Chapitre 17. Les cris du cœur.

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J'observe ouvertement Carter tandis qu'il remet sa chemise, son gilet et sa veste en place. Je suis moi-même toute décoiffée, et je cherche un miroir pour y remédier, mais nous sommes dans un petit bureau, et je me rends vite compte que c'est peine perdue. La seule fantaisie que s'est autorisée le couple dans cette pièce est une bibliothèque pleine des œuvres de Thomas Mann, de John Steinbeck, et de Victor Hugo, et une vidéothèque entièrement garnie des films de Lucciano Visconti.

— Je vais chercher ton amie. Elle pourra peut-être te donner un coup de main. propose-t-il d'une voix douce qui reporte toute mon attention sur ses sublimes lèvres.

— Ma foi, c'est une bonne idée, bien que tu devrais probablement pas sortir comme ça. Enfin...je dis ça, je ne dis rien...

— Pourquoi? Qu'y-a-t-il? demande-t-il, en lissant sa veste.

— Tu es...légèrement décoiffé. Pas que le genre ébouriffé ne t'aille pas - bien au contraire - mais la différence avec tout à l'heure est assez...hum, flagrante.

— Tu me débrailles, tu me décoiffes, et voilà le travail! me taquine-t-il.

— Il y a deux minutes, tu ne t'en plaignais pas!

Il sourit, et encore une fois, je ne peux m'empêcher de fixer ses lèvres belles et sensuelles, tellement douces et subtiles.

— Il va falloir qu'on établisse des règles. suggère-t-il.

— Tu comptes m'interdire de te toucher les cheveux?

— D'abord, tu dois cesser de fixer ma bouche de cette manière parce que tu me rends complètement fou.

Il ne sait pas l'effet que ses mots ont sur moi. Il est à lui seul un aphrodisiaque grandeur nature. J'ai envie de lui sauter dessus, et de le laisser prendre ma bouche en otage. Je veux sentir ses mains sur moi, je veux revivre l'extase si pure à laquelle je viens de goûter.

— Je ne peux pas m'en empêcher. m'excusè-je en haussant les épaules.

— Eh bien tu vas devoir faire un monumental effort, parce que dans le cas contraire, je ne réponds plus de rien.

La tension sexuelle est toujours là, toute autour de nous, dans nos voix, dans nos yeux, dans nos corps. Cette certitude me met à genoux. Il est empli de désir. Pour moi. Ses yeux voilés, ses muscles tendus, cette fièvre détonante qui habite ses traits, me transportent.

— D'accord. Je ferme les yeux pour reprendre contenance. Règle n°1: Je ne dois pas fixer ta bouche quand nous sommes au travail, ou invités à une soirée spéciale. Message reçu.

Le téléphone sonne. Carter glisse sa main dans la poche de son pantalon, et décroche en levant les yeux au ciel. Consciente qu'Allen est au bout du fil, je prends sa main, et la dirige vers mon oreille. Je sens ses yeux me dévorer, et malgré moi, un sourire s'étale sur mes joues.

— Allen, je voudrais parler à ton amie, Mia.

Carter écarquille les yeux. Une ombre énigmatique passe sur son visage, soudain assombri.

— Oui, oui, nous arrivons... Mia, c'est Rose. J'ai un petit service à vous demander. Je suis désolée de vous mettre à contribution, mais la situation échappe un peu à notre contrôle. Oui, Carter et moi sommes sur la terrasse adjacente à la salle de réception... Oui, à tout de suite.

D'un pas vif, je déverrouille la porte, et je guette notre infortunée sauveuse.

— Psst!

Elle me dévisage longuement, incapable de cacher sa consternation. Et nous rejoint finalement, sans mot-dire, bien que je me sente jugée et reléguée au rang des conquêtes de Carter Lobs.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant