Chapitre 41

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(point de vue de Gwenn)

Bientôt, La route s'agrandit et j'adapte ma conduite au trafic qui se densifie. En fixant avec attention le paysage devant moi, je comprends que l'arrivée est proche. Les sapins enneigés disparaissent peu à peu, laissant place à des terrains plats et vides. 

Au détour de la route, l'aéroport apparaît devant mes yeux. C'est un immense bâtiment, imposant et froid, qui semble accroché au sol depuis de longues années. Je suis le flot tranquille des voitures, observant les longues pistes de décollage bétonnées, d'un œil intéressé. 

Malgré que j'en avais une idée, c'est la première fois que je vois un aéroport. Je me sens novice dans ce monde immense, car je n'avais jamais mis un seul pied en dehors de ma ville natale. 

Je pénètre dans le parking où de nombreuses personnes se pressent plus pour partir que pour arriver.

Je gare en douceur la Jeep, donnant toute ma concentration à cause de mon manque d'expérience en conduite. Je m'arrête enfin, Le moteur se coupe, le silence tombe subitement dans la voiture.  Mes yeux suivent les passants pressés et chargés de bagages, une légère boule de stress au fond de la gorge. 

j'éteins mon téléphone posé sur le tableau de bord, pour le glisser dans ma poche. Puis je fais un rapide tour avec mon regard à l'intérieur de la voiture, me rendant bien compte que je n'ai rien emporté avec moi. Mon seul souvenir étant le pull trop grand de mon père et le Zippo qui reste constamment dans ma poche. 

j'hésite à laisser les clés sur le contact, mais n'étant pas sûre de retrouver Jonathan, je décide de les prendre avec moi. Pour avoir quand même une solution pour partir, si tout ne se passe pas comme prévu. 

Je caresse le volant en cuivre, encore chaud, du bout des doigts, un discret sourire sur les lèvres. Il faut dire que je me suis vraiment attachée à cette voiture et à tous les souvenirs qu'elle porte. 

Je jette un coup d'œil sur le tableau de bord. 11h09. Il est temps d'y aller.

J'ouvre la portière, le froid de l'air extérieur qui s'engouffre dans l'habitacle, me réveille dans un frisson. 

Je descends de la voiture et la ferme à clé, avant de glisser celles-ci dans la poche de mon jeans, aux côtés du briquet. Avec toute la tension qui monte en moi,  je ne dirais pas non à une cigarette pour engourdir mes sens et couvrir mon stress.

Je me tourne vers la porte de l'aéroport, suivant d'un pas rapide le flot de voyageurs, serrant le bout des manches trop grandes entre mes doigts crispés, pour me donner du courage. 

Je pénètre à l'intérieur, me fondant dans la foule bouillonnante de passagers. Je marche. Je pousse les gens. Je cours. Je me fraye tant bien que mal un chemin jusqu'au panneau d'affichage. Une fois devant, je me campe sur mes jambes pour éviter de me faire bousculer par les nombreuses valises, fixant avec appréhension les lettres lumineuses. 

Mes yeux parcourent avec rapidité chaque nom de ville, la plupart m'étant inconnues. Je sens mon cœur battre dans ma poitrine, avec la peur de ne jamais le revoir au fond de moi. 

PARIS, embarquement à 11H30, Hall C.

Enfin. Je retiens ma respiration, faisant volte-face. 

Je cours partout, ne sachant réellement où aller, me perdant au milieu de toutes ces indications et de ces multiples couloirs où se presse un monde fou. 

Je perds un temps fou.

Au milieu de la foule, j'aperçois un homme vêtu d'un uniforme bleu marine et je devine instinctivement qu'il s'agit de quelqu'un travaillant à l'aéroport. Je lui saute littéralement dessus, le souffle court. 

"- Monsieur s'il vous plait !

- Je peux vous aider mademoiselle ? Répondit-il calmement avec politesse. 

- Oui, je vous en prie dites-moi ou se trouve le Hall C. Le suppliais-je."

J'écoute avec attention ses indications, avant de repartir à toute vitesse, après l'avoir remercié mille fois. 

Je cours de nouveau, me frayant comme je le peux un passage au milieu de tout ces inconnus. Je ne pense plus à rien, toutes mes pensées focalisées sur mon seul but. Je tourne dans les longs couloirs au pas de course. De discrètes larmes perlent au creux de mes yeux, je suis paniquée, j'ai peur. 

Peur de ne jamais le revoir. 

J'arrive enfin dans une grande salle immaculée, remplie de sièges d'attente et d'un grand nombre de personnes, fourmillant de toute part. Au dessus de mes yeux un panneau annonce le Hall C. Mes muscles se contractent, je suis tendue, mon souffle tressautant à chaque seconde.

En me mettant sur la pointe des pieds je peux apercevoir de jolies hôtesses de l'air, gérant l'embarquement en vérifiant les billets. Celui-ci a commencé et les voyageurs se pressent dans un flot indistinct vers les comptoirs pour donner leurs billets.

Il faut que je le trouve il est peut-être encore dans la pièce, quelque part.

L'idée qu'il est peut être ici, dans cette salle me rend folle. Des larmes de stress continuent d'envahir mes yeux.

Mais où es-tu Jonathan ? Comment vais-je te retrouver ?

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant