J'avais pensé souffrir lorsque mon crâne s'était fendu, avait gerbé tout ce qu'il avait, avait gobé tout ce qu'il pouvait. Mais ce n'était rien à côté de l'effet qu'eurent ces cinq mots.
Lila Dawson a été assassinée.
Ils tournaient dans ma tête à la manière d'un disque rayé. Ils étaient inscrits au fer blanc dans ma mémoire. Dans ma chair. Dans mon cœur.
Lila Dawson a été assassinée.
Je ne pleurai pas. J'aurais pensé que je le ferais. J'en étais cependant incapable. Le choc était trop abrupt, trop fort. Toutes mes réactions étaient coincées. Plus rien ne fonctionnait.
Lila Dawson a été assassinée.
Et je savais déjà qui l'avait fait. Je n'avais pas à réfléchir. Je le savais. Le pire était de ne pas savoir si je devais le dénoncer. Je faisais face aux policiers, le nom de l'assassin de ma meilleure amie sur le bout des lèvres, sans parvenir à le dire.
- Elle a été retrouvée sur son lieu de travail, reprit le plus âgé des officiers.
- Comment est-ce possible ? Vous savez qui a fait ça ?
Ils secouèrent la tête dans une synchronisation parfaite. Leurs chevelures suivirent le même mouvement de balancier, la lumière du plafonnier jouant dans leurs mèches sombres.
Lila Dawson a été assassinée.
Ces mots. Encore. Pour m'empêcher de m'être la vérité de côté. Pour me forcer à affronter mon pressentiment. Pour me forcer à affronter l'horreur.
Pour me forcer à accepter que Carter avait tué ma meilleure amie.
Je baissai les yeux, fuyant le regard des policiers. Ils ne devaient sous aucun prétexte se douter que je savais quelque chose. Carter n'était pas lui-même lorsqu'il l'avait fait. C'était le démon. Il avait besoin d'aide et ce n'était pas sur la chaise électrique qu'il allait la trouver.
Une part de moi voulait l'y envoyer. Inventer une conversation, des menaces. Voulait à tout prix que Carter et ce qui vivait en lui grille, accusé de ce meurtre que je devinais atroce au vu de l'absence de détails donnés par les policiers.
- Savez-vous quoi que ce soit, mademoiselle... ?
- London. Yvana London.
Je ne répondis pas à sa question et j'en avais conscience. Tout comme je me doutais que cela les rendait encore plus suspicieux.
- Comment pourrait-elle savoir quoi que ce soit ? rétorqua sèchement Louis. Elles ne se sont pas vues depuis hier soir !
- Mademoiselle Dawson était votre meilleure amie. Vous a-t-elle parue tendue ? Avait-elle peur de quelqu'un ou de quelque chose ?
Oui, elle avait peur. De ma maison, du démon qui avait attaqué son petit ami, de tout ce qui tramait dans la nuit. Je doutais qu'ils acceptent une telle réponse, malheureusement.
Résignée à devoir mentir à la police, je secouai la tête.
- Si c'était le cas, elle ne m'en a pas parlé.
La main de Louis trouva la mienne entre nous, cachée des regards scrutateurs des deux policiers. Je la pressai, tentant de le rassurer autant que je cherchai à m'assurer que je faisais le bon choix.
- Elle n'avait pas d'ennemis connus ?
- Je vous ai déjà dit que non, cassa Louis, à bout de nerfs.
- Pas que je sache, dis-je. Elle s'entendait bien avec tout le monde.
- Bien, finit par dire le plus âgé de deux en se levant. Si vous vous souvenez de quelque chose, le moindre détail, appelez-nous.
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Le Secret de St John's
ParanormalBloomingdale semble être un petit village simple, calme, inoffensif. En tout cas, c'est ce que pense Yvana lorsqu'elle emménage dans ce village d'Oregon, à quelques heures de Portland pour fuir la pollution qui la rend malade. Toutefois, elle ne pe...