Chapitre 32

333 55 5
                                    

"- En réalité... Je suis totalement perdue."

Je repose rapidement ma tasse, mes mains tremblant si fort qu'elles menacent de renverser le liquide brulant. Je sais que ce n'est pas un crise de stress ou de panique, c'est ma maladie qui lance un nouvel assaut contre mon corps épuisé. 

Alors que je cache mes mains derrière le bar pour que le gentil barman ne remarque rien, il reprend la parole en fixant les larmes dévalant mes joues. 

"- Qu'aurais-tu fais si tu ne t'étais pas arrête devant le café tout à l'heure ? Commence-t-il.

- Et bien... Je... Je serais allée à l'hôpital. Rétorqué-je en tentant de contrôler les spasmes de mon corps.  

- À l'hôpital ?! Mais pourquoi ? 

- Je suis atteinte d'une maladie d'un stade plutôt avancé."

Je tente de cacher la douleur qui m'envahit, alors que mes mains ne me répondent presque plus. Il se redresse d'un coup sec le regard emplit de panique. 

"- Tu as peur d'être malade ? 

- Non c'est plus profond que ça, je ne peux pas t'expliquer, dis-je presque froidement.

- Alors je t'emmène à l'hôpital ! Dit-il avec volonté. 

- Quoi ? Non mais attend ce n-"

Il me coupe la parole en sortant de son poste et en m'attrapant fermement le bras pour m'entraîner à sa suite. Il enfile une écharpe dans la foulée, sans me laisser aucun choix.

La douleur lacère mon corps, m'empêchant de rétorquer ou d'essayer de fuir cet hôpital plus longtemps. 

Le sac d'argent toujours sur une épaule, le bras fermement tenue par l'homme, je me fait extirper du café pour me retrouver à nouveau sous la neige battante. Un client semble vouloir pousser la porte, mais le barman lui crie des indications sans même se retourner, pour ne pas perdre le rythme. 

"- Nous sommes exceptionnellement fermés ce matin ! Revenez plus tard !"

Le client nous regarde, incrédule, prendre la fuite au milieu de la route. J'ai juste le temps de lui adresser un regard de détresse, avant de me refaire tirer avec violence. 

Ma respiration commence à être de moins en moins stable et je ne désire qu'une chose, c'est de ralentir le rythme. Malgré cela, mon "sauveur indésirable" ne semble pas de cet avis.   Heureusement, il s'arrête au niveau d'une voiture, dans un état qui ne passerai probablement pas un contrôle, pour la déverrouiller avant de me balancer sur le siège passager. 

Je grimace de douleur, essayant de me rasseoir correctement. 

Franchement on repassera pour la délicatesse.

Il fait le tour de la voiture pour prendre le volant et réveiller la  voiture douteuse, dans un ronronnement lent et fatigué. 

J'attache ma ceinture en restant muette, résignée sur mon destin du moment. Seulement occupée à supporter les douleurs que m'inflige mon corps à chaque instant.

Nous nous élançons prudemment sur les routes enneigées, le trajet est plutôt silencieux, malgré qu'il place de temps en temps quelques mots. 

Je suis enfoncée dans mon siège, regardant par la fenêtre le paysage défiler. Mes souffrances se calment doucement et je peux respirer correctement à nouveau.  Lorsque je vois L'hôpital se dresser au bout de la route, je déglutis, le destin me regardant droit dans les yeux. 

"- Tout va bien ? Me demande le barbu, finalement aussi angoissé que moi. 

- Je crois. "

Je fixe ce drôle de personnage pendant quelques instants. Il m'étonne vraiment, pourquoi m'aide-t-il ? Il n'a rien a y gagner, au contraire. Mais pour lui tout semble logique et parfaitement normal. Comme s'il ne se posait même pas la question.

Nous nous arrêtons en face de l'hôpital. 

Il me jette un regard sincère.

"- Je ne vais pas plus loin, je t'ai donné la volonté de venir jusque là, à toi de voir si tu es capable d'aller jusqu'au bout maintenant. Dit-il on ne peut plus sérieusement.

- Merci... Enfin je crois. Mais pourquoi fais-tu ça ? "

Il hausse les épaules avec un sourire presque enfantin. 

"- Je ne sais pas." 

je le regarde quelques secondes, blasée. Effectivement, il ne s'est même pas posé la question. 

J'ouvre la portière, tout en jetant un dernier regard derrière moi. 

"- Merci, dis-je simplement."

Nous échangeons un regarde plein de reconnaissance et de respect. Je sors de la voiture et avant de la fermer la porte, je le vois se pencher vers moi en souriant. 

"- On a qu'a dire que je suis ton ange gardien, repasse me voir si ça va mieux et que tu es toujours dans le coin. " 

Je me contente d'hocher la tête en souriant, avant de claquer la portière derrière moi. Je fais volte face pour me retrouver devant l'hôpital, tandis que la voiture disparaît dans un bruit assourdissant dans mon dos.

Je remets correctement le sac sur mon épaule, avant de commencer à monter les marches menant à l'entrée principale, avec une lenteur et une concentration plutôt incroyable. 

Je fixe mon téléphone. Il n'est pas encore huit heure. Vers midi passé, Jonathan décollera pour toujours, je sais que l'étau se resserre autour de moi. 

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant