Les frères de la Nuit - 1 - L'appât Du Désir

Chapitre 54

Il fallait qu'elle sorte de cet endroit à tout prix ! Voilà deux jours qu'elle était enfermée dans cette maudite chambre, sans l'espoir de pouvoir s'évader. Si autrefois elle avait pensé que la fenêtre serait un bon moyen d'évasion, elle avait à présent abandonné cette idée. Tout d'abord parce que la chambre dans laquelle elle se trouvait était située bien plus haut que celle dans laquelle elle avait dormi dans le château de Sin. Ensuite, car elle avait déjà tenté de sauter par la fenêtre, mais une force sortie de nulle part l'avait retenue, comme si le château était entourée d'une espèce de champ magnétique la retenant contre son gré. Elle se souvint des paroles de Klaus qui maintenant prenaient tout leur sens : elle vivante, elle ne quitterait pas cette pièce.

Quand le souvenir de sa capture et de sa trahison lui revinrent une une vitesse fulgurante, elle avait espéré s'évanouir et retourner dans l'ignorance la plus totale. Elle aurait tant voulu pouvoir fermer les yeux et les ouvrir à nouveau, et que toute cette histoire se révèle n'être qu'un mauvais rêve. Sauf que cette fois, elle ne faisait pas que faire un cauchemar, elle le vivait. 

A la simple pensée des événement qu'elle avait traversé, elle émit un rire amer. Elle qui avait rêvé d'être une simple humaine, avoir un travail banal, vivre une vie commune à tout autre mortel, elle était devenue une devineresse aux pouvoirs incontrôlés, esclave d'un amour qu'elle croyait être réciproque et maintenant otage de l'individu le plus immoral et vil qu'il puisse exister. 

Deux jours durant, elle était donc restée, recroquevillée sur elle même, les bras autour de ses jambes repliées, la tête reposant sur ses genoux, attendant, espérant un miracle et tentant d'empêcher le petit mal de tête qui avait commencé la veille à se transformer en migraine atroce. Elle avait laissé son esprit vagabondé dans des souvenirs plus agréables où rien ne pouvait l'atteindre, où elle était invulnérable. Pas seulement physiquement, mais mentalement. 

Au moment ou elle croyait que tout était perdu, un frisson lui parcouru l'échine. Un courant d'air traversa la pièce. Elle se dirigea en direction de la fenêtre. Elle crut au départ qu'il s'agissait de Kaya, ou même de Sin. Mais lorsqu'elle regarda à travers l'ouverture, elle ne vit personne, même pas l'ombre d'un autre individu. Se pourrait-il que même sa tante l'aie abandonnée ? 

Tout ce qu'elle voulait c'était se terrer dans un trou et ne plus penser. Malheureusement, dans cet endroit, elle ne pouvait rien faire d'autre que réfléchir. C'était peut-être trop demandé d'avoir juste un petit moment de répit, de paix. 

Alors qu'elle se dirigeait vers son lit, son attention se porta sur une petite boite noire entourée d'un ruban violet. Kaya ! Ce ne pouvait être qu'elle. Mais dans ce cas, pourquoi ne la lui est-elle pas donné en mains propres ? 

Elle ouvrit soigneusement le paquet et fut surprise d'y trouver un poignard ainsi qu'un morceau de papier, elle reconnut instantanément l'écriture de Kaya. 

"Chère Jaelyn, désolée de ne pas être arrivée plus tôt. Quand tu sortiras d'ici, on aura la discussion que tu attends. Je ne peux entrer, mais le champ est lié au sang, toi seule peut trouver comment t'échapper. Repense aux paroles de Klaus, et la liberté tu trouveras. Un coup de poignet, un petit plongeon, puis à ton réveil je serai là. A bientôt !"

Jaelyn soupira. Malgré elle, elle ne comprenait absolument rien aux paroles de Kaya. 

- Kaya, moi aussi j'aime les rimes, mais j'aurais apprécié que tes paroles aient un sens !

Comme elle s'y attendait, elle n'eut aucune réponse. A quelles paroles de Klaus faisait allusion Kaya ? De quel coup de poignet ou plongeon parlait-elle ? 

Elle seule pouvait trouver comment s'échapper, comme l'avait sous-entendu Kaya. Aussi fallait-elle qu'elle trouve un plan, au plus vite. 

Réfléchis, Jaelyn. Tu n'es pas stupide, réfléchis. Kaya croit en toi pour trouver un plan, tu en trouveras.