Partie 51.

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La nuit était tombée, et l'atmosphère dans la maison de Fily était lourde, presque oppressante. Depuis quelques jours, elle se sentait de plus en plus faible, ses symptômes se sont intensifiés sans explication apparente. Ses rêves étaient hantés par des visions obscures, et dans ses moments de lucidité, elle se sentait comme si quelque chose ou quelqu'un était toujours à ses côtés, l'observant dans l'ombre. Mouhamadou, inquiet, avait de plus en plus de mal à supporter cette ambiance étrange.

Cette nuit-là, tout bascula. Fily se réveilla en sursaut, haletante, son corps secoué de tremblements. Elle fixa le plafond, comme si elle voyait quelque chose que personne d'autre ne pouvait voir. Sophie, qui avait veillé près d'elle, se précipita à ses côtés, mais avant qu'elle puisse parler, Fily se redressa brusquement, les yeux vides et une expression de terreur figée sur le visage.

Une voix grave, étrangère et glacée, sortit des lèvres de Fily, brisant le silence de la pièce. "Laissez-la. L'éloigner de vous est la seule manière de la sauver. Tu es trop faible pour la protéger, Mouhamadou."

Mouhamadou, figé de stupeur, recula de quelques pas, les yeux rivés sur sa femme, maintenant complètement différente de celle qu'il avait épousée. La voix continuait, emplie de malice et de haine. "Elle n'est pas faite pour toi. Elle doit être seule, loin de vous tous. Si vous l'aimez, laissez-la partir. Sinon, tout ce que vous aimez sera détruit."

Fily, toujours possédée, se leva lentement, ses mouvements étranges et saccadés, comme guidée par une force invisible. Sa voix se haussait avec une intensité presque insupportable, chaque mot résonnant dans l'air comme une malédiction.

Sophie, terrifiée mais résolue, tenta de saisir Fily par les épaules pour la soutenir. "Ce n'est pas toi, Fily. Ce n'est pas toi qui parle !"

Mais la voix qui émanait de Fily éclata dans un rire malsain. "Tu crois que c'est elle ? Non, ma chère. C'est moi qui ai pris possession de ce corps, et rien ne pourra m'arrêter. Il est trop tard. Tu n'as plus de place ici, Mouhamadou."

Mouhamadou, bien qu'horrifié, n'était pas prêt à laisser Fily sombrer dans cette folie. Il s'approcha lentement, une détermination nouvelle dans ses yeux. "Je ne vais pas te laisser détruire ma famille. Je protégerai Fily, coûte que coûte."

Il tenta de la saisir, mais Fily, ou plutôt l'esprit qui la possédait, se débattit avec une force surnaturelle. Un vent froid souffla dans la pièce, faisant vaciller les bougies. La possession semblait gagner en puissance, et Fily, toujours sous l'emprise de l'esprit, hurla. "Tu es trop faible ! Lâche-moi !"

Mouhamadou, désespéré, sentit la peur le submerger. Mais dans un éclair de lucidité, il se souvint des mots de Cheikh Tidiane et Sophie, qui lui avaient expliqué que l'esprit n'était qu'une manifestation de la peur et de la haine. Il devait se concentrer, se rappeler pourquoi il se battait. C'était pour Fily. Il devait la sauver.

En prenant une grande inspiration, Mouhamadou s'approcha encore, cette fois plus fermement, et posa ses mains sur le front de Fily. "Je ne vais pas te laisser détruire ce que j'aime," murmura-t-il, plus pour lui-même que pour l'esprit qui le défiait. Il ferma les yeux et, dans un dernier effort, chercha à repousser la force obscure qui contrôlait sa femme. Il commença à réciter la sourate All jiin, suivi de Ayatul kursi.

Un cri de douleur perça l'air lorsque l'esprit tenta de résister à l'afflux d'énergie. Mais peu à peu, Mouhamadou sentit la présence maléfique s'éloigner. Fily se laissa tomber sur le lit, haletante, ses yeux redevenant peu à peu humains, bien que marqués par la peur. Elle reprit conscience, ses lèvres tremblantes, et murmura faiblement : "Mouhamadou... Qu'est-ce qui m'est arrivé ?"

Mouhamadou la serra contre lui, soulagé de la retrouver, mais terrifié par ce qui venait de se produire. "Je ne sais pas, ma luna, mais je suis là. Je ne te laisserai jamais."

Soleil de mes nuits... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant