Soleil de mes nuits...

Partie 50.

Les jours suivants, l'état de Fily ne faisait qu'empirer. Malgré l'intervention de Sophie, quelque chose semblait toujours la tourmenter. Elle se réveillait en sueur, le visage marqué par une douleur constante. Chaque mouvement lui demandait un effort immense, et ses forces semblaient la quitter un peu plus chaque jour.

Mouhamadou, de plus en plus inquiet, ne quittait presque plus son chevet. Il appelait des médecins, des guérisseurs, mais aucun ne semblait comprendre ce qui affectait Fily. "C'est peut-être une fatigue nerveuse, ou une infection rare," disait l'un. "Il faut prier et attendre," conseillait un autre. Mais rien ne changeait.

Sophie, elle, observait silencieusement. Elle savait que ce qui rongeait Fily n'était pas d'ordre médical. Ses propres visions lui montraient des ombres, des murmures dans le vide. Elle sentait une présence maléfique qui s'accrochait encore à Fily, quelque chose de plus puissant qu'un simple sort ou poison.

Un soir, alors que Fily était alitée, transpirant abondamment, elle murmura des choses incohérentes dans son sommeil. Mouhamadou, assis à côté d'elle, écoutait avec attention. "Il est là... il me regarde... il veut... il veut..." disait-elle d'une voix faible mais paniquée. Ces mots glaçaient le sang de Mouhamadou, mais il refusait de céder à la peur.

Sophie décida alors de prendre les choses en main. "Mouhamadou," dit-elle fermement, "ce n'est pas qu'une maladie. Quelque chose de sombre s'acharne sur Fily. Il faut agir autrement."

"Que veux-tu dire ?" demanda-t-il, déboussolé.

"Je veux dire que ce qui la tue n'est pas physique, c'est spirituel. Et si nous n'agissons pas vite, elle ne s'en remettra pas."

Sophie se rappela alors des bains mystiques que la vieille femme de la bibliothèque leur avait proposés, mais qu'ils avaient déclinés. Peut-être avaient-ils négligé une protection cruciale. Elle décida de préparer un rituel de purification, en utilisant ses dons et en combinant ses connaissances sur l'eau, la protection et la guérison.

Elle passa la nuit à préparer un bain chargé d'herbes sacrées et d'incantations murmurées, demandant à l'eau de purifier Fily de toute influence néfaste. Mouhamadou, bien que sceptique, l'aida à transporter sa femme vers le bassin improvisé.

Quand Fily fut plongée dans l'eau, son corps se raidit brusquement, et elle commença à trembler violemment. Des bulles noires remontaient à la surface, et des cris perçants résonnaient, comme si une force invisible se débattait. Mouhamadou, terrifié, tenta de retirer sa femme de l'eau, mais Sophie l'en empêcha.

"Non ! Elle doit rester ! C'est la seule façon de la sauver !" cria-t-elle en maintenant Fily dans l'eau.

Au bout de quelques minutes interminables, Fily s'apaisa soudainement, ses muscles se détendant comme si un poids immense venait de la quitter. Quand ils la sortirent de l'eau, elle ouvrit faiblement les yeux.

"Qu'est-ce qui s'est passé... ?" murmura-t-elle.

"Tu es en vie, c'est ce qui compte," répondit Sophie, épuisée mais soulagée.

Mais au fond d'elle, Sophie savait que ce n'était pas fini. Quelque chose de plus grand se préparait, et ce qui s'était manifesté en Fily n'était qu'un avertissement.

Mère Marème, furieuse et rongée par la culpabilité, retourna chez le marabout qui lui avait promis de séparer Mouhamadou et Fily. Dès qu'elle entra dans la modeste pièce aux murs tapissés d'amulettes et d'inscriptions mystiques, elle laissa éclater sa colère.

"Ce n'est pas ce que j'avais demandé ! Je voulais les séparer, pas tuer cette fille ! Maintenant, elle est presque morte, et Mouhamadou est encore plus attaché à elle ! Expliquez-vous !" cria-t-elle, les mains tremblantes d'indignation.