Je passai la matinée à retourner les événements dans ma tête. Je fus totalement incapable d'abattre la moindre tâche. Tout ce que je pus faire, ce fut réfléchir et faire des recherches sur internet. J'eus du mal à trouver une façon de dénommer ce qu'il s'était passé. Ce n'était pas une « perte de conscience » ni un « moment d'absence ». Je ne savais même pas quoi écrire.
Quelque part, ça ressemblait à du somnambulisme sans en être puisqu'il était réveillé. Je finis par taper « somnambulisme en étant éveillé ». J'eus un bon nombre de pages à fouiller. Ce n'était que des articles sur le somnambulisme et les désordres du sommeil. Dont une parlait d'automatisme.
En médecine, l'automatisme est un bref épisode d'inconscient. Le malade agit de façon inconsciente pendant quelques secondes ou plusieurs minutes, parfois plus longtemps. Il peut se souvenir ou non, parler de façon cohérente ou non.
Selon l'article, cela pourrait être relié à une maladie comme l'épilepsie, le somnambulisme. Certains médicaments pourraient même causer ce problème.
La description des événements était si proche de ce qu'il s'était passé que je m'en sentis rassurée. Cependant, il y avait une différence majeure entre les exemples d'actions et ce qu'il s'était passé avec Carter. Le malade agissait de façon automatique, c'est-à-dire, faisant des actions du quotidien : conduire, cuisiner, se doucher... Ce genre de choses.
Or, Carter m'avait dit que jamais il n'aurait été dans ce grenier de lui-même. De plus, il m'avait bien dit que seul le directeur avait la clé.
Je ne savais pas quoi penser. C'était forcément une forme d'automatisme. Il ne pouvait pas en aller autrement. Je ne croyais pas aux histoires de fantômes. Elles me divertissaient et j'aimais les films d'épouvante mais je n'y croyais pas.
Nonobstant, je ne pouvais nier avoir peur. Entre Jenna, Lila et maintenant Carter... Toute cette farce commençait à être un peu trop élaborée pour n'être qu'une vaste blague. Avaient-ils joué le même tour à Jenna ? Y avait-elle cru ?
Si c'était une comédie à l'échelle de la ville, Lila ou Louis me l'aurait dit. Ils savaient pour ma santé et ils n'auraient pas cautionné cela. J'en étais certaine. Peut-être qu'ils ne pensaient pas que ça avait cette ampleur... ?
Je me pris la tête entre les mains, une puissante migraine commençant à pointer le bout de son nez. Je ne devais plus penser à ça. Plus pour le moment, en tout cas. J'allais me concentrer sur mon travail et, ensuite, je verrais. Une fois chez moi, je pourrais faire des recherches si c'était nécessaire.
Soit ils jouaient la comédie pour me faire peur, soit Carter avait un problème. Que ça soit de l'épilepsie qui déclenchait des crises de somnambulisme ou d'automatisme. Ou alors, c'était juste moi qui me montait la tête, toute seule, angoissée que j'étais.
Je travaillai jusqu'à midi, m'obligeant à me concentrer pour ne plus réfléchir. Lorsque l'heure vint de descendre dans la cafétéria, je ne pus m'empêcher de passer par la pièce au bout du couloir pour vérifier la porte. Je tirai sur la poignée.
Elle résista. J'eus beau insister, elle était fermée. Verrouillée. Impossible à ouvrir. Rien n'y fit. C'était juste impossible. Ça ne se pouvait pas. Carter l'avait ouverte à notre arrivée. Nous étions montés dans ce maudit grenier. Et il n'avait pas pu reverrouiller.
Sauf peut-être lorsqu'il m'a dit qu'il allait chercher la trousse de secours. Il avait eu le temps d'aller verrouiller la porte pour me faire croire qu'elle était fermée tout du long.
Je secouai la tête, refusant le début de paranoïa qui me guettait. Si je me laissais aller à songer à une quelconque coalition, j'allais devenir folle. Totalement barrée. Exactement comme Jenna. J'allais devoir fuir Bloomingdale et, sûrement, finir chez le psy.
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Le Secret de St John's
ParanormalBloomingdale semble être un petit village simple, calme, inoffensif. En tout cas, c'est ce que pense Yvana lorsqu'elle emménage dans ce village d'Oregon, à quelques heures de Portland pour fuir la pollution qui la rend malade. Toutefois, elle ne pe...