Destin cruel t.1 : Aline

38.

- Que veux-tu que je te dise, s'emporte t-il.

- Ce que tu ressens peut-être, m'énervais-je à mon tour.

- C'est facile pour toi, tu as vu ce que tu me dis. Tu sais très bien ce que tu éprouves pour moi, mais tu emploies des chemins détournés. Moi je ne sais pas.

- Il y a un moyen très facile de faire ça, dis-je alors, ne voulant pas laisser passer ma chance.

"Je passe un bras autour de sa taille, et l'approche de moi afin que son torse soit collé au mien. Je sens son cœur qui bat rapidement. Je pose une main sur sa poitrine et la fait doucement remonter derrière sa nuque que je rapproche doucement. Je sens son souffle contre ma peau ; il est haché. Mes yeux restent ancrés dans les siens, et nous plongeons chacun dans les tréfonds de l'âme de l'autre. Je mords doucement ma lèvre inférieure, et descends mon regard jusqu'aux siennes. Elles sont légèrement entrouvertes, comme pour faire rentrer plus d'air dans ses poumons. Je remonte mes yeux et l'observe calmement. Je glisse la main qui était derrière sa nuque sur sa joue, et je le sens se contracter. Il arrête de respirer et j'en profiter pour me pencher et l'embrasser. C'est comme si nos lèvres se découvraient pour la première fois. Les siennes sont chaudes, et plutôt charnues. Son haleine est mentholé, mais je sens quand même l'odeur caractéristique de la cigarette. Pour la première fois de ma vie, cela ne me dérange pas, et j'en redemanderais volontiers.

Nous nous séparons finalement à bout de souffle, et nous écartons légèrement. Les applaudissements résonnent à travers de bus, et je rougis violemment."

- Dis moi que tu n'as pas aimé, lui chuchotais-je dans l'oreille.

"Une de ses mains qui était sur ma taille descends jusqu'à la cuisse."

- Pas le moins du monde, me dit-il avec un grand sourire.

"Il me fait un clin d'œil et m'embrasse la joue."

- Je n'ai pas aimé ça, je l'ai adoré. Et si tu es d'accord, j'aimerais bien recommencer. Au plus vite, évidemment.

"C'est à mon tour d'aborder un large sourire."

- C'est Enora qui va être contente, dis-je alors toute joyeuse.

- Pourquoi tu me parles d'elle maintenant, dit-il avec un air de petit enfant gâté. C'est notre moment à nous.

- Parce qu'elle ne comprenait pas que l'on ne soit pas en couple.

- Qui te dit que nous le sommes maintenant ?

- Mon petit doigt, dis-je en rigolant.

"Il sourit, et cela illumine son visage."

- J'essayerais de te croiser aux toilettes ou dans un couloir aujourd'hui.

- J'avais oublié que Louka n'était pas d'accord, dis-je un peu déçu.

- Il faut vivre dangereusement, me dit-il au creux de l'oreille.

"C'est à ce moment-là que nous arrivons devant le lycée. Je descends, et lâche immédiatement la main d'Hugo. Je pars rejoindre le groupe, et même la cigarette de Benjamin ne me dérange pas. Celui-ci ainsi que tous les autres paraissent étonnés."

- C'est réglé, dis-je alors toute heureuse.

- Oh mais c'est génial ça, s'écrie Enora.

- Mais de quoi elle parle, demande Valentin.

- De Hugo, lui souffle Amy.

- Oh mais c'est extrêmement génial, me dit Benjamin en réemployant les mots d'Enora.

"J'acquiesce, le sourire au lèvre, et nous rentrons dans le lycée. La journée passe en un clin d'œil, et je n'ai malheureusement pas la chance de croiser Hugo. C'est étrange de dire ça alors que nous sommes dans la même classe.

Après la dernière heure de cours, je me rue hors de la salle. Je claque rapidement deux bises sur les joues de tous mes amis, et je grimpe dans mon bus. Je m'installe sur un siège et attends qu'il me rejoigne. À la dernière minute, je le vois grimper les marches du car et venir s'installer à côté de moi.

Bizarrement, aucun de nous deux ne parle, nous nous taisons. Le silence transmet déjà tous les non-dits, et je me sens libre. Quand nous descendons à notre arrêt, je pars sans lui dire au revoir, mais il ne parait pas de cet avis. Sa main étant toujours liée à la mienne, il me tire vers lui et me plaque contre son torse. Inquiète, je jette des petits regards aux alentours."

- Et mon bisous alors, me demande t-il en faisant la moue.

"Je plaque mes lèvres sur les siennes et me décolle immédiatement. Je profite de sa surprise pour m'échapper vers mon appartement."

- C'était pas un bisous ça, dit-il avec un faux air de colère. C'était pourri, il faut recommencer. Reviens tout de suite.

- Tu en auras un autre si tu me rejoins ce soir, lui dis-je pour le motiver.

"Je le vois sourire et dévaler les marches du métro.

Une fois chez moi, je m'installe sur la table de la cuisine, une pomme à la main. J'en profite pour faire un tour sur les réseaux sociaux, et réponds à l'appel d'Enora."

*Appel téléphonique : Enora*

- Coucou Lili qui aime les guilis, s'exclame t-elle avec enthousiasme.

- Tu n'as pas trouvé mieux ? Sérieux, dis-je en rigolant.

- On s'en fout, écoute la nouvelle : je suis heureuse de t'annoncer que j'organise une fête ce vendredi !

- Une fête ? En quel honneur ?

- C'est les vacances espèce de grosse bêta !

- Ah j'avais oublié ! Je vais enfin pouvoir faire des grasses matinées. Et pour ton information, je ne suis pas grosse, je peux rentrer dans du 34 moi !

- Ça va, c'est pas non plus comme si je mettais du 40 !

- Ma mère met du 40. T'as un problème, demandais-je en rigolant. Et puis c'est même pas gros ça.

- Zéro mon commandant. Assure toi juste d'être libre vendredi soir et la journée de samedi pour décuver. Et, s'il te plait, évite la tenue sapin de Noël.

- Je serais là, mais t'inquiète pas je boirais pas trop. Et être un sapin illuminé n'était pas mon but.

- Comme tu veux ! À demain Louloute !

- C'est ça, gros bisous la nouille !

*Fin appel téléphonique*

"Après cette petite discussion, je décide donc de monter dans ma chambre et de travailler pour le lendemain. Une heure plus tard, je pars prendre ma douche et préparer le repas. Ne voulant pas me casser la tête, je mets une julienne de légumes à décongeler, et prépare une omelette.

Après avoir mangé, je grimpe sur mon lit et menace de m'endormir. Il faut que je tienne jusqu'à ce qu'il vienne. Pourtant, la fatigue l'emporte et je tombe petit à petit dans le sommeil."