L'ouragan de ma vie

Chapitre 62. Bonne humeur et pied coquin.

—Vous comprenez pourquoi j'ai demandé à travailler avec elle?

—Oui, je commence effectivement à me rendre compte du talent inestimable de Rose, répond Liam.

—Rose, vous avez carte blanche. Bien évidemment, je veux que vous supervisiez le travail de cette équipe de bras cassés... Et pendant que nous sommes là, pourquoi avoir quitté Carter-Média?

—C'est une discussion que vous devriez avoir avec Carter, réponds-je, soucieuse de ne pas aborder le sujet devant Liam.

—Cart s'en mord les doigts, croyez-moi sur parole! Il n'a même pas encore eu le cœur de vous remplacer. Vous le saviez? Il ne trouve aucune candidature à la hauteur! Bon, trêve de bavardages! Rejoignons ma femme avant qu'elle ne décide de tout manger elle-même en désespoir de cause.

Robert ouvre le cortège, mais avant que nous quittions cette pièce, tandis que je me tourne pour l'admirer une dernière fois, Liam me retient.

—Je crains d'avoir raté un épisode. Il me semblait que nous nous étions quittés en bon terme la dernière fois - fort plaisante - où nous nous sommes vus, bafouille-t-il, l'air réellement soucieux.

—C'est vrai que ce déjeuner était agréable Liam. Il n'en reste pas moins que tu me laisses plus de dix ans de mauvais souvenirs qui ne vont pas s'effacer en un claquement de doigts.

—Je pensais avoir marqué un point en te rendant ce fichu film.

—Et je t'en suis infiniment reconnaissante, Liam.

Je lui tourne le dos sans plus de cérémonie et rejoint Robert qui parle dans le vide, ne s'étant pas aperçu de notre désertion. Liam marche derrière nous, sans mot-dire, et continue de m'observer dans l'ombre. A-t-il totalement oublié ce qui s'est passé - ou pas - entre nous? Ou se fait-il un malin plaisir à faire semblant que tout cela n'est jamais arrivé?

Comment peut-il songer qu'un bon geste puisse effacer l'humiliation et la souffrance endurées au lycée? Une table impressionnante nous attend avec plus de nourriture qu'il n'en faut. Je pense à la famine en Afrique Subsaharienne, et ailleurs dans le monde, mais je ravale mes pensées critiques.

Olga, souriante, nous accueille avec enthousiasme. Liam est placé en face de moi, ce qui ne m'arrange pas du tout. J'ai l'impression que son plan ce soir, est de me faire craquer. Bien évidemment, je le déteste. Alors pourquoi m'en soucier? Oui, pourquoi?

—Nous allons dire les bénédicités, annonce Robert. A moins que... Qu'en dis-tu chérie? ça changera un peu...

Sans attendre sa réponse, il invite Liam à faire la prière pour bénir ce repas, plus que fructueux.

— Euh, il baisse la tête, met une main dans celle - tendue - de Robert, puis dans la mienne. Nous échangeons un regard, et je sais d'emblée qu'il ne sait absolument pas quoi dire. Euh... Seigneur...

Je décide de voler à son secours.

—Nous te rendons grâce pour ce repas que nous allons partager, et pour tous tes bienfaits. Amen.

Liam me fixe si intensément que je sens une chaleur intense envahir mon visage. Mince, mince, mince!

—Merci Rose, c'était magnifique, dit Olga avec un sourire encourageant.