Ma vie rêvée n'était pas si loin de la réalité, en fin de compte. J'avais juste glissé du surnaturel dans ce qu'il se passait. Dans ce que j'entendais du monde réel.
Tout du long, j'avais perçu leurs conversations à mon chevet. Carter avait passé tant de temps assis à côté de mon lit qu'il en avait perdu son boulot, qu'il m'avait raconté mille et unes histoires. Je savais tout mais je ne l'avais pas réalisé une seule seconde.
Je pus démêler le vrai du faux lorsque Carter me raconta toute l'histoire.
Louis et Carter étaient amis, exactement comme dans mon délire. Ils s'étaient retrouvés pour boire un verre ou deux mais comme mon fiancé (nuance que j'avais encore du mal à intégrer) devait reprendre la voiture, il avait refusé l'alcool que lui proposait Louis. Au final, ce dernier avait glissé l'alcool dans son verre. Le Carter soûl qui avait pris la voiture était ce démon qui l'avait hanté et possédé dans mon rêve.
Ma maladie était les effets du coma, les problèmes que l'accident avaient eu sur mon corps. La magie, l'exorcisme... C'était simplement les médicaments qu'ils m'injectaient. Nos collègues de St John's étaient les autres patients de Kenna Slavinder, mon médecin. Holly était un dommage collatéral de l'accident. Une piétonne prise entre les deux voitures. Les médecins avaient longtemps pensé qu'elle allait survivre. Ses blessures avaient été trop graves, malheureusement.
Même cette enquête dans mon délire avait une part de réalité. Comme Carter était soûl lorsqu'il y avait eu cet accident, la police avait directement assumé que c'était lui le responsable. Il avait dû aller jusqu'au tribunal avant d'être innocenté.
Parce que c'était Elizabeth Baxton qui avait causé cet accident. Elle conduisait avec son téléphone collé à l'oreille. Elle s'était tournée pour changer de CD et elle avait dérapé, perdu le contrôle de sa voiture. Tout s'était déroulé en l'espace de quelques secondes. Sa voiture avait dérapé, tourbillonné, percuté la nôtre.
Elizabeth était morte sur le coup. C'était pour ça que c'était elle qui était à l'origine de la malédiction. C'était elle qui conduisait la voiture qui m'avait presque tuée.
La mort de Lila n'avait rien à voir avec notre accident. Pas techniquement, en tout cas. Elle... Elle s'était suicidée. À cause de Louis et de la peine qui lui avait infligée, de ce qu'il avait causé, de ce qui lui avait jeté au visage à cause de ce qu'il ressentait vraiment.
Il l'avait bien caché toutes ces années. Nous l'ignorions tous jusqu'à ce que Carter et moi annoncions nos fiançailles. Il avait décidé de tout faire pour nous séparer. Il avait bêtement pensé que de voir Carter rentrer avec la voiture alors qu'il était soûl, brisant ainsi la promesse qu'il m'avait faite, allait me mettre si en colère contre lui que j'aurais rompu avec lui. Je ne l'aurais jamais fait mais Louis l'ignorait.
Il n'était pas venu me voir une seule fois. Je n'avais pas osé demander après lui. La dernière chose que je voulais, c'était faire du mal à Carter. Or, demander après celui qui l'avait fait boire le jour de l'accident n'était pas une façon de le protéger.
Carter blâmait le monde entier et se blâmait encore plus. Il s'en voulait de ne pas avoir senti l'alcool dans ses verres. Selon lui, il aurait dû s'en rendre compte. Il aurait dû appeler un taxi pour passer me prendre mais Louis l'avait convaincu qu'il n'était pas soûl puisqu'il n'avait pas bu une goutte. Il avait prétendu qu'il était simplement fatigué. Qu'il ne risquait rien.
Je ne savais toujours pas si je haïssais Louis ou si j'avais simplement pitié de lui. Sûrement un peu des deux. Durant tout ce temps, il avait agi comme un meilleur ami. Il avait menti à tout le monde. Je comprenais désormais pourquoi le démon s'était montré si jaloux face à Louis. Il savait. Il connaissait le cœur de notre ami comme moi ou Lila n'avions jamais pu le connaître.
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Le Secret de St John's
ParanormalBloomingdale semble être un petit village simple, calme, inoffensif. En tout cas, c'est ce que pense Yvana lorsqu'elle emménage dans ce village d'Oregon, à quelques heures de Portland pour fuir la pollution qui la rend malade. Toutefois, elle ne pe...