Le Requiem De L'ange

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Le jury se retire pour délibérer. La sentence va tomber dans peu de temps. Je me tourne vers Adam, il attrape ma main et fait tourner la bague autour de mon doigt. Je relève les yeux et l'admire une dernière fois, je marque dans ma mémoire les traits de son visage et chaques nuances de ses yeux de glace.

La porte s'ouvre, le jury rentre dans la pièce, un homme se détache du groupe et s'avance, mains jointes et regard triste. La sentence va tomber.
- Le jury a délibéré, nous déclarons la présente Hannah ....

Ma mère se lève d'un coup et se dirige vers les jurés, leur arrachant la feuille des mains. Le résultat n'a pas l'air de la satisfaire. Personne ne bouge dans la salle, l'air est lourd, je respire par à-coup, je sens qu'elle va faire quelque chose de mauvais, je le sens dans ma chair et mes os.

Elle vient vers moi et me regarde. Si ses yeux pouvaient tuer, je serais morte. Elle n'est qu'une vipère crachant son venin sur tout ce qui ne se soumet pas à elle et à sa foi. Je veux comprendre, je veux savoir pourquoi elle me hait.
- Tu mérites de mourir ... Elle lance, venimeuse puis elle part redonner la feuille avant d'aller se rasseoir.

Alors qu'elle passe devant moi, je me lève en frappant mes mains contre la table. D'abord la tête basse, je relève le visage vers elle ensuite, des larmes coulant sur joues.
- Pourquoi ... ?

Tout le monde se tait et pour une fois, ils semblent tous m'écouter.
- Pourquoi tu me hais à ce point ? Qu'est-ce que j'ai fait pour que ma propre mère me haisse ?!

Je me tourne vers l'assemblée, je veux des répondes.
- Pourquoi me traitez vous de démon ? Pourquoi me rejettez vous ? Qu'est-ce que j'ai fait ?!

Personne ne réponds, tous baissent la tête. Adam attrape ma main et la sers dans les siennes avant de se lever et me prendre dans ses bras.
- Je veux des réponses ! Pourquoi vous faites tout ça ! Pourquoi est ce que je dois subir sans pouvoir dire un mot ! Répondez bon sang !

Personne ne sait quoi dire, tout simplement parce qu'il n'y a pas de réponse, pourquoi les gens en harcèlent-ils d'autres ? Pourquoi ces personnes là ? Il n'y a et n'aura jamais de réponse. Pourquoi une fille s'est faite violée ? Parce qu'elle était habillée d'une certaine manière ? Ce n'est ni une réponse, ni un argument valable.

Je découvre avec dégoût que j'ai raison, depuis le début j'ai raison. Je n'ai rien fait qui mérites qu'on me haïsse autant, je n'ai pas demandé à être ce que je suis ou comme je suis, je n'ai pas demandé à naître, ni à m'appeler Hannah, je n'ai jamais demandé à avoir un esprit différent.
- Vous n'avez aucune réponse car vous ne savez même pas pourquoi vous faites tout ça, vous êtes de vrai moutons. Je lâche en serrant la mâchoire.

Ma mère a la tête basse, les yeux dans le vague, elle semble penser à quelque chose de lointain, puis soudainement, elle lève le nez et me regarde, pour la première fois sans une honce de haine.
- Je devais avoir deux enfants, deux petites filles, mais un jour, un médecin m'a dit que j'allais perdre l'une des petites, parce que la première prenait tout, empêchant le développement de sa soeur. J'ai perdu ce bébé, et ai du vivre avec l'autre, celle qui déjà dans mon ventre était une tueuse et cette enfant Hannah, c'est toi. Souffle ma mère en ne me lâchant pas des yeux.

Je suis sur le cul, à tel point que je me laisse tomber sur ma chaise. Jamais je n'avais entendu parler de cette histoire. Alors c'est pour cette raison qu'elle me déteste ?
- Tu te rends compte de ce que tu as fait, créature de Satan ?! Elle crie.

- PARCE QUE TU CROIS QU'À CETTE ÉPOQUE J'ETAIS CAPABLE DE PENSER ! TU CROIS SINCÈREMENT QUE J'AURAIS VOULU TUER MA PROPRE SOEUR ALORS QUE JE N'ÉTAIS MÊME PAS NÉE ?! Je hurle.

Je pleure, la rage me monte à la gorge. Je viens d'apprendre que j'aurais dû avoir une soeur, et on m'accuse de l'avoir tué, alors que je n'étais qu'un foetus !
- ET EN PLUS TU PENSES QUE CELA JUSTIFIE TOUT CE QUE TU M'AS FAIT ! Je continue en serrant les barreaux de ma chaise.

La salle est silencieuse, personne ne parle, tous ont la tête basse en découvrant tout cela, dont je n'étais même pas au courant. Je me renfrogne sur la chaise, les bras croisés.
- Donnez nous la délibération, qu'on en finisse puisque même avant de naître j'étais déjà une meurtrière. Je balance.

Les jurés se tourne vers le juge qui acquiesce. L'homme reprend la feuille et commence à lire.