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"Les garçons rentrent et s'installent sur mon lit, ne me laissant que ma chaise de bureau.

C'est sur celle-ci que je m'assois, en gardant le silence. Je ne veux pas être la première à parler."

- Bon, tu nous explique ou ça se passe comment ?

"J'ai toujours su que Louka était le plus impatient de nous deux. Je décide donc de jouer là-dessus."

- Je suis allée à la boxe, commençais je. Je me suis disputée, et ça m'a mis en rogne. Fin de l'histoire.

"Ma phrase est ponctuée d'un long silence."

- Tu nous prends pour des cons ou ça se passe comment, me demande Nico, ne sachant pas si je plaisante ou non.

- Je suis, on ne peut plus sérieuse.

- Elle nous prend pour des cons, confirme Maxime.

- Aline, tu sais très bien que tu n'as pas besoin de mentir, me dit mon frère d'une voix calme et posée, comme pour m'inviter à parler.

- Je ne mens pas, dis-je.

"Techniquement, c'est vrai. J'ai seulement omis quelques détails, voilà tout."

- Écoute moi bien, me dit Louka qui commence à s'impatienter, avant de se taire.

- Oui, demandais je.

"Il semble avoir eu l'idée du siècle, et j'avoue que j'appréhende un peu."

- J'ai la solution, dit-il en sortant son téléphone et en composant un numéro.

"J'entends la sonnerie qui retentit, et quand la personne décroche, je m'inquiète un petit peu de mon secret.

Louka sourit, et après avoir expliqué le problème à son interlocuteur, me tend le portable que je coince contre mon oreille."

*Appel téléphonique : Jordan*

- Aline, s'exclame t-il.

- C'est moi, dis-je en me demandant comment il allait s'y prendre.

- Tu sais que tu devais aller voir la police de Paris pour raconter l'accident en détail et qu'ils envoient une copie à la police de ce petit coin pommé ?

- Oh j'ai oublié, dis-je en comprenant qu'il veut m'embrouiller.

"Si il veut jouer, alors on sera deux."

- Sinon, continuais je, comment ça se passe avec Alice, demandais je avec un petit sourire en coin.

"Je pose ma main libre sur l'appareil pour essayer d'atténuer le son, et donner un air plus confidentiel."

- Alice, me demande t-il, ne voyant pas de qui je parle.

- Ah je savais bien que tu avais un faible pour elle, dis-je en rigolant au fond de moi.

- Oh je vois, s'exclame t-il. Tu essayes d'embrouiller les garçons.

"Je me retourne pour éviter que les garçons en question ne puissent lire sur mes lèvres ou comprennent mon but."

- Je ne veux pas raconter mon secret, rajoutais je en chuchotant.

- Tu sais, des fois cela fait du bien de se libérer.

- Pas cette fois-ci. Alors, tu peux m'aider ?

- Tu règles cette histoire de Alice avec ton frère, et je te laisse tranquille. Ça peut vraiment être une commère Louka, pire qu'une fille !

- Je ne te permets pas !

- Oups, désolé, passe moi ton frère maintenant.

*Fin appel téléphonique*

"Je tends le téléphone à Louka, un petit sourire vainqueur sur les lèvres. À peine cinq secondes plus tard, ce garçon normalement calme s'énerve, et éteint son téléphone en rugissant.

Je me lève, et réalise clairement ma part du marché."

- Oh, il n'y a pas d'Alice dans l'histoire, leur dis-je sur un air de confidence.

- Qui aurait été assez bête pour le croire ?

"Je ne réponds pas, et quitte la pièce. M'attendant à le voir me suivre, je suis surprise de ne pas l'entendre m'appeler.

Je m'installe dans le canapé et contemple une chaîne télévisé inintéressante.

Je vois Nico et Maxime quitter l'appartement, et mon frère s'installer en silence, à côté de moi."

- Tu sais, si tu vaux garder ton secret pour toi, je te forcerais pas, me dit-il enfin. Tu te sentiras juste plus lourde, mais tu es forte, et tu feras avec.

"Je ne réponds pas et continue à regarder la télé. Il finit par en avoir marre, et repart dans sa chambre.

Il est au alentour de 20h quand je réalise que mes parents ne sont toujours pas rentrés."

- Louka, criais je en me décidant enfin à lui adresser la parole. Pourquoi papa et maman sont pas là ?

- Ils sont au restaurant, me répond t-il après un instant d'hésitation.

- D'accord, je prépare le repas.

"Aussitôt dit, aussitôt fait. J'ouvre le frigidaire, en sors quelques légumes et réalise une petite salade. Je prépare également une omelette, et mets la table avant de les appeler.

Nous mangeons en silence, et je laisse les garçons faire la vaisselle et ranger.

Une fois la porte de ma chambre fermée à clé, je sors sur mon balcon et ne trouve personne.

J'avais oublié qu'il ne venait pas ce soir.

J'attends malgré tout dehors, l'air frais me faisant du bien. Je reste assise, contre le mur, pendant un long moment, et il me semble m'endormir.

Je me fais réveiller par deux bras qui essaye de me soulever. Inquiète je me débat, et une main vient de poser sur ma bouche avant que je ne crie. Le visage d'Hugo apparaît dans mon champ de vision, et le soulagement s'empare de la poitrine qui se relâche considérablement."

- Tu es venu, dis-je doucement quand il retire finalement sa main.

- Je voulais quand même te voir malgré l'heure tardive. Quand je t'ai vu dehors, entrain de dormir, j'ai voulu te coucher sans te réveiller, mais je ne dois pas être très fort pour ça.

- Il est quelle heure ?

"J'essaye de contrôler mon cœur qui vient de louper plusieurs battements."

- 2h15 il me semble.

- Et tu n'es toujours pas chez toi ?

- Le sommeil me fuit. Mais je suis bien avec toi.

- Je ne suis pas fatiguée pour le moment, si tu veux rester.

- Tu devrais aller te coucher Princesse, il est tard, et puis tu vas attraper froid.

- Attends, dis-je sérieusement avant de rentrer dans ma chambre.

"J'en sors avec son pull, que je rajoute sur mon pyjama."

- Maintenant c'est bon.

"Il s'assied et me pose entre ses deux jambes. Mon dos est plaqué contre sa poitrine, et je la sens de soulever au rythme régulier de sa respiration. Un de ses bras m'entoure le taille, tandis que l'autre me caresse le bras droit.

Dans cette position, je suis bien, et je pourrais m'endormir beaucoup plus facilement. Quand finalement je sens le sommeil me rattraper, je m'accroche de toutes mes forces à Hugo qui vient me poser dans mon lit. Celui-ci se couche contre moi, et me caresse les cheveux jusqu'à ce que je m'endorme."

Destin cruel t.1 : AlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant