Soleil de mes nuits...

Partie 40.

Rokhaya se réveilla au petit matin, un rayon de soleil filtrant à travers les rideaux entrouverts. Elle porta une main à son front, encore étourdie par la fièvre de la nuit passée. Les souvenirs des ébats avec Pa Assane, son "ex-mari" qui ne cessait de se rappeler à elle comme son époux légitime, l'envahirent immédiatement, lui arrachant un sourire mêlé de confusion.

Elle n'eut pas le temps de se replonger dans ses pensées que son estomac se noua brusquement. Une nausée implacable monta en elle, et elle bondit du lit, se précipitant vers la salle de bain. Elle se pencha au-dessus du lavabo, ses mains tremblantes, tandis qu'elle rendait le peu qu'elle avait dans l'estomac.

Après un long moment, elle se redressa, essuyant sa bouche avec un coin de serviette. Elle croisa son reflet dans le miroir : ses traits étaient tirés, mais une certaine lumière brillait encore dans ses yeux.

"Encore ces fichues nausées..." murmura-t-elle pour elle-même, se massant le ventre, où une chaleur inexplicable semblait pulser.

Alors qu'elle sortait de la salle de bain, Pa Assane apparut dans l'encadrement de la porte, torse nu et visiblement satisfait de la nuit précédente.

"Tout va bien, Kya ?" demanda-t-il, son sourire moqueur trahissant une fausse inquiétude.

Rokhaya lui lança un regard mi-exaspéré, mi-tendre. "Je vais bien, ce n'est rien... sûrement une grippe passagère."

Il haussa un sourcil, l'air amusé. "Grippe, hein ? Ce serait plutôt les symptômes d'une nuit trop agitée..."

"Arrête tes sottises," répondit-elle, feignant l'agacement alors qu'elle sentait ses joues chauffer.

Mais au fond d'elle, un doute insidieux s'insinuait. Ces nausées, cette sensation étrange... elle secoua la tête, décidée à ne pas y penser pour le moment. Mais les battements de son cœur s'accélérèrent malgré elle.

Le rapprochement entre Fily et Mouhamadou ne passa pas inaperçu dans la maison. Leur complicité, plus évidente chaque jour, attira rapidement les taquineries de Sophie et Mike. Les regards échangés, les petites attentions, et surtout l'aura protectrice que Mouhamadou projetait autour de Fily ne laissaient aucun doute sur ses intentions.

Un matin, alors que Fily aidait Sophie à préparer le petit-déjeuner, cette dernière la taquina avec un sourire malicieux :
"Dis donc, il est où ton chevalier servant ? Il n'est pas venu te faire ton café aujourd'hui ?"

Fily, les joues rouges, secoua la tête en marmonnant :
"Arrête, Sophie... Ce n'est rien de tout ça."

Mais avant qu'elle ne termine sa phrase, Mouhamadou entra dans la cuisine, en t-shirt ajusté et jeans, son regard perçant directement dirigé vers Fily. Il s'approcha d'elle, ignorant volontairement Sophie, et murmura :
"Tu aurais dû m'attendre pour le café... Je sais que tu aimes quand je le fais."

Fily leva les yeux vers lui, tentant de garder contenance, mais son cœur battait la chamade. Elle détourna rapidement les yeux, préférant fixer le plan de travail. Sophie, témoin de la scène, éclata de rire et s'éloigna en lançant :
"Je vais laisser les tourtereaux en paix, visiblement."

Mouhamadou la regarda partir avec un sourire en coin, puis se retourna vers Fily, son expression devenant plus sérieuse.
"Fily, tu comptes toujours fuir quand je suis là ?" demanda-t-il doucement, mais avec un ton qui ne laissait aucune place à l'évitement.

Fily, gênée, se racla la gorge. "Je ne fuis pas... Je..."

"Tu quoi ?" répliqua-t-il, s'approchant un peu plus, sa présence imposante dominant la petite cuisine.