendrement.

— "La rédemption est un chemin long, Fily, mais ce chemin commence par accepter ce que l'on est, et laisser l'amour et la lumière guider chaque pas."

Les paroles de Sophie résonnaient en elle, comme une promesse. Fily savait qu'elle n'échapperait peut-être jamais totalement à son passé, mais peut-être, juste peut-être, ce "soleil de ses nuits" dont le vieil homme lui avait parlé se trouvait-il là, dans l'amitié qu'elle avait tissée, dans la douceur de la vie qu'elle menait désormais, et dans l'amour qu'elle portait à sa fille.

Les mois passaient lentement, mais Fily ressentait dans chaque souffle de vent, chaque coucher de soleil, une forme de renouveau. Sa fille grandissait, et avec elle, grandissait l'espoir de trouver une voie vers la paix, loin des ombres du passé. Mais les ténèbres étaient toujours présentes, et il ne faisait aucun doute que, tôt ou tard, elles reviendraient réclamer leur dû.

Sophie, taquinant gentiment Fily, lança en souriant :

— "Waaw, Fily, Adji Maguette, elle est si lourde, waa Casamance kat nex na si mom !" (Waouh, Fily, Adji Maguette est tellement lourde, vivre en Casamance lui va bien! Elle est bien nourrie !)

Fily éclata de rire, un rire sincère, presque libérateur, qui semblait éloigner un peu plus les ombres de son passé. Adji Maguette, dans ses bras, gigotait joyeusement, comme si elle comprenait l'attention portée sur elle.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant