Partie 27.

88 17 2
                                    



Mère Siré observa sa fille Niouma, l'aînée, avec un regard de plus en plus préoccupé. Depuis quelques jours, elle avait remarqué un changement dans le comportement de la jeune fille. Niouma, habituellement réservée, semblait maintenant plus proche de son père, Mor Talla. Elle l'accompagnait souvent dans ses déplacements, discutait à voix basse avec lui, et passait même de plus en plus de temps seul avec lui, comme si elle cherchait à gagner sa confiance ou à comprendre quelque chose.

Le regard de Mère Siré devint dur et méfiant. Elle savait trop bien ce que cela signifiait. Si Niouma suivait les pas de son père, il serait impossible de la détourner de la secte. Mère Siré, elle-même prise dans les filets de la secte, ne pouvait supporter l'idée que l'une de ses filles y soit impliquée. Elle avait déjà perdu une part d'elle-même dans cet univers tordu, mais elle ne laisserait pas sa fille y succomber à son tour. Niouma devait être protégée à tout prix.

Elle se leva brusquement, les yeux toujours fixés sur Niouma à travers la pièce. Elle n'avait pas encore confronté sa fille, mais la peur grandissait dans son esprit. Que se passait-il entre elle et Mor Talla ? Peut-être que Niouma ne comprenait pas encore la dangerosité du chemin qu'elle empruntait, ou peut-être était-elle déjà en train de se laisser séduire par le pouvoir et les promesses de la secte.

Il était temps de parler à Mor Talla. Mère Siré devait empêcher cette influence grandissante, mais elle savait que si elle le confrontait directement, cela risquait de mettre encore plus en danger la position de sa famille. Le danger était subtil, insidieux. Elle devait agir avec prudence, sinon tout pourrait se retourner contre elle.

Elle se mordit la lèvre inférieure, profondément perturbée. Niouma, son propre sang, pourrait bientôt devenir une menace plus grande qu'elle ne l'imaginait. Elle devait trouver une solution rapidement avant que ce lien ne devienne inextricable.


Mouhamadou se rendit chez sa tante maternelle, Mareme Mbaye, après plusieurs mois d'absence. Il n'avait pas eu l'occasion de la voir depuis longtemps, pris par ses affaires et ses missions secrètes. En franchissant le seuil de la maison modeste de sa tante, il sentit une bouffée de chaleur et de confort, bien que teintée de tristesse. Mareme était la seule famille qu'il lui restait, la seule qui ignorait tout de son implication dans les affaires sombres et complexes de la secte.

Mareme l'accueillit avec un grand sourire, même si une lueur de reproche passa brièvement dans ses yeux. "Tu ne viens jamais me voir, Mouhamadou, tu es bien trop occupé, et moi qui suis ta tante, je dois passer des mois sans nouvelles !", lui lança-t-elle en le prenant dans ses bras. Mais malgré les reproches, une tendresse évidente émanait de sa voix, et elle était sincèrement contente de le voir.

Elle le conduisit dans le salon et le fit asseoir, comme elle l'avait toujours fait lorsqu'il était enfant. "Tu sais, je n'ai pas d'enfants", commença-t-elle avec un léger sourire. "Toi et ton grand frère, je vous ai toujours considérés comme mes fils. J'ai été comme une mère pour vous. Et je vois bien que vous avez grandi. Mais c'est drôle, tu n'es plus le jeune homme que j'ai vu grandir. Tu vieillis !", dit-elle en rigolant doucement.

Mouhamadou, un peu gêné par les taquineries de sa tante, répondit d'un sourire amusé, bien qu'il ne soit pas entièrement à l'aise. "Je ne suis pas encore vieux, tatie. J'ai encore le temps avant de devenir un vieux sage." Mais Mareme, joyeuse et pleine de vie, n'en avait pas fini avec ses remarques. Elle le fixa avec un regard malicieux.

"Mais enfin, Mouhamadou", dit-elle en haussant un sourcil. "Il est grand temps de t'installer, de fonder une famille. Où sont les petits-enfants que tu devrais me donner à dorloter ? Je n'ai pas encore vu ma lignée se poursuivre, c'est une honte !" Elle le taquina un peu plus, espérant qu'il prenne ses mots à la légère.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant