Chapitre 11

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"- Raconte moi. "

Il sourit, ses yeux fixant le vide. Il semble ressasser ses souvenirs, cherchant par où commencer.

"- Je suis né dans une banlieue de Paris, j'ai vite commencé les petits délits, avec une bande d'amis.
Évidemment nos frasques étaient de plus en plus grandes, et un jour nous nous sommes mis en tête de voler un petit musée. Tout à mal tourné et je me suis fait prendre avec un autre, tandis que le reste de la bande avait eu le temps de filer. Par un mauvais hasard, Il y avait eu un meurtre sur les lieux....

- C'était vous ?

- Non. Mais le meurtier a dû profiter de notre tentative de vol pour nous faire porter le chapeau. J'ai été condamné à tord. Je devais être enmené avec d'autres prisonniers au nouveau pénitencier qui a été construit dans les montagnes reculées après Nantilly. Nous voyagions dans un gros camion et le voyage a duré des jours. Finalement, nous avons fait une halte dans cette ville. J'ai réussi a m'échapper à ce moment là avec un autre prisonnier.

- Qui était-ce ?

- C'était Thomas Oule. Renommé Toule.

- Sérieusement ? Toule devait être emmené au pénitencier ?

- Oui... Me dit-il en souriant, nous sommes devenus amis et nous avons décidé de rester dans cette ville un certain temps, pour nous faire oublier. Toule s'est fait une place en devenant l'un des rois du marché noir, il bougeait pas mal mais restait la plupart du temps à Nantilly. Je me suis mis à son service et j'ai recommencé à voler."

Il reste silencieux quelques instants tandis que j'essaye d'imaginer l'histoire que vient de me raconter Jonathan.

"- Toule ne m'a jamais parlé de toi."

Je sers mes bras en dessous de ma poitrine, le froid commençant à mordre ma peau. Je ne me plainds pas, voulant profiter encore de ce moment hors du temps.
De petits flocons nous encerclent, se déposant dans mes longs cils maquillés et dans la barbe de Jonathan. Il jette une oeil intrigué vers moi, sans un mot.

"- Tu as froid ? Je pense qu'il faut rentrer.

- L'alcool commence à me faire tourner la tête, dis-je en me massant le crâne, je vais retourner chez moi.

- Je t'accompagne ?"

Surprise je me tourne vers lui.

"-Vraiment ?"

Il me présente son bras dans une habitude digne d'un gentleman, ne pouvant refuser, j'y pose ma petite main.

Nous quittons élégamment la soirée, nous faufilant parmis les invités.

Ma tête tourne légèrement, ma vue est moins nette, mais je maîtrise encore assez bien mon corps.

Tenant toujours le bras du voleur, nous passons devant le vigile, et commençons à descendre l'imposant escalier.

Nous nous arrêtons devant le voiturier, qui semble me reconnaître.

"- Vous avez une voiture ?

- Oui, dis-je avec un sourire charmant, c'est la 29. J'espère que vous vous souvenez de moi... J'aimerais aller chercher moi-même ma voiture. Vous n'y voyez pas d'inconvénient ?

- Absolument pas ! Tenez, vous nous avez beaucoup aidé tout à l'heure, encore merci, je vous souhaite un agréable fin de soirée. "

J'attrape la clé avec des manières simples et élégantes, le remerciant avec un sourire. Jonathan observe la scène en silence, un discret sourire dessiné sur son visage.

Nous nous dirigeons vers le parking et je lui lance les clés quand nous arrivons au niveau de la voiture. Il les attrape aisement avec une main, me questionnant du regard.

"- Démarre la voiture, j'ai caché mon sac tout près."

Il acquiesce du menton sans un mot, ouvrant la portière de la Jeep noire.

Je récupère mes affaires et ne tarde pas à monter à mon tour dans la voiture, cherchant un peu de chaleur.

Jonathan démarre, fixant la route avec attention.

"- Tu es stréssée ? Me demande-t-il.

- je ne prends jamais la voiture, à part pour l'amener jusqu'au parking en tant que voiturier.

- ça te fait peur ?

- Mon père est mort dans un accident de voiture.

- Pardonne moi.

- Ce nest rien, le rassuré-je, tu ne pouvais pas deviner.

- Nous pouvons vendre la Jeep à Toule, elle nous rapportera sûrement pas mal d'argent.

- Alors nous faisons équipe ?

- Qu'en penses-tu ?"

Je souris.

J'ai toujours travaillé en solitaire. Cependant, être avec Jonathan me confère un certain sentiment de sécurité, dont je commence à prendre goût.

"- Ça me va, dis-je en souriant."

Je regarde le paysage défiler à travers les vitres tintées, le givre les recouvrant légèrement dans de beaux dessins glacés. Je guide Jonathan sur le chemin, tandis qu'il fixe la route avec concentration.

"- Quel âge as-tu ? Demandé-je doucement en continuant de fixer le paysage.

- Pourquoi cette question ?

- Je ne sais pas, pour savoir.

- J'ai vingt-et-un ans.

- J'imagine que tu connais mon âge, si tu m'as étudié."

Il sourit tout en acquiesçant du menton.

Nous avons près de trois ans de différence, quand je le regarde, ça ne me choque pas. Mais en y repensant je trouve que l'écart est quand même grand. Je ne peux m'empêcher de peser le pour et le contre dans mon esprit.

Mais pourquoi je pense à de telles choses ?

Je ferme les yeux, agacée par mes propres pensées.

Le ronronnement doux et enveloppant de la voiture s'arrête. J'ouvre les yeux, comprenant que nous sommes devant chez moi.

"- Merci de m'avoir déposée.

- Demain c'est le jour où Toule est au bar. On se voit là-bas, équipière ?

- équipière ? Relevé-je en rigolant."

Il se contente de sourire, attendant ma réponse. J'ouvre ma portière et descends avec précaution.

Je lui jette un dernier regard avant de disparaître, observant une dernière fois son visage masculin, aux traits harmonieux et virils.

"- Très bien. Nous nous verrons au bar."

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant