Une étincelle dansait devant mes yeux. Pas comme un grain de poussière qui serait tombé du plafond. Plutôt comme un moustique qui virevolterait devant moi, cherchant une ouverture pour frapper et venir me pomper le sang.
Je fronçai les sourcils, perplexe. Il faisait nuit noire. Si c'était un moustique, je n'aurais pas pu le voir. Je l'aurais entendu mais je ne l'aurais pas vu. Et pourtant, la petite boule dorée était bien là, mouvante, brillante. Je n'osais pas tendre la main.
Je rêvai, je le savais. Si je touchais cette étincelle, qu'est-ce qui allait arriver ? Rien de bon, pour sûr. Je préférais m'en éloigner mais je n'y voyais rien. Et n'importe quoi pouvait se cacher dans une telle noirceur.
L'étincelle commença à grossir. Je fis un pas en arrière. Mon talon s'appuya sur ce qui me parut être un rebord. De plancher ou autre, je l'ignorais. Mais après, c'était le vide.
Je fis glisser mon pied le long du bord, cherchant une échappatoire. Peut-être étais-je en haut d'un escalier. Si c'était le cas, je pouvais peut-être fuir. Toutefois, je n'étais pas encore prête à tenter ma chance.
L'étincelle continua de grossir. Elle s'allongea, tirant vers le bas. Autour d'elle, une forme d'aura pulsant doucement, tentant de lutter contre les ténèbres qui voulaient l'éteindre.
Fuis. Ce n'est pas moi.
La voix me parut familière. Je ne parvins pas à me souvenir exactement à qui elle appartenait mais je la connaissais.
Malgré tout, je ne pris pas le temps de réfléchir plus longtemps. La voix se remit à parler.
Fuis. Protège-toi !
L'aura lumineuse de l'étincelle se fendit, blessée par des filaments de ténèbres épaisses.
FUIS !
Le son de la voix était déformé, trop fort. Il me vrilla les tympans au point que je compris à peine.
L'étincelle explosa brusquement, un cri retentissant dans les méandres de l'endroit où j'étais. Ma rétine brûla, je criai, basculai en arrière.
Dans le vide.
Je me réveillai en sursaut dans mon lit, entortillée dans mes draps, trempée de sueur. J'avais mal aux yeux. Une faible lueur traversait les rideaux, déjà trop intense pour pour moi. Je serrai les paupières, plaquant mes poignets sur mes yeux pour les protéger.
C'était atroce, cette douleur. J'allais devenir aveugle. À cause d'un rêve. C'était impossible. Je ne pouvais pas devenir aveugle. Pas comme ça, pas maintenant. Je refusais cette idée.
Je rouvris une paupière, testant la photosensibilité de ma rétine. La douleur fut intolérable. J'enfouis mon visage dans mon oreiller, la panique me nouant la gorge. Il leur fallait juste le temps de se remettre. Je n'allais pas être aveugle. Mes yeux allaient se remettre. Il ne pouvait en aller autrement.
Un bruit léger résonna dans la pièce. Je me raidis dans mon lit, tendant l'oreille. Une drôle d'odeur monta du sol. Un mélange de pot pourri et de moisi. De fruits pourris abandonnés dans l'humidité. J'eus un haut-le-cœur tant elle était forte, écœurante.
Et je compris.
Je n'étais toujours pas réveillée. Je rêvais encore. Mais, cette fois, la terreur était de mise. Je savais ce qui allait arriver. Ça allait débarquer. Et, cette nuit, ça allait m'attraper.
Je relevai la tête, gardant les yeux fermés par sécurité. Je ne tenais pas à être paralysée par la douleur s'ils étaient toujours photosensibles. Chaque seconde me serait nécessaire pour parvenir à lui échapper. Si j'y parvenais. Or, il n'y avait rien de moins sûr.
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Le Secret de St John's
ParanormalBloomingdale semble être un petit village simple, calme, inoffensif. En tout cas, c'est ce que pense Yvana lorsqu'elle emménage dans ce village d'Oregon, à quelques heures de Portland pour fuir la pollution qui la rend malade. Toutefois, elle ne pe...