Chapitre 13. Nouvelles résolutions.

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Comme prévu, je me lève à l'aube pour aller courir. J'ai toujours été amatrice de sport. Gamine, j'aimais les courses d'endurance, et lors des cross scolaires, j'étais toujours sur le podium. Adolescente, j'ai délaissé les compétitions, mais je faisais de la danse contemporaine, et du bodyjam. Je chausse mes baskets, et je fais quelques pas pour m'échauffer. J'ai besoin de musique pour courir en cadence.

Avant de sortir, je prends donc mon téléphone portable et je programme ma playlist. Cette nuit, ne pouvant trouver le sommeil, j'ai sélectionné une liste de titres. 1. Accidentally in Love, de Counting Crows. 2. Sugar, de Maroon 5. 3. Follow Through, de Gavin De Graw. 4. Breathing underwater, de Marie Digby. 5. Bubbly, de Colbie Caillat. 6. Crazy, de Gnarls Barkley. 7. Fever, de Elvis Presley... Ils évoquent tous d'une façon ou d'une autre ce que je peux éprouver en présence de cet homme énigmatique.

Ce matin, je devrais penser à Athéna, mais mon esprit est embrouillé, empli de son souvenir, empli de lui. Allez, arrête tes conneries, et au galop! Je verrouille ma porte, et je prends les escaliers pour descendre d'un pas vif. La voix enivrante d'Adam Levine raisonnant dans mes oreilles, je marche précipitamment  vers un des plus grands et beaux havres de paix de la ville...Central Park. Je rejoins la boucle qui entoure le Réservoir.

Sans perdre davantage de temps, alors que Gavin De Graw prend le relais, je démarre mon footing. Mes pensées s'égarent de nouveau. Carter Lobs. J'ai du mal à le cerner. Il m'envoie sans arrêt des signaux contradictoires. Parfois j'ai l'impression qu'il partage mon ressenti à son égard, et d'autrefois qu'il est complètement indifférent. Prends les cartes en main, me murmure une petite voix - celle du cœur sans aucun doute - mais ma raison, elle, me crie que c'est une terrible idée.

Le vent s'engouffre dans mes cheveux, et j'adore cette sensation. Je me sens bien. Je ne le dois pas uniquement à mes enjambées toniques, mais à ce merveilleux parc. La vue magnifique du Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir, une vaste étendue d'eau, m'apaise indéniablement. J'inspire une fois, j'expire deux fois, et je maintiens un rythme régulier. Je sens l'air investir mes poumons. Je suis libre. Je suis sereine. C'est ce que nous offre Athéna, une plénitude inconditionnelle.

La sensation d'être libre de penser, d'agir et d'aimer me bouleverse. Je ne cesse de revoir le visage de mon patron si près du mien que c'en est indécent. Malgré l'activité physique à laquelle je m'adonne en ce moment, et la distance qui nous sépare, je sens des étincelles de désir flotter sur ma peau. Je ne comprends pas cette attraction entre nous. Mais une part de moi aime la tension que revêt mon corps en sa présence, et qui me rend si...vivante.

Sentant la morsure des efforts fournis dans mes cuisses, je fais machine arrière pour rentrer chez moi. Dans de plus longues foulées, j'apprécie de tendre et détendre mes muscles endoloris. Je me concentre sur ce paysage que j'aime tant pour canaliser les pensées qui continuent de m'assaillir. L'accalmie me gagne avec sérénité, devant la nature salvatrice, puis les blocs d'acier, éléments de décor contrefaits, mais tout aussi charmants, à certains égards.

— Carter Lobs, je prends les choses en main. clamé-je à haute voix en sortant de ma douche, et en me plantant devant mon miroir.

Après ce jogging, je suis en pleine forme. Je prends la décision de me confronter à cet homme qui me chavire. Soyons honnête, je l'ai déjà fait, inconsciemment, chaque fois que je lui ai tenu tête. Il faut dire qu'il a le don de me mettre hors de moi! Mais j'ai mis cela sur le compte de son mauvais caractère. Cette résolution est loin d'être anodine. Elle est la solution à un problème évident: défaire les nœuds qui bloquent ma respiration. J'y ai longuement réfléchi.

L'ouragan de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant