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Je me réveille le lendemain matin, en boule dans ma couette. Je suis fatiguée, mes cauchemars, encore et toujours.

Je me lève, m'habille simplement d'un pull noir et d'un jean gris sombre craqué aux genoux et déjeune puis sors. Je fais rouler mon skate sur la route. Je suis comme absente, la musique dans les oreilles -média-

Une voiture grille un stop et me frôle. Le conducteur s'arrête et viens vers moi.
- Ca va pas espèce de petite pute !! Tu sais pas regarder où tu vas ?!!

- T'avais qu'à pas griller le stop connard. Je balance en repartant sur mon skate.

Il me balance une pierre. Elle me tape le dos, mais ça ne me déséquilibre pas. Je ne fais même pas attention lorsqu'il me frôle de sa voiture. Je ne dis rien lorsqu'il attrape mon sweat par le col et qu'il me menace. Je le regarde dans les yeux, et j'y vois tout ses péchés, alors je cite, comme une litanie.
- Tu me craches dessus alors que tu oses tromper ta femme avec tes voisines, sa soeur, sa cousine, tes collègues de bureau et même la petite amie de ton fils. T'es une belle merde.

Il me lâche, ses yeux expriment tellement de chose, peur, dégoût, culpabilité. Je me tourne et remonte sur mon skate, puis continue ma route.

J'arrive au lycée, et rentre dans le campus. Les gens se retournent à mon passage. Ils m'insultent, je les entends.

Je marche dans le couloir, le skate sous le bras, et vais à mon casier. Je ne soupire même plus en voyant la porte en aluminium.

Satanique

Fille du pêché

Monstruosité

Démon

Je suis habituée à tout ces surnoms, tagués en noir sur mon casier. Je pose mon skate et récupère un livre. J'entends un bruit. Je ne sursaute même plus lorsque l'on frappe sur le casier à côté de moi. Je ferme le mien et remet le cadenas.
- Salut connasse, c'est quand que tu te décideras à te suicider ?

- Peut-être quand t'aura arrêté de léché la chatte de la poufiasse blonde qui te dévore le cul des yeux.

Je le laisse planté là, les autres rigolant. Certains me félicitent de tenir tête à tout ceux se croyant les rois du campus, même si c'est à un certain prix. Je m'en contrefous, je ne fais que dire la vérité. Je ne veux pas qu'on m'apprécie, c'est plus simple de n'avoir aucun sentiment amicaux, au moins, aucune trahison ne peut m'atteindre et encore moins des larmes lorsque quelqu'un se barre, se suicide, ou crève d'un accident. J'ai bien assez à faire avec ma mère.

Ici, dans cette ville, c'est très fréquent. Le maire est un pourri qui préfère se taper des putes à 250 dollars plutôt que diriger et s'occuper de la ville qui croule sous les délits.

Je vais en cours et me pose sur la table du fond, ma table, la seule recouverte d'écritures noires. Il y en a de nouvelles chaques semaines, chaques jours, chaques heures.

La prof est là, et elle me regarde avec ces airs de pitié dans le regard que je hais. Je déteste qu'on ai pitié de moi, mais j'aime avoir pitié des autres, et elle, celle qui a besoin de coucher avec le proviseur pour garder sa place, alors qu'elle est sûrement l'une des meilleurs enseignantes que je connaisse, j'ai tellement d'empathie pour elle. Elle a essayé de m'aider, pendant un temps, mais elle a vite arrêté lorsqu'elle a rencontré ma mère.

Les élèves entrent, et voilà que recommence le calvaire.

Le Requiem De L'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant