L'ouragan de ma vie

Chapitre 58. Un réveil douloureux.

Je tâtonne le côté droit pour embrasser Carter, mais bien sûr il a déjà filé. Pff... Marre de ce stupide plan. Je ne lui accorderai pas un jour de plus! Qu'il se le dise! Je mets difficilement les pieds hors du lit, et je m'assoie pour m'apercevoir que mes membres sont ankylosés comme jamais. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon!

La pagaille dans la chambre me rappelle la folle nuit que nous avons passée. Je porte instinctivement les doigts à ma bouche et écarquille les yeux d'horreur. Bordel. Ce ne sont plus des lèvres ça! Et je ne peux même pas m'absenter! Je travaille sur le Hitchner Project aujourd'hui! Je ramasse les coussins qui traînent ici et là et les balancent avec fureur sur le lit.

Dès que j'entre dans la salle de bain, je me rends compte que non seulement mes lèvres sont réellement très enflées, mais qu'en plus, j'ai des suçons dans le cou, et même un bleu sous le sein droit! J'appuie légèrement dessus, mais je n'ai pas mal. Qu'est-ce que... Il est vrai que nous avons été sauvages, trop trop affamés, trop trop enivrés l'un de l'autre...

Toutefois je ne me rappelle pas que nous ayons été violents... Peut-être trop impatients, trop brutaux, trop dévastateurs. La pagaille dans ma chambre en dit long! Néanmoins, je dois le reconnaître, c'était sensationnel! J'ai encore la brûlure de ses mains follement extraverties sur moi, de ses baisers immodérés partout sur mon corps, de ses malignes explorations en terres conquises.

Carter Lobs est juste aussi remarquable qu'époustouflant... Mais n'empêche qu'aujourd'hui, il me laisse dans la panade! Je me demande si je peux faire désenfler mes lèvres. C'est affreux! On dirait que je me suis faite botoxer. Elles sont rouges et boursouflées. Je ne peux décemment pas me présenter à Millenium2000 dans cet état!

— Cheyenne! J'ai besoin de toi! l'imploré-je au téléphone.

Mais c'est sans compter sur son statut édifiant de jet-setteuse confirmée, encore dans le brouillard à cette heure, encore bien trop matinale.

— Qu'est-ce qui se passe? baragouine-t-elle.

— Tu ne me croirais pas si je te le disais, rétorqué-je pour tenter de susciter son intérêt.

Elle soupire bruyamment pour me faire comprendre que je l'enquiquine au plus haut point. Pourtant contre toute attente, je reste en ligne. Je n'ai pas d'autre issue.

— J'ai combien de temps? tente-t-elle.

— Tu as dix minutes, top chrono!

— Bon sang, Roooose! rouspète-t-elle d'une petite voix enrouée.

— S'il-te-plaît Cheyenne! Je te le rendrais au centuple, je te le promets.

— Ça marche, et tu n'y réchapperas pas.

En l'attendant, j'applique consciencieusement un coton mouillé sur mes lèvres, en me demandant si cela peut changer quelque chose... Au bout de quinze minutes, tandis qu'une larme de rage coule sur ma joue, je vais sous la douche pour tenter d'amadouer ce corps qui semble en pleine rébellion!

***

— Oh. Mon. Dieu! s'écrie mon amie dans le salon après que je l'ai faite entrer. Mais qu'est-ce que vous avez foutu? Bande de cochons dépravés!

Enroulée dans une serviette de bain, je ne peux m'empêcher de sourire. C'est fou ce que je suis capable de faire avec Carter. Je n'ai absolument aucune gêne avec lui, aucun tabou. Juste des désirs par milliers qui en engendrent d'autres à leur tour. Le spectacle n'est pas beau à voir. Mes bibelots gisent à même le sol, le tableau de Régor Storp, complètement bancal, ne fait pas le fier. Un des fauteuils est renversé, et le canapé semble complètement éventré.