Après une demi-heure dans cette somptueuse soirée, ma pochette est pleine de montres et de bijoux. Je manque tellement de place que j'en suis venue à remplir mon soutient-gorge.
Tous ces hommes et ces femmes, si avides de montrer leur luxe, exibent tous leurs accessoires. Un vrai cadeau pour moi.
Les hommes sont les plus faciles à envoûter, un sourire, un clin d'oeil, un effleurement de bras... Et le tour est joué.
En réalité, je m'amuse vraiment. Je profite du champagne, une coupe à la main. Mes doigts jouant avec aisance, aucun bijou ne leur résistent. Ils sont comme des doigts de pianiste, chatouillant des noires et des blanches avec talent.
Je souris, je ris aux éclats, me mêlant à ce monde qui n'est pas le mien. Passant de bras en bras, attirant des regards, des attentions.
J'ai l'impression de jouer à un jeu.
Je discute avec un groupe de personne, observant les superbes tenues de toutes ces femmes. Elles ressemblent à des peintures, des muses, tant leur beauté est peu réelle.
J'attrape une nouvelle coupe au vol, arrêtant le magnifique balet d'un serveur, qui repart aussitôt. Je souris. L'alcool hors de prix coule dans mes veines.
Je me sens puissante, inaténiable.
Nous levons nos verres au nom de l'argent avec les personnes autour de moi. Les hommes dans leurs costumes serrés m'impressionnent. Certains jeunes, certains plus mûrs, ils imposent une certaine prestence.
Eux aussi se sentent puissants, ça saute aux yeux, ils respirent l'assurance.J'étais venue de nombreuses fois à ces fêtes, me faufilant, discrète, je volais avant de disparaître comme une ombre.
Aujourd'hui, c'est plus que ça. Je rayonne, découvrant pour quelques heures, la vie de ces gens.
Je me retourne, quittant le groupe qui s'est formé pour partir à la découverte de nouvelles personnes.
Mon regard balaye la salle, se posant partout, sur les visages, les bijoux, les fabuleuses tenues de soirée. Il s'arrête sur un homme de dos. Je le détaille rapidement. Une belle carrure soulignée par un dos large, dans un costume noir. Il me rappelle quelque chose. Ses cheveux bruns, son assurance, ses épaules bien droites.
Je le fixe encore quelques instants en me demandant où j'ai pu le croiser.
Je me glace, mon cerveau reconnectant enfin. Bien que je ne l'ai vu qu'une fois, je suis sûre qu'il s'agit de Jonathan.
Je ne pensais pas le voir ici... En réalité, cela ne m'était même pas venu à l'esprit.
Je finis d'une traite ma coupe de champagne, laissant l'alcool pétillant remplir ma bouche de douces saveurs. J'abandonne ma flûte vide.
Je dois aller le voir.
Je réajuste ma coiffure et commence à marcher dans sa direction, dans une démarche qui se veut assurée.
Je finis par arriver à sa hauteur.
Il ne semble pas m'avoir vu, étant toujours de dos.
J'hésite pendant une seconde, avant de poser un main timide sur son épaule."- Vous ici ? Le questionné-je. "
Il se retourne et je peux lire l'étonnement sur son visage quand il me voit.
"- Gwenn ?
- Cette soirée est un beau terrain de chasse, n'est-ce pas ?"
Il sourit.
"- Oui, c'est certain. J'adore ces soirées. Me répond-il.
- Plaisir partagé.
- J'en conclus que tu as les poches aussi pleines que les miennes, rétorque-t-il avec un sourire en coin.
- Je suis saturée. Je ne peux plus rien voler. Je peux maintenant profiter pleinement de cette réception.
- Bel endroit n'est-ce pas ?"
Il parcourt la salle des yeux en silence, avant d'attirer l'attention d'un des serveurs. Celui-ci s'approche et il prend deux flûtes sur son plateau.
Il m'en tend une en souriant, j'accepte avec plaisir.
"- Tu n'as pas honte de donner de l'alcool à une lycéenne ? Dis-je les yeux pétillants de malice. "
Il s'approche de moi avec un air sérieux, me regardant de la tête au pied.
"- Il est vrai que dans cette robe tu fais très femme, tu es même delicieuse.
- Merci du compliment."
Il lève son verre.
"- à cette somptueuse fête ! Fête-t-il d'un air joviale."
Je lève ma flûte contre la sienne, dans un tintement crystalin, secouant toutes les bulles de la boisson dorée.
"- à cette somptueuse soirée en bonne compagnie, repondis-je d'une voix mélodieuse."
Je suis plûtot intriguée par Jonathan, après tout il m'est quasiment inconnu.
En plus, rentrer ici est plutôt compliqué, je ne doute pas de ses talents de voleur."- Dis-moi, je demande, comment as-tu réussi à rentrer dans la salle ?
- Bonne question. Il sourit, je me suis fait passer pour un commis en cuisine, me donnant un accès directe à la salle grâce aux serveurs, je me suis changé et je suis passé en douce. Et toi ?
- Moi ce fût plus compliqué, je me suis fait passer pour un voiturier, volant la carte d'une des invités, puis je suis partie ranger la voiture, me changer et redonner la clé.
- Je n'y avais pas pensé.
- les filles sont rarement acceptées en cuisine, c'est la seule manière pour moi.
- Il n'y a pas à dire, tu es habile. "
Il me propose d'un mouvement de bras de marcher jusqu'à un petit balcon innocupé, et je le suis docilement.
Une fois sortie, je m'accoude à la rambarde en pierre, regardant droit devant, ma flûte dans une main. Les flocons tombent sur nous dans de petits contacts froids.
Jonathan, à l'inverse de moi, s'adosse dos à la nuit, croisant les bras sur sa poitrine. Il regarde les invités à l'intérieur, comme si c'était un autre monde que nous pouvions toucher du doigt.
Je respire doucement, fixant les bulles qui remontent avec euphorie dans le champagne."- Comment es-tu arrivé à Nantilly ? Questionné-je en meublant le silence qui s'est installé.
- Pourquoi ? Dit-il avec une voix amusée, ça saute aux yeux que je ne viens pas d'ici ?"
Je tourne la tête dans sa direction, l'observant avec minutie. Ses yeux sont bruns, tout comme ses cheveux et sa barbe parfaitement taillée. Il semble parfaitement calme et maître de lui.
"- Plutôt oui.
- Au moins tu es directe, dit-il en souriant.
- Que fais-tu ici ?
- C'est une très longue histoire..."
Je bois quelques gorgées, me retournant pour être dans la même position que lui, adossée au balcon.
"- Raconte-moi. "
VOUS LISEZ
La Voleuse De Flocons
AdventureGwenn a 17 ans, elle vit dans une ville perdue dans l'hiver, coupée du monde. La vie n'est pas facile. Pour vivre, elle s'improvise voleuse. Que faire quand le destin s'acharne contre vous ? Elle va se battre. Se battre pour vivre. elle va essaye...