— Rose? On peut discuter? nous interrompt Harold.
Un masque de glace étire les traits parfaits de Carter quand il jauge les yeux verts de cet enquiquineur venu mettre un terme à notre petit tête à tête. Je n'ai pas besoin de le dévisager pour sentir la froideur qui émane de lui. J'en arrive presque à grelotter, et je suis persuadée qu'Harold doit être frigorifié à ce moment-précis.
— Et vous êtes? demande-t-il sèchement.
— Harold, répond ce dernier en tendant une main que Carter se contente de regarder avec un désintérêt certain.
— Est-ce censé me dire quelque chose?
— Harold Stanford, l'ex petit-ami de Rose.
— Harold, le coupè-je. Il va falloir remettre cela à plus tard, j'ai énormément de travail.
— Oui, j'imagine... Mais...je pense revenir à New-York, confesse-t-il précipitamment comme si cette information pouvait avoir un quelconque impact sur ma vie.
— Alors que tu pourrais décrocher une place de choix dans un des plus grands cabinets de Boston? Ce serait stupide ! lâché-je spontanément, avant de me mordre la langue.
Il fait un pas en arrière comme si je l'avais frappé. Jetant un œil mal avisé à Carter, il s'approche de moi, pour plus d'intimité. Je sens son souffle sur ma joue, et encore une fois, la différence entre ces deux hommes me saute aux yeux. Indéniablement Harold ne fait pas le poids à côté de l'Apollon. J'essaie de me concentrer sur son discours, même si j'avoue que je n'en ai pas la moindre envie.
— Plus je passe de temps là-bas, plus je me rends compte que tu es bien plus précieuse pour moi que je ne le pensais, chuchote-t-il. Tu sais ce qu'on dit? On ne se rend compte de ce qu'on avait que lorsqu'on l'a perdu. Je t'aime Rose. On ne se l'est jamais dit, je sais, mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, pas vrai?
Mon visage se décompose au fur et à mesure que les mots m'atteignent. Je suis mal à l'aise pour de multiples raisons. D'abord parce que je ne ressens absolument pas la même chose que lui. Ensuite parce que Carter est témoin de cette déclaration enflammée. Et enfin, parce que la seule chose à laquelle je suis capable de penser, c'est que j'adorerais que les rôles soient inversés, et que ce soit mon bel Adonis qui me fasse une telle confession.
— Harold, le coupé-je, ce n'est ni le moment, ni le lieu pour parler de ce genre de chose. Tu es sur mon lieu de travail, devant mon patron, réponds-je, gênée.
Il nous observe gravement – Carter et moi – d'un air indéchiffrable, puis fait quelques pas en arrière, les yeux rivés sur ma personne, avant de se retourner et de filer à la vitesse de la lumière. Mes yeux accrochent ceux de cet homme sublime, quelque peu troublé.
— Désolée, grimace Cheyenne. Je te promets que je ne connaissais pas ses plans avant de requérir sa présence.
Sans tenir compte des circonstances, et avec cet air félin qui n'appartient qu'à elle, elle se tourne vers Carter. Les prunelles inquisitrices de ce dernier sont rivées sur les miennes. Bien que je parvienne sans mal à déceler une faille dans cette apparence implacable, j'aimerais pouvoir lire en lui, découvrir les pensées qui le malmènent en ce moment.
— Alors, comment dois-je vous appeler? Carter? Monsieur? Monsieur Lobs? Le sujet ta-bou?
— Cheyenne ! la réprimandé-je.
Carter, aussi impérieux que distant, n'a toujours d'yeux que pour moi. Pourtant, sans mot-dire, il quitte la pièce. Je ressens un vide étrange face à son attitude alarmiste, un malaise qui me bouleverse corps et âme. Une pression désagréable investit mon ventre, une sensation d'angoisse qui me déstabilise complètement.
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L'ouragan de ma vie
RomansaImaginez la femme la plus magnifique que vous n'ayez jamais vue ! Vous la voyez ? Vous êtes conquis, n'est-ce pas ? Très bien... Maintenant, imaginez-la, rouge comme une pivoine, qui bégaie, perd l'équilibre, et s'étale à vos pieds ! Voici Rose...