Chapitre 81 - Esclandre et remise en question.

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Sans transition, surprenant tout le monde, moi la première, il attrape ma main, et me traîne de force jusqu'à la piste de danse.

- Mais que fais-tu ? m'offusqué-je, partagée entre l'envie de sortir mes griffes et la bienséance qui voudrait que je me fasse discrète.

- J'en ai marre de te supplier, Rose, s'enhardit-il en m'attirant à lui brutalement pour poser une main possessive sur ma taille. Quoi ? Tu as besoin de son autorisation ? clame-t-il, provocateur.

- Ferme-la ! Grondé-je, plus que jamais fâchée après moi-même.

Je devrais avoir envie de m'enfuir à grandes enjambées, mais je ne le veux pas. Qu'est-ce qui cloche chez moi ?

- C'est trop tard Liam. Si tu étais venu me trouver, si tu m'avais dit la vérité, ça aurait sûrement tout changé, mais aujourd'hui, je l'aime. Je ne peux pas juste lui tourner le dos, c'est au-dessus de mes forces. Et même si je le faisais, je ne cesserais de penser à lui et de l'aimer jusqu'à mon dernier souffle. Tu ne comprends pas ? Carter est toute ma vie.

- Danse Rose, ordonne-t-il, d'une voix plus douce.

- Tu entends ce que je te dis ? demandé-je en remuant légèrement, laissant Liam me guider, du moins jusqu'à un certain point. Remarque, je crois que tu as l'extraordinaire capacité de n'entendre que ce qui t'arrange. Ça expliquerait ton amitié idyllique avec ce cher Max.

- Max a été là quand tout le monde m'a tourné le dos.

- Oui, et on a vu ce que ça a donné, réponds-je, amère.

- Tu veux savoir ? Tu veux vraiment savoir pourquoi je me suis détourné de toi qui prétendais être ma meilleure amie ?

- Je t'en prie, éclaire-moi, grincé-je, désormais immobile au milieu de la piste de danse.

- Nous ne nous connaissions pas lui et moi, et pourtant il a tenu tête à ma mère. Il avait à peine onze ans et elle a failli le démolir, mais il a tenté quelque chose. Toi, tu vivais à quelques mètres, et jamais tu n'as réagi. Du moins, pas vraiment.

- J'avais peur. Que voulais-tu que je fasse ? Je n'étais que...

- Je sais. Mais du haut de mes onze ans, je me suis dit que tu ne m'aimais pas, que tu faisais semblant, que tu étais indifférente à mon sort. Et au Collège, j'ai été plutôt méchant, mais je t'en voulais.

- Et tu penses que ça excuse ou efface tous tes coups bas ?

- Bien sûr que non, je t'éclaire juste sur mon amitié avec Max. Et si j'ai... insisté pour danser avec toi, c'est parce que je veux que tu me regardes dans les yeux et que tu répondes à une question. Une seule petite question.

- Laquelle ?

- Qu'as-tu ressenti en entendant notre chanson ? Est-ce que tu t'es rappelé toutes les fois où je la chantais pour toi ?

- Oui Liam, je m'en souviens. Et alors ?

- Nous étions près de la rivière. Maman m'avait battu, et j'avais deux grosses marques dans le dos. Tu as pleuré en les voyant, et c'est la seule fois où tu as fredonné cette chanson pour moi. Tu as dit que quand nous serions grand tu m'épouserais pour t'assurer que jamais plus on ne me fasse du mal.

- Malgré tous tes reproches, j'essayais de te protéger, à ma manière.

- Rose...

- Liam, je devais avoir huit ans !

- Oui, mais c'est ce jour-là que j'ai décidé qu'un jour je t'offrirais une bague. Et malgré mes ressentiments infondés à ton égard, je l'ai fait. Parce que je t'ai toujours aimé, et que je t'aimerais probablement toute ma vie.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant