Chapitre 30. Les lois de l'attraction.

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— Tu as donc un petit frère?

Carter ne me répond pas, il m'adresse un sourire crispé, pour me faire comprendre qu'il ne veut pas s'étendre sur le sujet. Ce mutisme prolongé me met dans une rage noire. Qu'est-ce que c'est que ce type qui vend son entreprise avec une infinie facilité, mais ne peut pas aligner deux mots pour me dire ce qu'il a sur le cœur?

— Je ne sais jamais sur quel pied danser avec toi!  m'écriè-je. Tu ne me parles jamais vraiment... Et quand finalement tu te confies, ce n'est que par petites brides, comme si c'était à moi de me débrouiller avec ce que tu veux bien me donner...

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise? s'emporte-t-il. Que j'en veux à ce salopard? Que je me sens dupé? Que j'ai le sentiment que ce que nous lui donnions ne lui suffisait pas? Eh bien oui! Et tu sais quoi? Tu veux savoir ce qui me met le plus en rogne? C'est que c'était un vrai salaud avec nous! Il a toujours été froid et distant, rien de ce que nous faisions n'était assez bien pour lui... Et puis, j'ai découvert que tout ce qu'il nous refusait obstinément, c'est à ce crétin imbu de lui-même qu'il le donnait...

— Tu connais donc ton demi-frère, souligné-je songeuse.

— Ouais, ce petit con est toujours dans les parages. J'ai parfois l'impression qu'il me suit comme une ombre, et qu'il se nourrit de mes restes. C'est pour ça que je suis du côté de ma mère, parce qu'il est hors de question que cette enflure s'approprie ce qui nous revient de droit.

— Et la...deuxième femme de ton père ? demandè-je.

— Elle est morte il y a six ans, m'apprend-il d'une voix dénuée de compassion.

Depuis le décès de maman, j'appréhende la mort d'une autre façon. En réalité, je l'avoue, je n'y pensais jamais. C'était exclu. Et puis, j'ai vu sa santé se détériorer tellement rapidement! En quelques mois, elle s'est transformée. Sa peau a pâli plus que de nature, ses traits parfaits se sont étirés, son appétit s'est tu, sa douleur s'est réveillée.

Je l'ai regardée dépérir, impuissante, et depuis, j'ai compris que la Parque était une ennemi sans pitié. Il n'y a rien de pire que voir une personne que vous aimez, souffrir sans pouvoir la soulager d'une quelconque manière. Cela vous comprime le cœur à un point tel que la douleur en devient étouffante. C'est, sans aucun doute, l'épreuve qui a laissé le plus de cicatrices dans mon existence.

— Qu'est-ce qui se passe? me demande-t-il en posant ses doigts sous mon menton pour me faire lever la tête.

— Rien, je pense à maman... C'est plus fort que moi. Pardonne-moi. C'est toi qui a besoin d'être consolé, et je me morfonds sur mon propre sort.

 —Tu n'as pas besoin de t'excuser. C'est une des choses que j'aime chez toi. Ton authenticité.

Il se rapproche davantage, et me serre très fort contre lui. Ce câlin nous ébranle tous les deux, et je le sens frémir tandis que ses mains remontent de mes fesses à mon cou, dessinant des arcs de cercle ensorcelant sur mon dos. Cet homme dit une chose, et en fait une autre. Il est une contradiction ambulante.

— Tu enfreins encore les règles, chuchoté-je.

— Je ne supporte pas d'être loin de toi, est sa réponse.

Et mon Dieu, qu'est-ce qu'elle me plaît ! Comment puis-je résister à cela? Ce mec prend un malin plaisir à me torturer, ou est-ce que je rêve?

— Mais tu refuses de m'accorder un rendez-vous? lui fais-je remarquer à juste titre. Tu n'es pas quelqu'un de très logique.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant