Chapitre 40. Repoussez vos limites!

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Nous entrons dans un long corridor aux luminescences roses dans lequel monte une musique ensorcelante. Voilà qui me plaît, cela crée une ambiance peu commune. Nous sommes conduits dans une pièce rectangulaire, dont l'éclairage est tamisé, une espèce de musée d'art étrange. Je mets quelques minutes avant de me rendre compte que ce sont des modèles nus, dont les corps sont peints - entièrement peints - qui sont exposés. Hommes et femmes. Concept étrange, certes. Improbable. Dégoûtant à certains égards. Malgré tout, je suis fascinée.

— Tu crois que les gens les achètent? murmurè-je.

— Oh, ne crois pas si bien dire... ça ne m'étonnerait pas d'Hitchner qu'il organise une vente aux enchères chaque soir.

— Tu plaisantes, n'est-ce pas? m'exclamè-je, horrifiée.

— Je ne dis pas qu'il le fait. Je suggère néanmoins que ce pourrait très bien être un idée à lui.

— C'est très étrange de trouver une exposition de ce genre après deux étages dédiés aux enfants.

— Alors, je sais de source sûre que le premier étage a été pensé pour accueillir des mises en scènes coriaces, avec des décors lourds et difficilement déplaçables. Je ne pense pas qu'il puisse remonter cette première attraction, donc il a fait avec les moyens du bord.

— C'est quand même bizarre. Je veux dire...regarde ça, grincé-je en montrant une femme nue dont le corps est recouvert de plumes, quel rapport avec le cinéma?

Les lèvres de Carter esquissent un sourire et j'observe son corps répondre à ses éclats de rire naissants. Ses épaules se soulèvent par intermittence, et un son hypnotique s'échappe de sa gorge. Cet homme est sublime. Aucun besoin de peindre quoique ce soit sur son corps, il serait à lui tout seul un faire-valoir d'exception.

— Je n'en ai absolument aucune idée, chuchote-t-il à mon oreille, mais les gens ne s'en plaignent pas. Et puis, par rapport à tes remarques précédentes, aucun enfant ne peut débarquer ici. L'entrée est scrupuleusement contrôlée par le gros bras à l'entrée.

— Oui, un sacré gaillard! reconnais-je.

— Je te parie ce que tu veux qu'il y a ici des parents qui ont laissé leurs enfants sous la bonne garde des elfes de Fondcomb, ou des professeurs de Poudlard...

— Harry Potter se trouve en dessous de nous?

— Oui, répond-il en arquant un sourcil interrogateur. Tu aimes?

— Tu te moques de moi? Non seulement ces livres ont bercé mon enfance, m'expliquè-je. Mais en plus, l'auteure a crée un monde plein de magie et d'espoir. C'est un classique de la littérature de jeunesse. J'adore!

Posant ses mains sur mes épaules - provoquant ainsi une réaction en chaîne démentielle qui me secoue de picotements des pieds à la tête - Carter me guide précipitamment vers une seconde porte que nous poussons en chœur. Je m'arrête devant le panneau "Dépassez vos limites!" et je le regarde. Il a l'air aussi étonné que moi. Nous sommes dans une autre pièce, entièrement rose, où les gens sont agglutinés devant une vitre sans teint.

— Si tu veux, on peut partir, me souffle Carter.

Forte de cette mise en garde à peine voilée, j'avance lentement, poussée par une curiosité sans borne, et je me fige. Je plonge malgré moi dans l'intimité d'un couple. J'observe les gens autour de moi. Sous une musique d'ambiance très sensuelle, cette bande de pervers est en train de jouer les voyeurs tandis qu'un homme dont tout le dos est entièrement tatoué honore une magnifique jeune femme blonde qui porte un masque de carnaval.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant