Chapitre 56. Désir, quand tu nous tiens!

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Des bras m'étreignent tout-à-coup, et un corps s'appuie contre le mien. Je le sens tout contre mon dos, et une peur panique me domine. Je hurle à pleins poumons en me demandant si j'ai bien verrouillé ma porte.

— Chut! chuchote une voix qui m'est étrangement familière, en m'obligeant à me tourner vers elle. Tu veux ameuter tout le quartier?

Je prends le temps d'observer ce visage dont j'ai presque oublié les traits parfaits. Ses yeux sombres brillent, ses cheveux noirs - toujours trop longs - lui tombent sur les épaules avec désinvolture, et il est souriant. C'est ce sourire ravageur qui m'a le plus manqué. Il a troqué un de ses costumes craquants contre un tee-shirt noir sur un pantalon de toile. Plus sexy, tu meurs!

— Bon sang, Carter, tu m'as fait peur! grogné-je.

— Désolé. Il fallait que je te vois, répond-il, et tout mon univers bascule.

— Pourquoi? demandé-je, voulant bêtement me montrer sceptique.

— C'est une vraie question? s'étonne-t-il.

Bien sûr que c'est une vraie question, espèce de sale traître!

— Je n'aime pas ce jeu stupide, Carter, le mets-je en garde.

— Tu crois sincèrement que ça m'amuse? piaille-t-il, avant de passer du coq à l'âne sans état d'âme, comme si le mien ne méritait pas une petite conversation. Comment connais-tu Liam Keim?

Je sais d'instinct qu'il est là parce qu'il sait que j'ai déjeuné avec Liam ce midi. Je me rends également compte que les confidences de ce dernier m'obligent à mentir à Carter, et cela ne me plait pas. Néanmoins, si je le lui dis, il utilisera ces informations contre sa mère, et Liam en pâtira.

— C'est - si l'on veut - un vieil ami.

— Je ne l'aime pas, capitule-t-il en croisant les bras comme un enfant qui fait une comédie.

Je proteste de manière un peu trop agressive, certes. Mais les images de Carter et de Miss Perfection me hantent.

— Tu voulais que je me montre en public avec quelqu'un, non?

— Ce type est un clown, rétorque-t-il sèchement.

— On croit rêver! rouspété-je ouvertement. Arrête ton cinéma, Carter, et dis-moi plutôt ce que tu fais là. Je croyais qu'on ne devait pas se voir...

— Veux-tu que je parte? s'étonne-t-il, visiblement dans le brouillard.

— ça dépend de ce que tu viens faire ici... J'en ai marre de ces histoires de dingue! J'ai été obligée de quitter un boulot que j'adorais, nous jouons à cache-cache comme des gamins, et pour couronner le tout, ta taré de mère débarque sur mon lieu de travail pour m'insulter et me frapper!

— Elle a levé la main sur toi? s'indigne-t-il en posant sa main sur mon avant-bras, permettant aux picotements ensorcelants dont lui seul a le secret de s'insinuer en moi et de me remuer comme un pommier.

— Elle a essayé, mais Liam - ce garçon que tu n'aimes pas - est arrivé juste à temps.

— Oui, j'imagine que vous allez vous voir souvent, marmonne-t-il dans sa barbe.

— C'est tout ce qui t'inquiète? Que je le vois? Et pourquoi - souvent - s'il-te-plaît?

— Parce qu'il travaille pour Spencer Mathis.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant