Soleil de mes nuits...

Partie 30.

Mouhamadou Mansour Cherifa en média🙂‍↔️

Mouhamadou observait Fily depuis plusieurs jours, la voyant se laisser submerger par la tristesse, presque comme si elle se noyait dans la douleur qu'elle portait. Chaque jour semblait être un combat silencieux, et il était impuissant face à cette souffrance qu'elle ne laissait que rarement transparaître. Malgré tous ses efforts pour la soutenir, il savait qu'il fallait faire plus. Il devait la sortir de ce gouffre émotionnel avant qu'elle ne disparaisse complètement dans l'ombre de son chagrin. Il réfléchit donc aux conseils de son grand frère, Cheikh Tidiane, qui lui avait dit de traiter Fily comme une patiente, de se comporter en psychologue, de l'aider à lâcher prise. Un choc était nécessaire, un réveil brutal. Mais il savait aussi que cela ne pourrait se faire que dans un espace de confiance totale.

Un matin, après plusieurs jours où Fily était restée dans un silence complet, Mouhamadou décida qu'il était temps de la voir autrement. Il savait que la priorité était de s'assurer qu'elle ne se sentait pas seule. Il la retrouva dans le salon, perdue dans ses pensées, comme si elle attendait qu'une réponse lui tombe du ciel. Il s'assit à côté d'elle et lui prit doucement la main.

— "Fily, je suis là, tu sais, je ne vais nulle part."

Elle tourna doucement la tête vers lui, les yeux encore pleins de larmes non versées. Il savait qu'elle était tentée de se retirer dans son monde, de se refermer, mais il ne la laissait pas s'échapper si facilement.

— "J'ai besoin de toi pour avancer. Mais je ne peux pas te laisser te perdre comme ça."

Elle se mordit la lèvre, les mots coincés dans sa gorge, mais rien ne sortait. Mouhamadou attendit, calme, lui laissant l'espace nécessaire pour s'ouvrir, même si cela prenait du temps. Finalement, elle baissa la tête.

— "Je veux retrouver ma fille. Mais comment faire quand je ne suis même plus sûre que je puisse la sauver ? Comment faire quand tout est détruit ?"

Mouhamadou lui serra la main, un geste rassurant mais ferme. C'était un début. Elle avait parlé, et c'était la première fois depuis des jours qu'elle laissait entrevoir sa douleur.

Mouhamadou savait qu'il devait lui montrer la vérité en face.

Le lendemain, Mouhamadou proposa à Fily de sortir, loin de la maison. Ils prirent un chemin qu'elle ne connaissait pas, un endroit où les mamans passaient du temps avec leurs enfants. Il voulait la pousser à faire face à ses souvenirs, mais cette fois-ci, de manière contrôlée. Arrivés dans un parc, il lui dit :

— "Fily, il est temps de te confronter à cette douleur. C'est dur, je le sais. Mais tu ne peux pas avancer si tu continues à fuir."

Il lui donna un moment, mais ne tarda pas à la pousser davantage.

— "Ta fille ne reviendra pas. Je sais que c'est difficile, mais tu as encore le pouvoir de te reconstruire. Si tu restes enfermée dans cette douleur, tu laisses la secte gagner."

Les mots frappèrent Fily comme une gifle. Elle ferma les yeux, un instant, comme pour se protéger, mais finalement, elle les ouvrit à nouveau. C'était un premier pas, même si cela lui semblait presque insupportable.

— "Fily, regarde-toi. Regarde tout ce que tu as surmonté. Tu as la force en toi. Ne laisse pas cette souffrance te définir. Tu es bien plus que ça."

Une larme atterrit sur sa joue. Ce n'était pas beaucoup, mais c'était suffisant. Il savait qu'il avait ouvert une porte dans son esprit. Une porte qui lui permettait d'apercevoir sa force, une force qu'elle croyait avoir perdue.

Finalement, il posa la question décisive. C'était à Fily de choisir : rester dans l'ombre, se laisser écraser par la douleur et la perte, ou se lever, affronter la vérité et se battre pour sa vie et obtenir justice.