Chapitre 4. Un caractère de cochon !

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Mon tout nouveau patron me dévisage de ses iris excessivement intenses. Ce tête à tête me met dans un état second, littéralement. L'atmosphère autour de moi se réchauffe considérablement, j'ai quasiment l'impression de flotter, et des étincelles se promènent sur ma peau comme des électrons libres.

Autant dire que ça ne va pas du tout !

— Je vous en prie, allez au bout de votre raisonnement, ironise-t-il

Se croit-il si intimidant ? Bon, bien évidemment, il l'est, malgré tout, je refuse de le laisser gagner cette partie. Ses manières effrontées méritent réclamation.

— Eh bien, certaines personnes sont douées pour la création d'entreprise, le marketing et la garde-à-vue, d'autres pour deviner les gens, expliqué-je avec un haussement d'épaules.

— La...garde-à-vue ?

D'accord. C'était maladroit de lui sortir ça, mais au point où j'en suis, autant aller jusqu'au bout de mes folles allégations.

— Oui, je crois que vous êtes doué pour cela, Monsieur.

— Carter.

Veut-il que je l'appelle par son prénom ?

— Carter, répété-je dans un souffle.

— Expliquez-moi donc ce nouveau concept, je vous prie.

D'accord. Là, c'est sûr, il me prend pour une gigantesque farce, grandeur nature.

— Ne vous moquez pas, ce n'est qu'une expression très...personnelle. Vous savez ce que je veux dire...

— Rose, puis-je vous appelez Rose ? demande-t-il sans attendre de réponse. Je crois que vous devriez modérer vos propos, du moins jusqu'à ce que vous vous soyez montrée indispensable.

— Je suis désolée. Je... Je voudrais juste savoir.

L'étonnement éclaire son visage rayonnant une demi-seconde. Je décide de profiter de ce petit répit, pendant que mes pensées sont encore cohérentes.

— Qu'est-ce qui vous dérange tant dans mon analyse ? m'emporté-je, en désignant le dossier ouvert sur son bureau.

Il élude complètement ma question. Bravo, Rose, tu as réussi à te faire détester par l'homme qui a ton avenir entre les mains en moins d'une journée ! C'est un nouveau record. Je suis prête à fondre en larmes, mais je me retiens de toutes mes forces. Il ne manquerait plus que ça. Je serre les dents, sans le quitter des yeux.

— Vous travaillerez en étroite collaboration avec Allen. Vous dites que vous avez un don pour cerner les gens, pour les deviner, prouvez-le.

— Bien, monsieur.

Il fronce les sourcils, mécontent. Je ne comprends pas comment fonctionne ce type. Il me réprimande quand je ne l'appelle pas par son prénom, mais il prend la mouche quand je me montre un tant soit peu honnête. Qu'est-ce qu'il veut à la fin ? Sûrement que tu sortes de son bureau, me souffle ma cruelle conscience.

— Vous passerez un mois à ses côtés. Si vous parvenez à me convaincre, considérez-vous comme son assistante.

On me remet à l'épreuve ? Ils m'ont bien dit que le poste était à moi, non ? L'inquiétude me gagne. Je ne peux pas toucher mon rêve du bout des doigts, pour ensuite le laisser m'échapper aussi facilement !

— C'est mon jeune âge qui vous fait douter de mes compétences ?

Il ne répond pas. Au lieu de quoi, il se lève et me guide adroitement vers la porte de son bureau. Ce salopard me congédie. Et croyez-le ou non, l'idée de sa main dans mon dos, même s'il ne me touche pas, suffit à emporter mon corps dans une myriade de sensations effrénées. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Non, non, non, je ne peux pas laisser les choses en l'état...

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant