Réunir tous les ingrédients fut plutôt facile. Ça ne prit que trois heures à Louis pour aller à Rosding et tout récupérer. Il avait refusé net d'aller à l'épicerie de Bloomingdale pour ne pas qu'on le remarque. Iris avait paru surprise qu'il décide de perdre autant de temps à monter dans la plus proche grande ville plutôt que d'aller à l'épicerie du village.
Je comprenais parfaitement et je soutenais sa décision. Si quiconque le voyait acheter des bougies, de la sauge, de la craie... Ils allaient se poser des questions. Ils l'arrêteraient pour lui parler, verraient combien il était pressé et anxieux... Ils le connaissaient tous et s'inquiéteraient de son comportement. Surtout avec l'assassinat de Lila et les soupçons de la police. Soupçons qu'ils ne devaient pas avoir gardés secrets.
Mieux valait que Louis aille à Rosding pour acheter le nécessaire plutôt que de prendre des risques inutiles. Je ne tenais pas à ce que quiconque du village s'en mêle.
Iris pouvait s'impatienter tout ce qu'elle voulait.
En une forme de vengeance vicieuse, elle décida de poser ses valises dans la chambre d'amis. Je ne dis rien, la laissant faire. Si elle allait en ville chercher un logement, elle tomberait forcément sur quelqu'un qui la ferait parler.
Pour me changer les idées, je m'occupai de préparer le déjeuner. Je ne pouvais pas rester assise en attendant le retour de Louis. J'allais devenir folle. Chaque minute sans pouvoir exorciser le démon en Carter était une minute qui nous rapprochait de morts sanglantes. Ça me rendait folle d'angoisse et d'impuissance.
Je m'étais décidée à agir, à être sur le premier front mais je demeurais aussi impuissante qu'au début. Je ne pourrais pas faire l'exorcisme. Iris avait été intraitable sur ce sujet. C'était elle qui devrait le faire. Tout d'abord, pour venger sa petite fille. Ensuite, parce que le démon tirerait sur le lien de la malédiction. Selon elle, ça m'empêcherait forcément de mener le rituel à son terme. Or, si le rituel venait à être interrompu avant sa fin, beaucoup de monde en pâtirait et nous ferions plus de mal que de bien.
C'était quitte ou double.
Elle ne cessait de répéter cela comme pour tenter de me dissuader d'aller jusqu'au bout. Dommage pour elle, ça ne risquait pas d'arriver. Il fallait débarrasser Carter de ce démon, quoi qu'il arrive. J'en mourrais peut-être. J'en doutais. Il me disait sienne. Je doutais que cela fasse de moi une cible de prédilection à sa colère. Au contraire. Ça serait sûrement tout le contraire.
Il préférerait s'en prendre à Carter pour se venger.
Il se vengerait sur son hôte qui, lui, ne pourrait pas mourir.
Je me brûlai et me coupai un nombre incalculable de fois avant de parvenir à quoi que ce soit. Lorsque Louis revint, il haussa un sourcil à la vue de mes mains pleines de pansements. Il ne dit rien – ce dont je lui fus reconnaissante. Il posa simplement les sachets sur la table de la salle à manger et vint s'attabler dans la cuisine.
Iris descendit peu après et regarda dans les sachets. Elle sortit tout, paru même compter et examiner chaque chose. Comme si Louis pouvait avoir fait une erreur alors qu'elle avait tout écrit en détail sur une liste. S'il le vit, il ne parut même pas perturbé.
Nous commençâmes à manger sans l'attendre.
- Ça a été ?
- La sauge a été un peu compliquée à trouver mais le reste, ça a été. Le prêtre qui officiait à l'église m'a regardé étrangement quand je lui ai demandé une bouteille d'eau bénite. J'ai eu l'impression d'avoir assassiné une famille entière.
J'éclatai de rire. L'expression sur son visage était incroyable. Il avait l'air si innocemment abasourdi qu'il me fit rire.
- Il doit rarement voir des inconnus venir lui demander de l'eau bénite, il faut dire.
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Le Secret de St John's
ParanormalBloomingdale semble être un petit village simple, calme, inoffensif. En tout cas, c'est ce que pense Yvana lorsqu'elle emménage dans ce village d'Oregon, à quelques heures de Portland pour fuir la pollution qui la rend malade. Toutefois, elle ne pe...