Chapitre 8. Une tentation à fleur de peau.

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PAM PAM PAM

Les coups de massue, à la porte de mon appartement, me tirent d'un sommeil profond. De mauvaise grâce, en pyjama, les cheveux en bataille, je mets lourdement un pied devant l'autre jusqu'à l'entrée. Un espèce de tambourin résonne dans ma tête, qui me semble plus lourde qu'à l'ordinaire. Je me traîne, comme une grosse paresseuse, la bouche boudeuse. Avec une lenteur exacerbée, j'ouvre, bougonne, pour constater que mon visiteur est encore là.

—Bonjour ma chérie ! s'exclame Cheyenne, faisant démonstration d'une bonne humeur bien trop matinale à mon goût.

Je pose un doigt sur ma tempe gauche, en espérant que cela adoucisse mon mal de crâne.

—Pour l'amour du ciel, un peu moins fort Cheyenne !

—Toi, tu as bu hier soir, m'accuse-t-elle en entrant.

—Légèrement... deux ou trois cocktails dont je ne connais même pas les noms.

—Et ?

Son regard scrutateur cherche à me voler une confession, je le sais. J'ai aussi conscience qu'il est impossible de cacher quoique ce soit à ma meilleure amie. Alors, autant jouer le jeu...

—D'accord, je plaide coupable. J'ai commandé un petit verre de whisky avant de rentrer. admets-je, pour qu'elle laisse couler.

On peut toujours rêver, non ?

Je me rappelle encore la tête du serveur, il n'en revenait pas qu'une femme du monde lui commande un whisky sur glace. Mais j'en avais besoin, croyez-moi ! Bien évidemment, l'odeur m'insupporte toujours, et j'ai dû me boucher le nez pour pouvoir l'avaler. Toutefois, l'alcool a fait son effet, et m'a bercé durant tout mon trajet en taxi, bien que le souvenir du visage de mon patron ne m'ait pas quitté qu'une fois les yeux fermés.

— Toi, tu as bu... du whisky ?

Nous nous installons sur le canapé. Elle me scrute avec intensité, avant de passer en mode 'interrogatoire'. Elle est très douée pour ça. Plus important : mon air débrayé, mes réponses évasives et la consommation inopinée d'alcool fort lui ont mis la puce à l'oreille. Elle veille sur moi, comme à son habitude, sachant bien que c'est quelque chose que je ne pourrais jamais lui reprocher. Mais. Que. Vais-je. Lui. Dire ? Que mon patron me rend dingue ? Qu'il m'a avoué — au bout d'une journée — qu'il voulait me baiser ?

— Que se passe-t-il ma chérie ?

— Rien, je t'assure... C'était ma première journée hier, et ça a été long et éprouvant. Voilà tout.

Elle plisse les yeux comme si sa vue devenait meilleure ainsi, et lui donnait le pouvoir de lire en moi comme dans un livre ouvert.

—Autant cracher le morceau tout de suite. Tu sais que de toute manière, j'arriverai à te faire parler. Je suis prête à employer la torture, s'il le faut. ricane-t-elle.

— Très drôle, boudé-je en m'installant confortablement dans mon sofa.

Elle pose négligemment son sac sur la table basse, consciente qu'il y a anguille sous roche. J'admire ses beaux cheveux blonds sur son visage de porcelaine. Ses yeux bleus, plus clairs que les miens, scintillent. J'y lis une excitation certaine, j'y perçois un espoir nonchalant, celui d'une petite curieuse avide d'histoires croustillantes. Ses mains viennent faire pression sur les miennes, doucement.

— Je t'écoute. annonce-t-elle.

— Morgan dilapide déjà tout ce qui nous reste de maman, raconté-je, pour tenter de noyer le poisson.

— Le contraire eut été étonnant. Tu la connais. À quoi t'attendais-tu ? Elle nous a déjà prouvé qu'elle était capable de bien pire.

Je hausse les épaules. Que puis-je répondre à cela ? Morgan ne respecte rien ni personne, et elle sait être la pire des harpies. Nous en avons toutes les deux fait les frais.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant