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Mes yeux s'ouvre lentement, ma tête cogne et claque contre le cuir des sièges. Je ne sais pas depuis quand je dors. Je pose ma main sur mon front et couines.

J'ai mal ...

Ma vision est floue, je ne distingue que des formes et des lumières. Le gars côté passager se tourne en m'entendant bouger.
- Ça va petite ? Il demande en me tendant un petit paquet de glace. T'as pris un sacré coup sûr la tête.

- Que vous avez contribué à donner. J'ajoute, en prenant la poche.

Je pose le plastique gelé contre mon front, je grimace d'abord puis finis par m'habituer au froid. La voiture s'arrête, l'un des hommes descend et va sonner à la grande porte tandis que l'autre ouvre ma portière. Je descend et observe autour de moi, en serrant mes bras contre mon corps et me met à grelotter, la façade du bâtiment est austère et pas très accueillante.

La brique rouge est vieillie par le temps, tout comme les volets, totalement pourri. Cet endroit est lugubre, bâti sur les hauteurs de la ville, triste et funèbre en même temps. J'ai l'impression de voir une incarnation physique de mon esprit. Tourmenté et renfermant mille et un secret.

Les hommes me font signent d'avancer. Je n'arrive pas à décoller ma semelle du sol, j'ai soudainement peur car je sais que je ne vais pas voir la lumière du jour avant un moment. J'ai la soudaine envie de fuir à toutes jambes, partir, vivre ailleurs et oublier, enfin tout oublier. Je ne veux pas entrer dans la bâtisse, je sens qu'elle ne va m'apporter que le déclin, que jamais je ne sortirais de là. Je refuse de me retrouver seule avec moi même, mes démons me courant après sans cesse.

Je recule sans le vouloir, l'un des hommes m'attrapant violemment l'épaule, ce qui me fait couiner de douleur. Il commence à me tirer vers les portes. Je me débat de plus en plus, je refuse de passer les battants de bois, je sais que je vais sombrer, je le sais et je refuse. Je veux voir Adam, je ne peux pas garder la tête hors de l'eau sans lui.
- Non, lâchez moi ! Je veux parler à mon avocat, je veux voir le juge ! Noon, laissez moi ! Je crie lorsque l'un d'eux m'attrape par la taille et me soulève comme une plume.

Je frappe ses bras, griffe, gigote et mords. J'appelle au secours mais personne ne bouge, j'ai l'impression que l'on m'a déjà enlevé la parole, que peut-importe si je suis saine d'esprit ou non, c'est pareil et je n'ai rien à dire. Je m'épuise dans les bras fort du flic, mais je continue rageusement jusqu'à ce que le deuxième attrape mes mains avec une seule des siennes et ne me mette une gifle retentissante.

Je me fige, ne parle plus, mes yeux clignent et je porte lentement ma main à ma joue. Je me met lentement à pleurer, puis me blotti dans les bras de celui qui me tient. Il passe alors la porte et je sais dès cet instant que je vais sombrer, je le sens, ces portes ont sonnés le glas de la fin. La lumière qui émane de la porte encore ouverte s'éloigne de plus en plus. Je la regarde avec espoir tandis que l'un des soigneurs ferme lentement les battants. La lumière disparaît, tout comme ma voix. Je ne veux plus émettre un son, plus jamais.

Le Requiem De L'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant