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"Ce matin, j'ai fait un effort pour sortir de mon lit. J'ai enfilé ma longue robe noire dont les manches laissent mes épaules dénudées sans sourire, et les larmes aux yeux. D'après le psychiatre c'est normal. Selon lui cela va passer avec le temps. Il faut juste me laisser du temps, dit-il. Mais moi je sais très bien que cela ne passera pas. Je garderais cette peine et ce sentiment de culpabilité toute ma vie. Je l'emporterais dans ma tombe. Pourquoi je ne l'ai pas empêché de fumer comme je le faisais avec Benjamin ? Cela fait plus d'un million fois que je me pose cette question. Et je n'ai toujours pas de réponse ? L'amour n'est pas envisageable. Enora rentre dans ma chambre, elle aussi vêtue d'une robe noire."

- Tu veux que je te coiffe, me propose t-elle.

"Je hoche avec ma tête et m'assois sur mon lit. Elle se met derrière moi et commence à tresser mes cheveux qui ont déjà repoussé. Une fois fini, j'observe mon reflet et soupire face à mes cernes. Je ne cherche pas à me maquiller, les larmes feraient tout couler. Je rejoins le reste de ma famille dans le salon et embrasse ma mère qui me serre contre elle. Tout le monde me fait un câlin et Enora me glisse une rose rouge dans les mains.

Nous montons en voiture, mes parents ainsi que mes deux frères, et moi avec mon petit groupe. Une bonne heure plus tard, nous arrivons au cimetière où nous avons eu notre premier rendez-vous. Je revois ses mains sur mes hanche et nos corps immobile dans le château des souvenirs. Je veux graver cette image dans ma mémoire pour le restant de mes jours. J'attrape mon collier dans le but de me retenir de pleurer mais c'est l'effet inverse qui se produit. Les photos à l'intérieur remuent le couteau dans la plaie et mes larmes dévalent déjà mes joues. Enora attrape ma main et la serre fort, sans me lâcher. Nous nous asseyons au premier rang, et attendons que la cérémonie commence. Des gens viennent à your de rôle et se présentent comme des membres de sa famille ou des amis proches. Le sang goûté très légèrement sur ma main, là où les épines de la rose s'enfonce dans ma paume. Quand vient finalement mon tour et que l'on m'appelle, des chuchotements racontent toutes sortes de rumeur à mon propos."

- Bonjour à toutes et à tous, aujourd'hui je sus venue dire au revoir à mon petit-ami.

"Je continue de déblatérer un texte que j'improvise. Je n'ai jamais eu la force de coucher sur du papier les mots que je voulais dire. Là encore, mes phrases ne décrivent pas la douleur qui s'empare de moi, le tour dans mon cœur et les souvenirs qui hantent mes pensées. Mais peu de personnes dans cette salle comprennent ce que je veux dire. Et peu de personnes s'intéressent à ce que mon discours veut transmettre. Ce n'est pas un adieu, c'est seulement un au revoir. Une fois que j'ai fini de parler, le silence ce fait et quelques applaudissements retentissent. Je ne suis pas venue pour la célébrité. Je m'installe sur ma chaise et attends la suite."

- Monsieur Adams, demande le prêtre.

"Personne ne répond et il est obligé de répéter une deuxième fois son nom. Les chuchotements reprennent et les ragots vont bon train. Au fond de l'allée, j'aperçois un homme en chemise blanche tachée de jaune et un pantalon noir. Sa bouteille à la main et sa démarche hésitante me font parfaitement comprendre à qui j'ai affaire.

Me sentant pousser des ailes, je me lève et me dirige vers lui. Une fois face à face, je lui assène une gifle monumentale qui fait tourner sa tête sur un quart de tour. La foule retient son souffle. Il revient devant moi, le visage rouge, l'air en colère."

- Je peux savoir ce que tu viens de faire petite insolente, me demande t-il en crachant presque à ma figure.

"Je ne réponds pas et attrape sa bouteille. Cela m'a l'air déguelasse mais j'ai besoin de me prendre une bonne cuite. J'avale d'un coup l'équivalent de trois verres de vin et la jette à ses pieds. Avant d'être hors de portée, je me retourne et lui dis le fond de ma pensée."

- Je viens seulement de remettre à sa place le père de mon petit-ami. Si on peut appeler père quelqu'un qui est soûl à l'enterrement et qui bat son fils et sa femme.

"On crie dans l'assemblée mais je n'y fais pas attention. J'ai la nécessité d'être seule et je sais où je vais aller. Je retrouve le chemin de sa tombe sans problème et pose ma rose aux côtés des fleurs déjà bien fanées."

- Je sais que tu n'es pas dans ce cercueil tout pourri, dis-je à voix haute comme si il pouvait m'entendre. Je sais que tu es là, avec ta soeur, Maud, et que cela te va très bien.

Destin cruel t.1 : AlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant