Je regardai autour de moi. La pièce était vaguement familière. Je ne parvenais pas à la resituer mais je savais que j'y étais déjà entrée auparavant. Le seul problème était que je ne savais pas dire où j'étais.
Il faisait sombre. Très sombre. Les ombres étaient omniprésentes, inquiétantes, mouvantes. Elles se rapprochaient. Elles étaient partout.
J'avais froid. Mon pyjama ne parvenait nullement à parer les vagues de fraîcheur polaire qui venaient se heurter à moi. Je m'enroulai dans mes bras, cherchant la sortie. Je ne voulais pas rester là. Je ne devais pas rester là.
J'avançai au hasard. Je finirai bien par trouver un mur. Et s'il y avait un mur, je finirai par trouver une porte.
Je heurtai quelque chose. Au bruit que cela fit, c'était une étagère en métal. Lourde ou chargée. Je tendis les mains pour en sentir les contours et avancer. Je faillis tomber en avant lorsque l'étagère se termina alors qu'il n'y avait pas de mur derrière.
Je plissai les yeux. Il y avait de la lumière. Un fin rayon, à peine discernable dans l'obscurité. Les mains tendues en avant, j'avançai vers la petite lueur, espérant trouver la sortie. Ou au moins un moyen de m'éclairer.
Je percutai quelque chose. Un échafaudage de cartons. Ils se renversèrent sur le plancher dans un grondement assourdissant. Je me figeai, soudain glacée.
C'était derrière moi. Ça respirait. Dans ma nuque.
Je déglutis, tremblante. Devant moi, il y avait cette lumière. J'ignorais ce que c'était, si ça pouvait m'aider à sortir d'ici ou non. Derrière moi, il y avait ça. Reculer n'était pas envisageable.
Tu es à moi...
Des larmes brûlantes coulèrent sur mes joues, gelant le long de ma mâchoire. J'étouffai un cri dans ma main lorsque des doigts glissèrent sur mes épaules. Ça voulait que j'avance.
À moi...
Je fermai les yeux alors que ça me poussait en avant. Un pas, deux pas... Tout droit vers la source de lumière. Soudain, elle me paraissait menaçante, loin de la promesse d'une sortie que j'avais formé autour d'elle.
À mesure que je m'approchai, je commençais à distinguer les formes acérées, toutes en angles. L'image était encore gravée dans ma mémoire aussi n'eus-je aucun mal à savoir à quoi je faisais face.
La maquette de St John's.
J'étais dans le grenier de l'école.
C'était clair soudain. Les étagères, les boîtes en cartons... Je comprenais soudain la sensation de familiarité que j'avais eue en découvrant la pièce.
Que faisais-je ici ? Pourquoi ça m'avait-il amenée ici ? Que me voulait-il ? Et surtout, quel rapport la maquette avait-elle à voir avec tout ça ?
Ça me poussa plus violemment, me faisant tituber en avant sur quelques mètres. Je me rattrapai à la table sur laquelle était posée la réplique de St John's. La lueur provenait de l'intérieur. Elle passait par l'une des petites fenêtres en plastique.
Je me penchai, saisissant l'occasion pour essayer de distinguer quelque chose derrière moi. Sans rien voir puisqu'il n'y avait que du noir.
Dans la maquette par contre, c'était une autre histoire. Une bougie miniature était allumée, sa flamme vacillait, réelle. Je sursautai, mon cri résonnant dans le grenier vide, lorsqu'une vraie bougie s'alluma derrière moi, créant encore plus d'ombres, dévoilant très peu de la pièce.
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Le Secret de St John's
ParanormalBloomingdale semble être un petit village simple, calme, inoffensif. En tout cas, c'est ce que pense Yvana lorsqu'elle emménage dans ce village d'Oregon, à quelques heures de Portland pour fuir la pollution qui la rend malade. Toutefois, elle ne pe...