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Je rouvris les yeux sur le plafond bleu ciel de l'infirmerie de l'école. La façon dont j'étais arrivée là était un mystère total. Mes vêtements me collaient à la peau, encore humides mais chauds de la couverture dont j'étais recouverte. Je me redressai. Un élan de douleur remonta dans ma main jusqu'à mon coude.

Ma main était bandée et tâchée de petits points de sang. J'avais la tête dans un étau. J'avais dus m'évanouir. Quand et pourquoi, je n'étais certaine de vouloir me souvenir.

- Tu es réveillée !

Je sursautai violemment à l'entente de la voix soulagée et retentissante de Ginny. Elle avait les yeux rouges et le teint blafard. Elle s'assit à côté de moi.

- Tu nous as fichu une sacrée trouille ! J'ai cru que Carter allait tuer les deux inspecteurs qui tentaient de lui passer les menottes !

Je cillai. La réalité me gifla de toutes ses forces.

Carter, arrêté. Pour un double meurtre.

- Je me suis évanouie ?

Elle hocha la tête en me tendant une tasse fumante. Un parfum de menthe me parvint.

- Quand le jeunot a sorti les menottes, tu t'es effondrée. Carter a essayé de te rattraper, les flics sont devenus dingues. Ils l'ont attrapé et il hurlait de le lâcher, qu'il fallait t'aider. Le plus vieux, Linger, l'a laissé te porter mais il avait son arme à la main. Une fois que tu as été allongée sur le lit, il a suivi les flics sans rechigner.

Les larmes se mirent à couler, silencieuses, brûlantes. Carter s'était mis Vults à dos en agissant ainsi. Linger, lui, semblait un peu plus réfléchi. Toutefois, ça ne sentait pas bon. Si Carter accepterait la garde à vue sans broncher, il n'en irait pas de même pour le démon.

- Pourquoi ? Pourquoi ils l'ont arrêté ?

- D'après ce que j'ai réussi à glaner, il y aurait que des preuves indirectes et des coïncidences. Il ne devrait pas rester longtemps en cellule, si tu veux mon avis. Carter n'aurait jamais fait ça. Ils s'en rendront vite compte.

- J'espère.

Elle me pressa l'épaule avant de se lever.

- Quand tu te sentiras prête, je te ramènerai chez toi.

- Merci, Ginny.

Elle me sourit avec gentillesse et tristesse. Et cette pitié qui me retourna l'estomac. Je fus bien contente lorsqu'elle sortit de la pièce en fermant la porte.

Je balançai ma tasse contre le mur avec un cri de rage et de désespoir. Les sanglots me déchirèrent la gorge, les larmes m'enflammèrent les yeux. Je me levai, jetai les oreillers, les draps, renversai le chariot où Ginny avait posé ce qu'elle avait utilisé pour me soigner.

Ma séquence de destruction se termina vite. Je m'effondrai au milieu de la pièce et des dégâts que j'avais causés. J'enfouis mon visage dans le drap qui gisait près de moi et pleurai comme je n'avais encore jamais pleuré.

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Le trajet jusque chez moi fut silencieux. J'avais fini par me calmer et j'étais sortie de l'infirmerie comme si de rien n'était. J'avais simplement suivi Ginny jusqu'à sa voiture et je m'étais blottie sur le siège passager. Elle n'avait rien dit.

Je me moquais que tout le monde m'ait entendue hurler et détruire l'infirmerie. Je m'en foutais comme de la saucière de ma grand-mère. J'avais dépassé une limite et l'avis des gens ne m'importait plus le moins du monde. Je me foutais de ce qu'ils pouvaient penser de moi. S'ils me pensaient folle. S'ils se mettaient à croire que Carter ou moi – ou Carter et moi, d'ailleurs – pouvions avoir tué Holly.

Le Secret de St John'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant