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"Après un passage rapide à la vie scolaire, nous toquons à la porte de notre professeur de français."

- Alors comme cela, commence t-il.

- Oui, on sait, on est à la bourre, il y a le bac en fin d'année, il faudrait qu'on travaille, ouais tout ça on le sait, le coupe Enora.

- Enfaîte, j'aller plutôt vous dire qu'arriver en retard, et ceci en emmenant une autre élève, n'était pas le meilleur comportement à adopter, dit-il amusé. Mais je pense que je peux aussi dire ce que vous avez dit jeune fille.

"Enora le regard comme si il venait de parler dans une langue qui lui est inconnue, puis soupire et part s'installer au premier rang. Je vais vers le fond de la salle sans demander mon reste, et m'installe sur la table vide.

«Je ne suis pas la seule en retard ce matin» pensais-je.

Je sors mes affaires, et essaye de faire un effort d'attention. C'est plutôt facile sans Hugo pour me déconcentrer en jouant avec mes cheveux, ou en me faisant des chatouilles. C'est avec beaucoup d'étonnement -pour M. Rinold et moi- que je lève la main plusieurs fois et réponds juste. Quand la deuxième sonnerie retentit, je range rapidement mes affaires et reçois un compliment du professeur sur mon attitude."

- Alors comme ça on se transforme en petite intello, se moque Enora.

- Je m'ennuyais sans Hugo, m'exclamais-je pour ma défense.

- Ah oui, Hugo, le beau Hugo, que ferais-tu sans lui, continue t-elle moqueuse.

"Quand elle dit cela, mon cœur se compresse un petit peu. Je connais ce sentiment, mais pourtant, je ne devrais même pas le ressentir. Qui plus est, alors que c'est ma meilleure amie qui dit ça, sans arrière pensée puisqu'elle me connait mieux que moi-même.

Je décide d'en faire abstraction et sors avec elle dans la cour. Nous rejoignons notre petit groupe, et je saute sur le dos de Benjamin. Celui-ci, surpris, lâche ce qu'il tenait dans la main."

- Benjamin, dis-je beaucoup moins heureuse.

"Devant son silence, je me pose devant lui, une main sur la hanche, attendant une explication."

- C'est juste que, commence t-il.

- Juste que quoi, demandais je avec colère. Non, tu sais quoi, laisse tomber, lui dis-je avec tristesse, et peut-être un peu de dégoût. Je ne veux pas savoir. Après tout, même si tu n'es pas majeur, tu es grand, tu peux faire ce qu'il te plaît. Libre à toi de décider de te pourrir la vie avec ces cigarettes.

"Il baisse la tête, sûrement blessé par les mots que j'ai employé, malgré leur violence je ne les regrette pas. Il faut bien qu'il comprenne son problème, avant qu'il ne parte pour toujours.

Après cet incident, les cours reprennent, et la journée défile rapidement. Les autres suivent, sans grand changement, et vient la journée de vendredi. Ayant passé mes journées et des bonnes parties de mes nuits avec les groupe, sur le balcon, je n'avais pas vu une seule fois Hugo. De toute façon il était absent. Je voudrais bien avouer qu'il me manquait, mais cela signifierait que je m'attache à lui, et cela me blessera, comme ça le fait toujours.

En me réveillant le matin de ce dernier jour de la semaine, j'avais l'impression que ma vie allait changer pour toujours. Et ceci, aujourd'hui même. De bonne humeur, j'avais enfilé mes vêtements, et laissé mes courts cheveux, lâchés le long de mon dos. J'avais avalé une pomme en quatrième vitesse, enfilé mes converses, et mis un petit bonnet pour éviter le froid mordant de dehors.

Destin cruel t.1 : AlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant