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"Ma question coupe Amy qui débitait son texte et la laisse sans voix. Comme personne ne me répond et tout le monde regarde le sol, je commence à m'inquiéter."

- Eh oh, m'exclamais-je en leur faisant un signe avec ma main. Qu'est ce qu'il se passe ici ? Vous allez me répondre, demandais-je de plus en plus inquiète.

"Amy garde son regard fixé sur le sol, mais Valentin relève la tête."

- Elle ne veut plus te voir.

"C'est une douche froide. Enora, mon Enora, ma meilleure amie, ne veut plus de voir ?"

- Pourquoi, m'écriais-je en commençant à pleurer.

- Chut calme toi, me dit Amy en posant sa main sur ma bouche. Il n'y a pas d'infirmières avec toi. Tu es trop sensible. Tout le monde te considère comme un cas psychologique. Reste calme et on va t'expliquer.

- Mais je t'en prie ne pleure pas, finit Valentin.

"J'acquiesce et sèche les larmes qui ont commencé à couler."

- Quand tu es partie, Enora s'est beaucoup inquiétée. C'était surement celle qui vivait le plus mal ton départ. Elle avait l'impression que tu l'avais abandonné. Elle t'appeler tous les jours même si elle savait que tu ne répondais pas. Elle te laissait des messages, te disait à quel point elle t'aimait et combien elle aimerait que tu reviennes. C'est elle qui a redonné confiance à tes parents quand ils ne croyaient plus te retrouver entière. Mais quand elle a su que tu étais de retour, elle t'en a voulu. Peut-être que tu devrais l'appeler pour parler avec elle ?

"Amy m'a expliqué la situation d'une traite et maintenant elle se tait."

- Et vous ?

- Nous quoi, demande Valentin.

- Vous m'en voulez ?

"Ils ne me répondent pas."

- Vous savez deux de plus ou de moins, c'est pas si grave que ça !

"Personne ne me réponds."

- Moi je ne t'en veux plus.

"C'est Amy qui as parlé."

- Amy, s'exclame Valentin. Excuse nous Aline, il va falloir qu'on y aille. Les infirmières vont bientôt passer pour te contrôler et si elles nous voient on ne pourra plus revenir.

- À la prochaine, me crie Amy alors que Valentin la pousse hors de la pièce.

"La porte reste ouverte et j'entends distinctement leur discussion."

- Valentin ! Tu aurais pu être plus gentil avec elle. Ce qu'elle a vécu est un traumatisme.

"Je reconnais la douce et calme voix d'Amy."

- Souviens toi à quel point tu étais blessée quand elle est partie. Parce que personne ne l'a forcé, c'est elle qui a fait son choix ! Et elle nous a abandonné quand on avait besoin d'elle pour surmonter l'épreuve de sa mort.

- C'est vrai, pardonne moi mon amour, dit-elle après un silence durant lequel elle a dû réfléchir. Tu as surement raison.

"Je n'entends plus rien, je suppose qu'ils sont partis. Elle a dit «mon amour» cela signifie donc qu'ils sont en couple. Qu'ai-je bien pu rater d'autre durant ce mois ?

J'attends qu'une infirmière arrive, et c'est celle qui m'est attitrée qui vient me voir la première."

- Est-ce que je pourrais passer un appel téléphonique, demandais je poliment.

- Bien-sûr. Le téléphone qui est sur la table de nuit est là pour ça. Tu tapes d'abord sur le zéro pour sortir de l'établissement, puis tu peux composer ton numéro.

- Merci beaucoup.

- Avec plaisir ma belle. Et si tu ne veux pas être dérangée, il te reste un quart d'heure avant que l'on ne passe te contrôler.

- Vraiment, merci pour tout.

- C'est un plaisir ma belle.

"Elle sort de la pièce et me laisse seule. Je vais pouvoir téléphoner. Je compose d'abord son numéro personnel mais je tombe sur la messagerie. Je laisse un message et raccroche pour appeler chez elle. C'est sa petite soeur qui me répond.

*Appel téléphonique : Chez les Bihan*

- Allô, qui est à l'appareil, demande une petite voix fluette.
- Salut Roxane, c'est Aline.
- Oh Aline, comment vas-tu ? Tu es revenue finalement ?
- Je suis rentrée à la maison oui, et toi, comment ça se passe pour toi ?
- Eh bien tu sais, ce n'est pas la joie. Enora fait la gueule tout le temps.
- En parlant d'elle, tu peux me la passer ?

"J'entends des chuchotements au bout du fil puis la discussion reprend."

- Ma soeur te fait dire qu'elle n'est pas là.

"J'entends Enora crier dans le lointain."

- Oh très bien. Merci quand même, je réessayerais demain. Passe une bonne fin de journée Roxane.
- À toi aussi Aline, remets toi vite et fais quelque chose pour Enora. Elle devient insupportable.
- J'essayerais.

*Fin de l'appel téléphonique*

Je soupire et repose l'appareil je le socle. Je ferme les yeux et appuie fortement dessus pour éviter de pleurer. Je trouverais une solution, j'ai un mois pour ça.

Le mois en question défile très lentement. Les semaines et les journées se ressemblent. Je me lève, mange, fais ma toilette, reçoit de la visite, mange, encore de la visite, j'appelle Enora et discute avec sa soeur parce qu'elle refuse de me parler, puis je mange et prends des somnifères.

Enora est catégorique, elle ne me reparlera plus jamais. Enfin c'est ce que dis sa messagerie. Elle l'a changé et maintenant cela donne quelque chose comme ça :

«Hey ! Je suis absente pour le moment, laisse un message et je te rappellerais si je suis intéressée. Quant à toi Aline, va en Enfer.»

Alors j'en profite pour discuter avec sa petite soeur qui m'accorde tous leurs jours, dix minutes de son temps. Elle me donne des conseils pour discuter avec Enora, et on a mis au point un plan, il entre en action demain.

Quant à mon sommeil, il est totalement absent. Je suis obligée de me droguer avec des médicaments pour fermer l'œil six heures par nuit. Quelques fois cela peut être huit heures. Les cernes s'inscrivent sous mes yeux, et elles s'accumulent au fil du temps. Cela ira mieux quand Hugo me tiendra dans ses bras.

Oh Hugo, cela fait un mois déjà que je t'ai quitté, mais j'ai comme l'impression qu'une vie est passé. Les journées sans toi me paraissent mornes et vides de sens. Reviens-moi ! Je t'attends, et même si tu ne veux plus de moi, je te forcerais à m'aimer, parce que sans toi je ne suis plus rien."

Destin cruel t.1 : AlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant