Chapitre 14. La Soirée de l'année.

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— Vous êtes sérieux? m'écriè-je, à la fois choquée et surprise.

Son impénétrable masque me dévisage, glissant doucement dans le néant, tandis qu'il s'approche de moi.

— Pourquoi contestez-vous systématiquement tout ce que je vous dis?

— Je ne fais rien de tel.

— Bien sûr que si.

— ça me paraît juste aberrant. Cette Mina a travaillé chez vous, assez longtemps, si j'ai bien lu entre les lignes? Vous la congédiez, et elle devient persona non grata pour tous vos employés?

— Mina a permis à la concurrence de nous voler des clients en leur donnant des informations confidentielles.

— Mais peut-être qu'elle s'est faite abuser par ce... ce... type.

— Je vous l'accorde, mais le résultat est là, on a perdu deux clients.

— Ce qui représente...

— Je vous demande pardon?

— A combien s'élèvent les pertes?

— Rose... dit-il en fermant les yeux une minute, passablement énervé. La question n'est pas là, Mina a rompu le contrat de confidentialité qu'elle a signé en venant travailler ici, et en plus, elle a camouflé l'affaire durant deux mois. Je ne travaille pas avec des gens en qui je ne peux pas avoir confiance.

— OK, cela me semble raisonnable.

Il éclate de rire.

— Raisonnable? Vraiment? me taquine-t-il. Pensez-vous que j'attende votre approbation Rose?

Je fais la moue.

— Bien sûr que non. Et j'obéirai aveuglément à vos ordres, concernant le travail, mais vous ne pouvez décemment pas me dire qui je peux voir ou non sur mon temps libre.

Il ne réagit pas. Il me fixe, mystérieusement, toujours insondable. Je n'arrive pas à le cerner. Que se passe-t-il dans cette éblouissante tête?

— Vous êtes toujours là? demandé-je.

— Hum. Oui, et mes directives tiennent toujours, Rose. Je ne tiens pas à ce que Mina ait des contacts avec mon personnel.

— Eh bien, je ne sais pas si vous avez entendu ce que je vous ai dit, mais ne comptez pas sur moi pour changer de trottoir si je la croise. Cela-dit, étant donné qu'elle ne m'a pas adressée plus de deux mots depuis mon arrivée, vous n'avez sûrement pas à vous en faire...

Il écarquille les yeux, rit doucement d'abord, puis s'esclaffe littéralement.

— Qu'est-ce qui vous prend?

— Vous êtes déroutante. concède-t-il, en se reprenant doucement.

— Je ne suis pas certaine que ce soit un compliment. fais-je remarquer. Est-ce le cas?

— Voulez-vous bien me laisser gérer ma boîte comme je l'entends?

— C'est votre réponse?

Il soupire, mais la commissure de ses lèvres trahit son enthousiasme.

— Vous aimez le cinéma, non? me questionne-t-il, de but en blanc.

— Je vous demande pardon? Je croyais être la seule dont la tête est un capharnaüm sans fin. Apparemment ce n'est pas le cas. affirmé-je.

— Rose. me reprend-il en fermant les yeux une infime seconde. Au Café français, vous avez dit être cinéphile.

— Oui, je le suis. Vous comptez m'interdire d'aller voir le dernier film à la mode?

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant