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"Le lendemain, je me réveille sur le torse de Hugo. Nous nous sommes endormi dans ce couloir et n'avons pas bougé de la nuit. Mes muscles endoloris m'empêchent de marcher correctement, mais après une petite minute je retrouve un déroulement du pied tout à fait normal. Pendant ce temps, Hugo me regarde faire, allongé sur le dos, en souriant discrètement. Je lui tends finalement ma main pour le lever et une fois debout, il s'étire en baillant bruyamment. Le bas de son t-shirt se soulève et je peux apercevoir le bas de son ventre. Un petit sourire nait sur mes lèvres et quand il le voit il sourit aussi."

- La vue te plait, me demande t-il en concernant son air arrogant.

- J'ai vu mieux, dis-je pour le vexer.

- Oh et c'était qui ?

- Personne, enfin je ne sais plus, soupirais je en sentant que la discussion n'était pas prête d'être finie. De toute façon je m'en fiche complètement. C'est toi que j'aime. Et le physique n'y change rien.

- Tu ne vas pas me dire que si j'étais moche, boutonneux, puant, et gringalet tu voudrais sortir avec moi !

- Bon c'est pas tout, mais si les deux amoureux pouvaient venir nous aider à ranger ce serait bien, s'exclame Valentin dans notre dos en coupant court à sa question.

"Je le remercie intérieurement pour m'avoir empêcher de répondre à cette question piège. C'est vrai, non ? Si il était moche je ne serais pas allée vers lui. Le physique prend une place trop importante dans nos vies. Quand on sera vieux, ridés, aveugle et qu'on aura Alzheimer, ce sera l'intérieur qui restera.

Quand nous débouchons sur la piste de danse, nous découvrons des flaques de vomis, d'alcools, des mégots de cigarettes, des verres, des préservatifs et pleins d'autres choses non-identifiables."

- Allez, du courage, crie Enora à travers la salle. À nous cinq on peut avoir fini avant ce soir !

- C'est tellement encourageant, soupire Amy en se laissant tomber sur un fauteuil derrière elle.

- Et si on s'offrait les cadeaux de Noël, m'écriais je. Ça nous donnera peut-être un peu plus de motivation ?

- Mais Benjamin n'est pas là, contre Valentin.

- On lui donnera demain, nous dis Amy en partant fouiller dans ses affaires.

"Après un petit instant, elle revient avec une enveloppe dans laquelle sont rangés les six billets. Elle tend à chacun un des papiers et je me jette dans les bras d'Enora."

- On va voir notre Demi, crions nous à tue-tête.

- Pendant que vous vous casserez les oreilles ont ira voir un match de basket, continue Valentin sur le même ton.

- Je ne te permets pas, hurle Enora en lui sautant sur le dos.

- En même temps il a pas tort, rit Amy.

- Traitre, criais je en me jetant sur elle. Quoi que je le savais déjà.

"Après avoir fini de rigoler et de s'amuser, nous rangeons tout, faisons le ménage, et regroupons nos affaires. Un peu avant midi, je suis derrière Hugo, j'ai un casque sur la tête, et nous quittons la salle des fêtes. Heureusement pour nous, nous passons avant la pause de midi et parvenons sans trop de problèmes à mon appartement. Je descends de la moto, retire mon casque, et embrasse rapidement mon copain. Je monte les marches quatre à quatre et pénètre dans l'appartement qui n'a pas changé.

La première chose que je fais est d'attraper une tenue confortable pour ensuite aller me laver dans la salle de bain. Je m'habille rapidement, et prends une aspirine pour mon mal de tête. Plus jamais d'alcool.

La journée passe rapidement et je me retrouve à mon arrêt de bus en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. J'y retrouve Hugo et nous partons ensemble vers le lycée. Après deux heures de français, nous partons dans la cour de récréation pour retrouver les autres. Qu'elle n'est pas notre surprise de trouver un Valentin super inquiet."

- Je n'ai aucune nouvelle de Benjamin et il n'est pas en cours, s'explique t-il.

- Il est peut-être malade, proposais je.

- J'ai essayé de lui envoyer un message déjà hier soir car il ne m'avait pas répondu. Un message m'a indiqué que ce numéro n'était plus disponible.

- Ça c'est étrange, nous dit Amy.

"Au même moment, le directeur sort avec un micro et réclame le silence. Il commence à nous expliquer et je sais que la fin ne va pas me plaire. Mais alors pas du tout."

- Bonjour à tous et à toutes, commence t-il. Si je vous ai demandé de rester dans la cour c'est pour vous annoncer une nouvelle. Vous êtes tous au courant que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé et il peut causer des accidents de la route. Le soir du réveillon, votre camarade Benjamin Morrinson a tamponné une voiture avec sa moto. La femme et l'enfant vont bien, mais Benjamin est mort sur le coup.

"Il me semble qu'il continue, mais mon cerveau a lâché prise à la fin de cette phrase. C'est la douche froide. Sur le moment, une remarque égoïste me vient à l'esprit : j'aurais préféré que Benjamin reste parmi nous plutôt que ces deux inconnus. Mais ces personnes ont une famille eux aussi, et ils sont contents qu'ils soient en vie. J'entends un cri et un gémissement qui laisse place à des pleurs sur ma droite. Je tourne la tête et parvient à apercevoir Enora entrain de courir vers les toilettes pour s'y réfugier. Tout le monde nous fixe, nous étions ses plus proches amis. Valentin et Amy pleurent en silence et tentent de se réconforter mutuellement. Cette dernière me fait signe qu'elle va rejoindre Enora et Valentin la suit. Je me retourne et fais fasse à Hugo. Celui-ci pleure silencieusement, et il a la gentillesse de ne pas paraître surprit de voir mon visage froid. Il m'ouvre les bras et je pars m'y réfugier. Pour la première fois de ma vie, ces bras chauds et protecteurs n'arrivent pas à me faire oublier la dureté de la vie."

Destin cruel t.1 : AlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant