Chapitre 34. Tout feu, tout flamme.

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Je n'ai pas la prétention d'être toujours en phase avec moi-même, mais avouez que cet homme est plus que déroutant. Il ne cesse de répéter que nous allons trop vite, mais il me laisse un tiroir? Dire que mon cœur n'est pas en train de danser la polka serait un mensonge, néanmoins je suis quand même surprise, et le mot est faible! On toque à la porte, mais je ne réponds pas.

Il l'entrouvre, puis y passe la tête, et finalement me contemple dans le miroir d'un air satisfait. Toutefois, son expression change du tout au tout dès qu'il découvre la mienne. Je fais fi de sa présence, et je me peigne les cheveux consciencieusement. J'ai besoin de réfléchir à la tournure des évènements. Du coin de l'œil, je le vois qui penche légèrement la tête et me dévisage avec concentration.

Il me scrute comme s'il pouvait lire en moi, extirper mes pensées de ma boîte crânienne, dévoiler les sentiments qui exaltent mon cœur, et comprendre chacune de mes réactions. Mais non, mon beau! Et puis quoi encore? J'ai besoin de garder mon petit jardin secret, et surtout, j'aimerais que ses actions soient en phase avec son discours...

— Tu ne peux pas m'offrir des vêtements à tout-va, tranchè-je dans ce silence Olympien.

— A tout-va? répète-t-il.

— On ne se connaissait que depuis une journée que tu m'offrais déjà une robe hors de prix, et aujourd'hui...ça, et un tiroir?... Et tu persistes à dire que nous allons trop vite...

— Et j'ai bien l'impression de t'avoir convaincue.

— Non, ce n'est pas ce que je veux dire... Mais je ne veux pas que tu prennes de décisions hâtives... Te rends-tu compte que tu dis une chose et fais son contraire?

— Calme-toi, Rose. Ce n'est qu'un tiroir. Quand tu passes une nuit chez moi, tu as un minuscule espace pour y laisser quelques affaires... Ce n'est pas grand chose.

J'écarquille les yeux. Pense-t-il réellement ce qu'il me dit? Pas grand chose ?

— Rose! me reprend-il d'un ton léger quoique chargé d'une once de reproche. N'exagère rien! Ce n'est pas comme si je te donnais les clés de mon appartement!

— Écoute, je suis touchée, sincèrement. Tu es adorable, mais avoue que...

Il pose un doigt sur ma bouche et me murmure à l'oreille "Ce n'est qu'un tiroir. OK?" en mordillant le lobe de mon oreille de manière si ensorcelante que je suis incapable de penser à quoique ce soit d'autre. Mon Dieu, qu'est-ce qu'il est doué! Il passe ses doigts dans mes cheveux, et je ferme les yeux pour mieux savourer le geste. J'adore cette sensation.

— Tu es magnifique, Rose. Et permets-moi te dire qu'avec les cheveux lâchés, tu es juste époustouflante. Pourquoi les attaches-tu tout le temps?

— Parce que lorsque je les détache, les gens se conduisent différemment avec moi.

— Qu'est-ce que tu racontes? rit-il. ça n'a aucun sens!

— Je t'assure, je ne plaisante pas... Les hommes me reluquent. Quant aux femmes, n'en parlons même pas! Elles me dévisagent grossièrement, comme si j'étais une menace pour elles. ça me met terriblement mal à l'aise.

Mon Apollon, moqueur, s'approche encore, derrière moi, si bien que son corps entier pèse contre le mien, et irrémédiablement, des images salaces me dévorent l'esprit. Rose, voyons, mais tu n'es pas croyable ! Cesse ça immédiatement ! Tu DOIS aller travailler ! Il écarte mes cheveux de sorte à dégager mon épaule, y pose son visage et me regarde dans le miroir, les pupilles flamboyantes.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant