Les frères de la Nuit - 1 - L'appât Du Désir

Chapitre 5

- Où comptes-tu aller comme ça, humaine ?

Cette voix... Non ! Il ne pouvait pas ! C'était impossible ! Lorsqu'elle releva la tête, toutes ses devises sur la peur furent envolées. Elle était terrifiée. Et encore, le mot était faible. Aucun homme normal n'avait la capacité de se déplacer aussi vite, surtout avec la profonde entaille que le vase avait faite.

- Co...comment avez-vous fait pour vous déplacer si vite ? C...C'est impossible ! Vous étiez presque mourant ! Vous souffriez ! Je vous ai vu !

- Tu paieras cher pour tes actes, annonça-t-il d'un ton empreint de haine.

- Mais...mais qui êtes-vous à la fin ? demanda-t-elle entre deux sanglots.

Son instinct - quand était-il devenu si présent celui-là ?- lui dictait que cet homme n'avait rien d'humain. Mais qu'était-ce, alors ? Il y avait une telle lueur dans ses yeux, une lueur à la fois meurtrière et... animale. Non ! Son instinct - maudit soit-il- se trompait sûrement.

L'expression de l'homme se transforma en un masque diabolique. Jaelyn comprit que cela ne servait plus à rien de se battre. Elle était condamnée, elle le voyait dans le sourire de l'inconnu. Il allait la tuer. Elle le savait, de toutes les fibres de son être. Il n'était plus qu'à un pas d'elle. Paralysée par la peur, elle fut incapable de prononcer le moindre mot. Elle allait mourir, c'était un fait indéniable. Elle le regarda s'approcher encore et encore, son arme à la main...

Tous se déroula cette fois-ci beaucoup trop vite. Au premier clignement des yeux, elle eut le temps de voir que son agresseur s'élançait vers elle, affichant une expression glaciale, ses narines frémissant de colère, comme si l'action se découpait en une succession d'images d'une parfaite netteté. Elle n'entendait que deux bruit : le cri d'angoisse qui s'échappait de sa gorge ainsi que le rire amer de l'homme. Cependant, dès qu'elle eut cligné des yeux une seconde fois, elle décida de les fermer pour de bon, ne voulant pas voir le coup qui lui donnerait la mort arriver.

Soudain, le rire cessa. Qu'est-ce qui avait causé ce bruit ? Pourquoi n'était-elle pas encore morte ? Elle déglutit, ouvrit un œil, puis le second. Elle se frotta les yeux et vit...

Horreur. Ce qu'elle vit fit naître en elle un sentiment de dégoût.

L'homme était allongé sur le dos, la tête détachée de son corps. Son cou avait été tranché. Il y avait du sang partout. Elle ravala le hurlement d'effroi qui montait dans sa gorge. La tête lui tournait. Elle avait déjà vu des films d'horreur, mais jamais elle n'avait cru qu'elle allait en vivre un un jour. Jamais elle n'avait pensé qu'un jour elle verrait une vraie décapitation. Ses jambes cédèrent sous elle. Quelques secondes plus tard, le dégoût qu'elle ressentait céda soudain la place à une immense joie. Elle allait vivre ! songea-t-elle en soupirant d'aise et en se redressant. Ou peut-être pas. La panique avait immédiatement refait surface. Elle n'avait pas d'armes et elle ne s'était pas approchée assez près de lui pour pouvoir le toucher. Alors, comment avait-il fait pour être décapité ? Une seule solution était possible : il y avait quelqu'un d'autre dans la pièce. Elle sursauta en entendant un bruit derrière elle. Un bruit étrange comme quelqu'un qui retiendrait son souffle avant de laisser échapper un juron. Il y avait bien une personne dans son dos. Elle aurait bien aimé s'en assurer, mais elle n'osa pas se retourner.

- Ravi que vous ayez enfin finit de pleurer. Ce n'est qu'une tête, vous savez ? dit alors une voix aux inflexions chaudes et au timbre un peu rocailleux

Jaelyn tressaillit. Un frisson glacial la parcourut.

- Vous...vous l'avez t...tué, sanglota-t-elle.

- Oui, c'est un fait. Et vous, vous êtes toujours en vie, dois-je vous le rappeler ? dit-il sur un ton mêlant ennui et lassitude.

- M...mais qui êtes-vous ?