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Je rentre à la maison toujours en boitant et en me tenant les côtes. Ma mère fait à manger, comme toujours à cette heure. Je monte poser mon sac puis redescend.

Je vais a la cuisine et essaye d'aider, mais comme toujours
- Vas t'en, je n'ai pas besoin de toi ! Beugle ma mère en me poussant et en me jetant un regard noir.

- Chérie, elle essaye simplement de t'aider. Dis doucement mon père en posant une main sur mon épaule.

- Je refuse que ses mains démoniaques touche la nourriture que Dieu nous offre !!!

Très bien. J'ai compris. Je sort dans le jardin et me dirige vers l'arbre que hais ma mère, celui pourtant ou elle me prenait sur ses genoux alors que j'avais à peine quelques mois, photo à l'appui. Je m'installe sur la balançoire, comme lorsque j'étais enfant, lorsque tout allait bien, que je n'avais pas raconté ce cauchemar.

Le vent est froid autour de moi, la pluie tombe lentement, mais je ne bouge pas. La petite averse se transforme en déluge. L'eau trempe mes cheveux et traverse mes vêtements, mais qu'est-ce que ça peut faire ?

Mon père vient me chercher pour aller manger. Je rentre et ma mère me lance un regard furieux.
- Tu es trempée !

- Comme si ça te faisait quelque chose ! J'assène.

- Tu mouilles mon plancher ! Dégage traînée ! Elle crit.

- S'en est assez ! Comment oses-tu traiter notre enfant de cette manière ?! Intervient mon père.

Et voilà, ils s'engueulent encore, par ma faute. Je suis couchée dans mon lit, je n'arrive pas à dormir. J'entends leur voix à travers les murs. Mon ventre vide ne gargouille même pas. L'habitude sans doutes.

Les voix se taisent. J'entends ma mère pleurer, comme toujours, c'est elle la victime de l'histoire. Mon père entre dans ma chambre et vient s'asseoir sur le bord de mon lit. Je sens une bonne odeur. Il m'a préparé une assiette de mon plat préféré, des pâtes à la carbonara avec un jaune d'oeuf.

Je me met a pleurer, je me suis tellement blindée, j'ai tellement encaissé que je ne pleurais plus jusqu'à il y a peu, et là, de voir le reflet de ma détresse dans les yeux de mon père, je ne peux le supporter.
- papa ... Pourquoi est ce que tout le monde me traite de démon ? Je pleure en le regardant.

- Ma petite fille ... Il soupire en me prenant dans ses bras. Tu n'es pas comme les autres, tu es plus mâture, plus ouverte d'esprit. Tu comprends des choses que les autres ne pourront jamais comprendre. Tu vois les choses sous un angle différent. Tu n'attache aucune importance à la religion et tu sais combien ici, c'est important. Je te le jure, tu seras heureuse, dans une autre ville.

- Papa, je refuse de te laisser seul avec elle !

- Ma chérie, c'est toi son souffre douleur et je préfére que tu sois loin et heureuse plutôt qu'ici, maltraitée et battue par ta propre mère.

- Mais papou, c'est sur toi qu'elle portera sa haine si je pars, je suis habituée, je tiendrais.

Il sourit et pleure lui aussi. Mon pauvre papa ... A cause de moi, tout ça, c'est à cause de moi ... Je n'ai fait qu'une erreur que j'ai tant de fois essayé de racheter, mais rien n'y fera ... Mon erreur restera graver à jamais ... Mon erreur fut celle de naître.

Le Requiem De L'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant