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"Quand j'ouvre mes yeux, la première chose que je vois, c'est le ciel. Un ciel étoilé qui brille de milles feux. Je suis seule au monde face à cette immensité. Puis le son me revient petit à petit, et toutes les sensations qui vont avec. Je remarque des gyrophares en plein milieu de la route, des camions de pompiers et d'ambulances ainsi qu'une voiture en très mauvaise état. Elle est sur le toit, toute rouillée et déformée. Il manque une portière avant qui a volé un peu plus loin dans la chute. Je réalise seulement maintenant que c'est notre voiture et qu'on me transporte. Tout bouge et ma vision devient flou. Mon cœur bat trop vite. J'ai froid, j'ai soif.

On me fait pénétrer à l'arrière d'un camion aux différentes teintes de blancs qui me piquent les yeux. Je tente tant bien que mal de me protéger de cette agression mais je parviens seulement à agiter mes doigts et laisser sortir un râle de ma gorge. Quand quelqu'un s'écrie je réalise que de l'écume rosée sort de ma bouche. Horrifiée, j'essaye d'approcher une main mais rien ne bouge. On applique un chiffon pour me nettoyer, et du sang le macule rapidement. Je comprends que mon nez saigne aussi. La vue de tout ceci me donne envie de vomir et je penche la tête sur le côté. Les infirmières doivent être aguerries puisque les crachats de sang qui ponctuent mon vomi finissent dans une bassine. Mon cœur bat toujours à la même allure, et des frissons me reprennent. Les portes se referment et je sens le véhicule se mettre en marche. J'ai besoin d'air je vais étouffer. Faites ouvrir une fenêtre ai-je envie de hurler.

Pendant ce temps, tout le monde s'active autour de moi et on réalise différents tests pour savoir ce qui m'arrive. On prend mon pouls, la température, on touche mon front et pleins d'autres exercices qui me donnent le vertige."

- On suppose une hémorragie interne des poumons, s'exclame une dame entre deux-âges. Prévenez le docteur on a besoin de s'occuper d'elle le plus rapidement possible.

- Comment t'appelles-tu, me demandes une autre en se penchant sur ma bouche entrouverte.

- Aline, parviens-je à chuchoter.

- Très bien Aline, ce que l'on va faire c'est qu'on va s'occuper de toi. Dans cinq minutes on sera à l'hôpital et les médecins te prendront en charge. Tu comprends n'est-ce pas.

"Je réussi seulement à cligner des yeux. Ce qui semble lui convenir."

- Là-bas ils feront toutes une batterie d'examens pour savoir exactement ce qui ne va pas. Puis ils te soigneront. Tout va bien se passer. Tu vas bientôt pouvoir retrouver une voix normale et nous expliquer ce qu'il s'est passé.

"Je ferme une nouvelle fois les yeux mais l'infirmière a fini. Les autres tentent de s'occuper du sang qui fuit mon corps. Rapidement, nous arrivons à destination et on me fait descendre. À peine avons-nous passé les portes que mes yeux se ferment.

Quand je les réouvre, je suis allongée dans une chambre blanche. Des draps blancs s'évaporent sur mon corps et les néons me font mal au crâne. L'infirmière passe le pas de la porte et vient s'approcher de mon chevet."

- Est-ce que tu te rappelles tout ce qui s'est passé, me demande t-elle d'une voix douce qu'elle utilise pour ne pas braquer les patients. Enfin je veux dire, ce que tu fais ici ?

- Oui, ma voix est grave et écorchée, comme si j'avais fumé un bon paquet de cigarettes. J'ai eu un accident de voiture. Est-ce que Hugo va bien ?

- Il n'y avait personne dans la voiture. Seulement toi.

"J'ai comme un électrochoc. Il ne peut pas l'avoir abandonné. Il est forcément autre part. Peut-être encore dans les sous-bois. Et pourquoi pas inconscient ?"

- Calme toi, tout doux, chuchote t-elle en me caressant les cheveux.

"Je n'avais pas remarqué que je pleurais. J'aimerais me taire mais ce geste me rappelle tout ce que j'ai perdu en même temps que Hugo."

- Tout va bien se passer.

"Elle continue de me parler et une fois que je vais mieux, m'explique tout ce que l'on m'a fait. J'ai eu un traumatisme crânien, une hémorragie interne des poumons, et de nombreuses coupures sur tout mon corps."

- Et mes jambes, demandais je inquiète.

- Elles vont très bien. Rassure toi.

- Mais je ne pouvais pas les bouger. Dans la voiture, quand Hugo a voulu que je sorte, il n'a pas réussi car mes jambes ne me répondaient plus.

- C'est seulement l'avant de la voiture qui s'était effondré sur toi. On a tout démonté pour te faire sortir.

"J'acquiesce et la laisse se diriger vers l'extérieur. Juste avant qu'elle ne sorte, elle s'arrête et se tourne vers moi."

- On sait qui tu es Aline, me sourie t-elle. Tu vas bientôt être transportée jusqu'à Paris.

"Puis elle me laisse seule avec mes pensées morbides. Je repense à tout ce que j'aurais pu faire pour nous sauver. Ce que j'aurais dû faire plutôt. Et évidemment, le visage de Hugo apparaît devant moi."

- Oh mon amour, murmurais-je de peur que les autres ne m'entendent et me prennent pour une folle. Si tu savais combien tu me manques. Pourquoi suis-je toute seule ? Je t'en prie, reviens moi, articulais je avec les larmes aux yeux.

"À ce moment un gros groupe rentre dans ma chambre pour me préparer au transfert. Ce sera pas hélicoptère car c'est plus rapide et je nécessité des soins à des durées trop rapprochées. Mais juste avant de partir, j'accroche la main de l'infirmière qui me parlait plus tôt."

- Est ce que vous avez gardé les vêtements que je portais, demandais-je pleine d'espoir de sentir encore une fois l'odeur si agréable de mon petit ami.

"Elle hoche la tête et se glisse hors de la salle. Elle me glisse ma veste, enfin celle de Hugo que je portais, et un petit mot en mimant le silence. Je lui fais un clin d'œil et tente tant bien que mal de cacher le petit papier dans une poche de ma blouse."

Destin cruel t.1 : AlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant