Le cri de goret de Vults me hanterait pour le reste de mes jours. Le corps encore chaud mais mort de Linger était gravé derrière mes paupières. Les cris horrifiés de Louis qui me tirait en arrière résonnaient dans mes oreilles. Et cette odeur sulfurisée, nocive qui me soulevait l'estomac...
Mais ce n'était pas le pire.
Le pire, c'était la main trempée de sang de Carter, le couteau, ses yeux rouges, son sourire en coin, satisfait.
Ça, c'était le pire.
Louis claqua la porte, rompant le contact visuel. Je tremblais, prise de panique. Je réalisai seulement que je manquais de souffle. La crise allait frapper fort et je ne pouvais pas l'enrayer. Je n'en avais pas la force.
Louis me traîna avec lui dans la cuisine pour récupérer Iris et verrouiller la porte arrière. La vieille femme n'était pas dans la cuisine et la porte de la cave était entrouverte. Louis me traîna derrière lui et ferma soigneusement la porte derrière nous.
Avec ma vision noircie par la crise, mon incapacité à mettre un pied devant l'autre et mon vertige, il dut me porter et me faire asseoir à même le sol. Sans quoi, je serais tombée dans les escaliers. Tout était flou. Je perdais conscience. Je le savais. Ça me paniquait encore plus.
Si je perdais connaissance, je ne saurais jamais ce qui se passerait. Il pourrait m'arriver n'importe quoi. Je pourrais me faire tuer, violer, enlever.
Louis me fourra le nez dans un sac en papier et me souffla à l'oreille de respirer. Le seul bruit que j'entendis alors fut celui du sac qui se contractait et se gonflait en rythme avec mon souffle erratique.
Doucement mais sûrement, mes poumons retrouvèrent leur taille normale dans ma poitrine et l'afflux d'oxygène dans mon cerveau m'éclaircit la vision. Tout en moi se relâcha. Ça ne dura qu'une seconde. Juste le temps qu'il me fallut pour me rappeler pourquoi j'étais assise dans le sous-sol avec un vieux sachet sur les genoux.
Je vis surtout le cercle qu'Iris avait tracé à la craie sur tout le sol de ma cave, une bougie à la main. La limite frôlait la première marche de l'escalier. Elle bougeait avec agilité et vitesse, habituée à faire ce rituel. Elle termina les traits et courbes à l'intérieur du cercle avant de souffler la bougie, nous plongeant dans le noir le plus complet.
Combien de démons y avait-il sur terre ? Probablement beaucoup. Beaucoup trop. Partout, dans toutes les ombres.
Je secouai la tête. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Il y avait plus important. Comme le grincement de la porte de la cave. Les pas lourds du démon dans l'escalier. Il le faisait exprès pour nous effrayer, pour se moquer de nous. Pour nous épuiser nerveusement.
Louis me tira dans l'ombre, près d'Iris qui tenait fermement sa croix entre ses mains. Elle murmurait à toute vitesse des paroles que je ne compris pas. Je ne cherchai même pas à comprendre, de toute façon. Je n'étais pas en état.
Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, le sang battait mes tempes. Je tremblai comme une feuille, agrippée au pull de Louis. Il me pressait contre le mur, son bras en travers de mon corps en protection.
- Allons ! Vous ne m'aviez pas dit qu'on jouait à cache-cache !
Ce n'était pas la voix de Carter. Pas du tout. Elle était grave, rocailleuse, emplie d'une haine et d'une violence qui n'avaient rien de possiblement humain. Elle ronflait dans sa gorge, tel un ouragan prêt à tout détruire sur son passage.
Je tremblais. J'enfonçai mon visage dans l'omoplate de Louis, retenant ma respiration. Mon souffle redevenait erratique à cause de la panique qui remontait. J'allais vendre notre position et j'ignorais ce qui se passerait alors.
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Le Secret de St John's
ParanormalBloomingdale semble être un petit village simple, calme, inoffensif. En tout cas, c'est ce que pense Yvana lorsqu'elle emménage dans ce village d'Oregon, à quelques heures de Portland pour fuir la pollution qui la rend malade. Toutefois, elle ne pe...