— Attends, qu'as-tu dit? Tu as déjeuné avec Liam? LIAM... Tu parles de Liam? Le Liam? Ton Liam?
— C'est quoi le but du jeu? Tu espères que plus tu prononceras son nom, moins cette réalité sera envisageable? me moqué-je.
La stupeur qui éclaire les yeux de mon amie ne m'étonne pas. Je suis en général quelqu'un de réfléchi, qui a besoin de poser le pour et le contre avant d'agir. Or, j'ai accepté de déjeuner avec Liam par pur intérêt: parce qu'il avait des informations que je convoitais. D'ailleurs, si je veux être totalement honnête, force est de constater que ce n'est qu'après avoir découvert les photos de Carter et de cette blonde inconnue que j'arrive à haïr sans même la connaître, que je me suis vraiment décidée à accepter cette invitation... ça ne me ressemble pas beaucoup tout ça...
— Haha! Fais ta maline! Mais qui te réconfortait quand ce petit con te faisait une crasse? C'est Bibiche! Et oui! Et tu déjeunes avec lui? Tu es tombée sur la tête? Tu me reproches d'aimer Max parce qu'il est l'archétype du gars égoïste et sans scrupule, et toi, tu t'octroies un retour en arrière avec ce crétin?
— Non, voyons! Quel retour en arrière? Je... Il m'a rendu le film. Il sait des choses sur la mère de Carter. Il...
— Arrêt sur image! m'ordonne-t-elle en mimant un temps mort avec ses mains, les plaçant de manière à ce qu'elles soient perpendiculaires l'une à l'autre, comme l'aurait fait un sportif quémandant une mi-temps. Il t'a rendu le film? Quel film? LE film? TON film?
Je lui explique toute l'histoire, et plus j'avance dans mon récit, plus ses yeux s'élargissent et se font inquisiteurs.
— Il te plaît toujours, n'est-ce pas?
— Bien sûr que non!
— Dixit l'adolescente meurtrie qui a pleuré toutes les larmes de son corps durant le bal de promo! soupire-t-elle.
Quelle horreur! Le moment le plus humiliant de toute ma vie! Je refuse d'y penser, ne serait-ce qu'une minute!
— Tu as raison, Liam est un salopard de première! Et il ne m'intéresse pas, d'accord? D'ailleurs je n'ai pas le temps de penser à lui tant Carter me hante. J'ai juste à fermer les yeux pour sentir sa peau contre la mienne, son parfum enhardir mes sens, sa barbe de trois jours me triturer le menton, ses lèvres...
— ça va, ça va... j'ai compris le message! Mais surtout, promets-moi de ne pas te laisser avoir par ses yeux bleus de vipère maligne!
— C'est promis, affirmé-je, en la suivant des yeux tandis qu'elle se lève, remet sa veste et part pour aller se changer avant une séance photos, en se plaignant parce qu'à cause de mes frasques et de mon réveil, elle va avoir une tête de déterrée.
Ce qui est archi-faux, bien évidemment!
— Je ne plaisante pas! m'avertit-elle dans l'interstice de la porte. Je connais ce gars. C'est Max, version décolorée, et je peux te dire que tu DOIS t'en tenir éloignée!
Je verrouille ma porte derrière elle, et je m'habille très rapidement. Puis j'entreprends de mettre de l'ordre dans mon petit nid douillet. Mon salon et ma chambre ont été le théâtre de nos ébats et je ne sais pas où donner de la tête pour remettre de l'ordre dans ce capharnaüm. Chaque objet de décoration a été savamment perturbé jusqu'à tomber par terre de manière hirsute.
Je ramasse donc cadres-photos, bibelots, bouquins, mon globe vintage, mon calendrier déco avec pour chaque jour sa citation, et j'entreprends de rhabiller mon habitat. Où que je déploie mes efforts, des images de Carter me plaquant contre la commode, où de moi, le poussant contre le mur, de nous, sur la petite table du salon me reviennent en mémoire.
VOUS LISEZ
L'ouragan de ma vie
RomanceImaginez la femme la plus magnifique que vous n'ayez jamais vue ! Vous la voyez ? Vous êtes conquis, n'est-ce pas ? Très bien... Maintenant, imaginez-la, rouge comme une pivoine, qui bégaie, perd l'équilibre, et s'étale à vos pieds ! Voici Rose...