La sonnerie de la porte d'entrée interrompt outrageusement notre tête à tête. Avec un soupir de protestation, Carter pose ses doigts rugueux sur mes épaules, et les glissent, avec une lenteur exacerbée, le long de mes bras, pour porter mes mains à ses lèvres. Il y dépose des baisers mouillés, comme pour s'excuser de cette interruption.
Mais alors qu'il s'apprête à aller ouvrir, je le retiens, juste le temps pour lui de terminer ce qu'il a commencé. Voir qu'il ne peut pas me résister me rend folle. Dans un tourbillon de désir aussi fulgurant qu'inavouable, je l'agrippe et mordille ses lèvres tandis que sa langue me goûte, s'enroulant autour de la mienne avec légèreté.
—Il faut que j'ouvre où notre repas va s'envoler, murmure-t-il dans ma bouche.
—Je ne suis pas sûre d'avoir faim de nourriture.
Il éclate de rire, et me met en garde. Selon lui, mes provocations éhontées causeront ma perte. Je le regarde se diriger d'un pas léger et athlétique vers sa porte d'entrée, et accueillir son visiteur d'un ton enjoué. Je m'attends à voir un livreur, mais c'est un chef cuisinier qui entre, suivi de deux serveurs portant chacun un plateau. Ils déposent le tout sur la table à manger, et nous saluent gracieusement.
Qui diable fait venir un chef cuisinier chez lui à une heure pareille? Cet homme n'a-t-il pas un restaurant plein à craquer à faire tourner? Ou travaille-t-il exclusivement pour Carter? J'observe la décontraction du nouvel homme de mes rêves qui discourt joyeusement avec son acolyte, lequel à un bel accent étranger et roule les "r" avec panache.
—Tu n'es pas obligé de sortir le grand jeu, tu sais? le taquiné-je, une fois nos visiteurs repartis.
—De quoi parles-tu?
—De faire livrer un plat par un...
—Filipino Marecci est un virtuose de la cuisine italienne, me coupe-t-il. Et au lieu de jouer les mijaurées, joins-toi à moi et goutte cette merveille. Tu m'en diras des merveilles.
Je coopère, non seulement parce que je meurs de faim, mais aussi parce que la bonne odeur des plats chauds a envahi l'appartement. Avez-vous déjà diné en compagnie d'un homme dont la beauté vous désarçonne? Dont le regard vous aimante? Je m'assois face à lui, et porte ma coupe à mes lèvres sans le quitter des yeux.
—Cesse de fixer ma bouche, Rose, sinon je te promets que j'envoie valser tout cela par terre et que c'est toi que je dévore!
Oh là là! Voyez-vous la flaque de désir à même le parquet? Je crois que c'est moi! Les cuisses serrées, les joues roses, la respiration haletante, je me force à porter un peu d'attention aux lasagnes. Mmh, c'est vrai que ça a l'air succulent! J'en prends une bouchée et je laisse mes papilles profiter de ce somptueux repas. C'est juste sublimement bon.
—Je vois ce que tu voulais dire... C'est remarquable, c'est...
—Divin... Oui, ça l'est.
Sa voix rauque m'oblige à relever les yeux, et ce que je vois me met en transe. J'ai toute son attention. Lubrique, il me déshabille du regard. Le temps s'arrête, suspendu, littéralement, ne laissant rien d'autre autour de nous à l'exception de cette atmosphère électrique si encline à nous faire perdre le contrôle de nous-mêmes.
—Alors, tu te sens prête à faire la présentation seule? me demande-t-il, de but en blanc.
—Oui, grand chef, je vais m'en sortir. Est-ce que tu penses qu'Allen sera là?
—J'ose espérer puisque vous êtes censés travailler ensemble.
J'ai toujours son rejet en travers de la gorge. Je ne le connais que très peu, et il ne me doit absolument rien. Mais il n'en reste pas moins qu'au premier accroc, il n'a pas hésité à me tourner le dos. Reprends-toi voyons! Tu n'as besoin de personne pour réussir! gronde mon imprévisible conscience. Et voilà que je me retrouve seule à faire une des présentations des plus importantes.
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L'ouragan de ma vie
RomantizmImaginez la femme la plus magnifique que vous n'ayez jamais vue ! Vous la voyez ? Vous êtes conquis, n'est-ce pas ? Très bien... Maintenant, imaginez-la, rouge comme une pivoine, qui bégaie, perd l'équilibre, et s'étale à vos pieds ! Voici Rose...