Chapitre 77. Cécilia, une adversaire redoutable.

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Je ne sais combien de temps je tiens Cheyenne dans mes bras, la berçant,la consolant comme une mère prendrait soin de son enfant. Je comprends sa déception, sa souffrance devant ce presque-abandon! Depuis la disparition de sa maman, son père avait été son meilleur ami, sa boussole, le pilier de son existence. Quant à moi, Spencer Mathis a toujours représenté, à mes yeux, l'image du père idéal,attentif, joueur, aimant.

Il était celui qui gérait son empire depuis sa résidence parce qu'il tenait à veiller sur sa fille et sa meilleure amie, plus que turbulentes. Il était notre confident, le gentil monstre qui tentait de nous attraper quand nous rentrions dans son bureau,l'illusionniste qui faisait apparaître une pièce de monnaie derrière notre oreille. L'homme concerné qui nous sortait d'embrouilles rocambolesques dès que nous requérions sa présence.

— Il m'a laissé côtoyé Liam toute ma vie durant, et jamais ça ne lui est venu à l'esprit que...

— Ne te torture pas, Cheyenne. Inutile de ressasser tout cela.

— Il t'a donné une explication?

— Non, rien du tout. Peut-être que la situation le dépasse. Peut-être qu'il a besoin de temps. Je ne sais pas.

— J'ai besoin de me changer les idées, m'avoue-t-elle.

— Oui,et tu sais ce que ça veut dire... Journée filles!

Elle esquisse un semblant de sourire, et nous prenons nos sacs, pour aller manger un bout, nous fâcher avec nos cartes de crédit et faire quelques folies dont nous seules avons le secret! Dans l'ascenseur,je lui raconte les grandes lignes de ma soirée avec Carter,principalement pour qu'elle pense à autre chose. Tous-sourires, nous sortons de l'immeuble, accueillies par un brouhaha d'enfer.

Mon visage se décompose devant des milliers de caméras, persuadée que mon tour est venu de faire face au scandale. Les micros fondent sur mon amie, qui ne sait plus où donner de la tête et les questions fusent, déplacées à outrance. "Saviez-vous que votre père avait un enfant caché?" "Vous vous sentez trahie?""Connaissez-vous l'identité de votre demi-frère?" "Liam Keim faisait partie de l'équipe de foot de Hanover, celle où a éclaté votre premier scandale, non?"

Je panique. Quelle est la marche à suivre dans ces cas-là? Refouler ces journalistes de pacotille avec classe - si tenté que ce soit possible - et sortir Cheyenne de ce bourbier! Oui, mais comment? Contre toute attente, elle lève fièrement la tête, les yeux boursouflés témoignant de son état-d'âme actuel, et répond à leurs questions sans se départir de sa grâce naturelle. Je serre les dents en écoutant son petit discours, et en espérant qu'elle pèse ses mots.

— Je n'ai appris mon lien de parenté avec Liam que ces derniers jours.C'est encore un point sensible sur lequel je ne vais pas m'attarder.Cela-dit, sachez que nous sommes amis depuis très longtemps et que je suis fière d'avoir un frère comme lui. Merci, et bonne journée à tous.

Nous sautons dans le premier taxi qui croise notre route, avec l'envie de hurler à la lune. Nous ne parlons pas. A quoi bon? Je pose une main compatissante sur la sienne, et je lui propose de changer de programme - vues les circonstances - cherchant où nous pourrions trouver refuge, dans cette énorme mégalopole.

— Comment la presse est-elle au courant ? fulmine-t-elle.

— Je ne sais pas, mon cœur. Tu te rappelles, ce que nous a dit maman quand nous lui avons ramené le butin gagné à Vegas?

Elle me regarde de ses yeux bleus pénétrants. Je sais qu'elle me comprend.

— Tout se sait un jour, même le mieux gardé des secrets, récite-t-elle machinalement.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant