L'ouragan de ma vie

Chapitre 21. Mia, fantôme du passé.

Tout le reste de la journée, je suis dans un état second, incapable de penser à autre chose qu'aux révélations troublantes de Allen.

Mia et Carter?

Que s'est-il passé entre eux exactement?

Les paroles de Allen me troublent.

Malgré mon incapacité à faire fi des atomes crochus entre ma soeur et moi, je ne passe pas mon temps à dire du mal d'elle. Dans ma tête, oui. Sans aucun doute. Mais je garde pour moi cette effusion de haine car ce n'est pas quelque chose dont je sois fière, quand bien même c'est elle qui est à l'origine de cette animosité.

Un jour, Allen me vante les mérites de son frère, et met sur le dos de leurs parents son attitude autoritaire et revêche. Un autre, il lui crache dessus, le dépeignant comme un être sans scrupule. N'est-ce pas surprenant? Je meurs d'envie d'appeler Cheyenne pour avoir son avis, mais sa relation avec un des plus grands concurrents de Carter-Média m'en dissuade.

— Bonjour... me salue Carter. Joli t-shirt... Je vois que tu as vu les nouvelles.

— Difficile de passer outre. Je ne peux pas comprendre cette violence gratuite. ça me dépasse.

— Oui, c'est horrible... Je suis encore une fois mortifié de voir ce dont les hommes sont capables.

— Changeons de sujet, s'il-te-plaît. C'est trop triste, trop bouleversant. Je ne veux pas donner de crédit à ces assassins. Je le refuse.

Il pose la main du réconfort sur la mienne. Des sensations délicieuses me parcourent à ce contact.

— En réalité, je venais aux nouvelles. Allen ne m'adresse plus la parole et il a fait dire à Susie, ma secrétaire, que tu te chargeais seule de la présentation aux Stevenson.

— Tu es inquiet?

— Seulement si toi-même, tu l'es.

— Dire que je n'ai pas une pression monstre sur les épaules serait un mensonge, mais je vais me préparer... Autre chose?

— Que se passe-t-il Rose?

Lit-il dans mes yeux que quelque chose ne va pas, ou est-ce le son de ma voix qui me trahit?

— Il se passe que la seule personne avec qui je m'entends bien - à l'exception de toi - non rectification: avec qui je m'entendais bien, dans cette boîte, me déteste pour une raison que j'ignore, et qui a tout à voir avec toi, sauf que je ne peux pas apprendre ce dont il s'agit sans déroger à une stupide règle, expliqué-je d'une traite en me levant.

Je m'approche de lui, et chaque pas que je fais dans sa direction est un pas de retrait qui lui permet de me fuir. Nous sommes au travail, certes, mais cette discussion prend une tournure personnelle, et je veux, j'ai besoin d'être près de lui. Ne le sent-il pas?

— Je croyais que l'idée de poser des règles te plaisait?

— C'est vrai.

De ta bouche, je suis presque sûre que tout me plairait.

— Tu t'es disputée avec Allen?

— Oui, on peut dire ça.

— Mia est sa meilleure amie, Rose. Il essaie désespérément de se montrer chevaleresque.

— Comment as-tu humilié cette pauvre fille Carter? Et surtout, surtout pourquoi?

— Je...

— Tu ne veux pas me répondre. C'est ton droit. Mais est-ce que j'ai rêvé ce qu'il s'est passé cette nuit? Oui...ce doit être ça.

Déçue, je claque la porte de mon propre bureau. Ne sachant où aller, je me dirige droit dans le bureau d'Allen, pendu au téléphone. Je lui fais un signe qui, dans ma tête, signifie 'Tout va bien, ne t'inquiète pas', mais je ne sais pas ce qu'il comprend, et pour dire vrai, je m'en fous. Toutes mes illusions s'écroulent comme un château de carte.