Partie 13.

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Mère Siré, dans le silence pesant de la nuit, commençait à nourrir une haine insatiable envers Fily. Chaque regard que son fils, Pape, posait sur une autre femme, chaque sourire qu'il échangeait avec une inconnue, ne faisait qu'enflammer son ressentiment. L'idée de l'enfant grandissant dans le ventre de Fily la hantait. Elle savait que cet enfant, bien que tout innocent, serait le déclencheur de la fin des choses qu'elle avait bâties. Le pouvoir, l'influence, la richesse... tout cela s'effondrerait avec ce nouvel héritier.

Elle se tenait seule dans sa chambre, la lumière tamisée par les rideaux épais, son esprit tourmenté par des pensées sombres. Chaque souffle de vent venant de l'extérieur semblait apporter une pression supplémentaire sur ses épaules. Elle se leva et s'approcha de la fenêtre, regardant la rue déserte en bas, les pensées se bousculant dans sa tête.

"Il faut que je fasse quelque chose," murmura-t-elle, les dents serrées, presque inaudible, comme si elle parlait à une entité invisible.

Elle pensa aux paroles du marabout, à ce qu'il lui avait dit. Le sacrifice, l'initiation... tout cela était lié à la naissance de cet enfant. Mais il y avait une menace qu'elle ne pouvait pas ignorer : la progéniture de Pape et Fily devait mourir avant qu'il ne puisse atteindre son plein potentiel. Sinon, tout serait perdu. Sa famille, ses plans, sa domination. Et plus encore, Pape, son propre fils, continuerait à se détourner d'elle, de plus en plus obsédé par ces femmes qui n'étaient que des distractions temporaires, tandis que Fily, la source de son malheur, devenait chaque jour plus détestée.

La vision de Fily, affaissée sous la pression de cette grossesse non désirée, devenait de plus en plus insupportable. Mère Siré la voyait comme une gêne, une épine dans son pied, une faiblesse qu'il fallait éliminer pour préserver l'héritage de la famille Diop. Si l'enfant naissait, ses fils mourraient un à un... Elle en était sûre.

"Si elle part, tout sera plus simple. Elle n'aura plus d'importance. Fily sera oubliée, comme si elle n'avait jamais existé."

L'idée germa dans son esprit, de plus en plus précise. Si elle réussissait à faire disparaître Fily sans que personne ne sache, si elle pouvait la faire disparaître de la vie de son fils, alors Pape pourrait revenir à elle. Il pourrait reprendre le contrôle de la famille. Le projet d'éliminer l'enfant serait toujours en place. Mais, avant tout, il fallait que Fily disparaisse de leur monde, sans retour possible.

Le lendemain, après plusieurs jours de planification silencieuse, Mère Siré prit contact avec un ancien allié, quelqu'un de ses anciens contacts dans le monde souterrain, une personne de confiance qui pourrait se charger de son plan. Elle s'assura que tout était en ordre avant de prendre une décision irréversible.

Elle retourna à la maison, son regard perçant scrutant les lieux comme un prédateur guettant sa proie. Elle attendait le bon moment. Elle attendait que Pape continue sa vie de débauche, inconscient de ce qu'elle préparait. Et quand ce jour arriverait, Fily serait hors de sa portée, emportée dans un tourbillon qu'elle ne pourrait jamais quitter.

Mais une question restait dans son esprit : Est-ce qu'elle pourrait vraiment le faire ? La réponse ne la laissa pas longtemps réfléchir. Elle devait le faire. Pour son fils. Pour elle-même. Pour le pouvoir. Et surtout, pour que tout redevienne comme avant.


Fily, au fil des jours, se sentait de plus en plus isolée. La violence psychologique et physique que lui infligeait son mari, l'indifférence glaciale de sa famille, et la lourde pression de la grossesse qui avançait, commençaient à prendre un lourd tribut sur son esprit. Chaque nuit, elle se retrouvait dans un monde parallèle, un monde où ses pensées les plus sombres prenaient forme. Ces rêves récurrents, de plus en plus fréquents, la hantaient.

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant